On peut toujours attendre de la part de son homologue états-unien accrédité à Paris une clarté aussi lucide et une compréhension aussi profonde des enjeux véritables du monde. Orlov est un pro, pas une boîte aux lettres. Il est dommage que la question qui reste fondamentale sur le plan géopolitique mondial et européen de la dynamique de la relation clé germano-russe n’ait pas été évoquée. C’est là la grande finesse d’Orlov de s’être contenté d’un bref préambule, et d’avoir laissé la main aux questions de l’auditoire franco-français, pour lequel l’arbre allemand cache toujours la forêt russe, pendant plus d’une heure. On voit assez mal comment le succès pourrait échapper à un pays capable de produire des hommes de cette trempe, celle de l’ours pensant au gros coeur. Le parallèle dessiné entre la Pravda de l’ère soviétique et le Monde résume tout de la situation dans laquelle la France se trouve aujourd’hui, avec un état qui redistribue 60% de la richesse du pays. La reprise du thème de la maison commune résonne avec la mention faite du potentiel énorme de développement de la Sibérie. Ce dernier potentiel doit-il à terme être laissé aux chinois ? C’est la question bien sûr que les européens doivent se poser et en premier lieu la France, qui, on le déplore, a toujours bien eu du mal à penser l’autre finistère du continent eurasiatique, que les USA veulent étouffer par des accords économiques des océans atlantique et pacifique. La question ukrainienne étant celle de la suture, de la frontière entre le bras gauche et droit de l’encerclement mondial US. Si on ne veut pas l’unité du continent eurasiatique, avec sa colonne vertébrale du transsibérien, et du projet chinois de la route de la soie, il faudra y tracer une nouvelle frontière qui rejette la Russie définitivement en Asie. Sa reprise, pour caractériser les États-Unis, du terme "volonté de domination", est-elle l’écho d’un certain adjectif utilisé par le président Charles de Gaulle lors d’une célèbre conférence de presse, familier aux oreilles françaises ? Faut-il, dans ce contexte, évoquer l’IRRÉDENTISME MONDIAL de la politique extérieure US, qui est obstinée à faire payer les pays d’où sont issues les immigrations peuplant les USA, pour les avoir rejetées ? par l’agression militaire systématique ou l’extraterritorialité de sa juridiction ? Son modèle s’essouffle ; un autre paradigme s’installe. L’écrasante majorité des hommes est fatiguée de ses discours publicitaires. Le supermarché n’est pas un idéal...
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