L’Europe va rétrécir avec le départ du Royaume-Uni ; il faut stopper net l’hémorragie. La vision d’Angela Merkel pour construire l’Europe post-Brexit, c’est l’Europe à 27, pas la petite Europe. La chancelière allemande entend préserver l’Union européenne, la rapiécer, la rapetasser, revenir à la politique des petits pas. Renforcer ses capacités dans les domaines où ses manques sont criants, notamment la sécurité et la défense. Mais surtout pas se lancer dans l’aventure d’un changement de traité, encore moins refonder l’Europe du sol au plafond, ni même la recentrer sur une « petite » Europe, celle des États fondateurs (à six) ou même celle de l’euro (à 19).
L’important à ses yeux est de renforcer ce qui existe, avec pragmatisme et réalisme. Le décalage avec les propositions françaises, qu’elles émanent du camp hollandais au pouvoir ou des candidats à la primaire de la droite, ne pourrait guère être plus grand.
La chancelière allemande est à la manœuvre. Malgré ses multiples problèmes de politique intérieure, elle consacre son temps cette semaine à la préparation du sommet informel de Bratislava. Le 16 septembre dans la capitale slovaque, l’Europe à 27 doit préciser ce que sera son avenir sans la Grande-Bretagne. La rencontre d’Angela Merkel avec François Hollande et Matteo Renzi, lundi au large de Naples, ne fut qu’un apéritif en petit comité. D’ici samedi, elle doit rencontrer 13 autres dirigeants de l’Union. Un périple marathon hautement inhabituel pour la dirigeante allemande. Elle veut rassurer ses homologues d’Europe du Nord et d’Europe de l’Est, qui craignent d’être les laissés pour compte d’une relance de l’UE après le référendum britannique en faveur du Brexit. Le moteur franco-allemand n’existant (provisoirement ?) plus, faute de carburant côté français, pas question de donner l’impression qu’il est remplacé par un triumvirat franco-germano-italien.
« Nous voulons dire clairement que les 27 qui restent (après le départ du Royaume-Uni) œuvrent à une Europe prospère et sûre, a-t-elle déclaré sur le pont du porte-avions Garibaldi, où elle a rencontré Renzi et Hollande lundi. Nous avons besoin de résultats ». Rien de concret pourtant n’est sorti de la réunion, à part quelques vagues assurances sur la nécessité d’une Europe plus sûre, protégeant ses frontières, mieux défendue, en bonne santé économique. Hollande et Renzi n’ont pu être que déçus.
Angela Merkel ne peut pas s’appuyer sur le Français et l’Italien. Vu de Berlin, ce sont des planches pourries.
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