Sollicités par le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, des dignitaires religieux israéliens alimentent à leur tour le débat sur le nucléaire iranien. Leur discours fait froid dans le dos...
L’affaire remonte au 17 août, un vendredi soir, veille de sabbat. Alors que les rumeurs de l’imminence d’une frappe contre l’Iran ne s’étaient jamais faites aussi insistantes, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, dépêche l’un de ses proches collaborateurs au domicile du grand rabbin Ovadia Yossef, 91 ans.
Directeur du Conseil national de sécurité, Yaakov Amidror a pour mission de convaincre celui qui est considéré comme le chef spirituel du parti ultraorthodoxe Shass, d’obédience séfarade, de soutenir une intervention militaire contre la République islamique.
L’Iran, "nation diabolique"
Sa formation religieuse, représentée au sein du gouvernement israélien par Eli Yishai, ministre de l’Intérieur, s’oppose jusque-là au principe d’une attaque contre les installations nucléaires de Téhéran, jugée « trop risquée » sans le consentement des États-Unis. Or Yishai est aussi l’un des huit membres du cabinet de sécurité, l’instance supposée donner son feu vert à toute action préventive de l’armée. Son vote est potentiellement décisif.
Quelques jours plus tard, c’est le bouillonnant chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, qui tente d’obtenir les faveurs de Belzer Rebbe, illustre figure des hassidiques, principal courant du judaïsme ashkénaze ultraorthodoxe.
Rien ne filtrera des deux réunions, dont la première, révélée après coup par la presse israélienne, aboutira, le lendemain, à cette intrigante déclaration d’Ovadia Yossef devant ses fidèles : « Notre situation actuelle est profondément troublante, terrifiante. L’Iran, cette nation diabolique, souhaite notre destruction. Que nous l’attaquions ou non, nous devons implorer de tout notre coeur le Tout-Puissant. »
Une semaine plus tard, le chef religieux lance un nouveau message beaucoup plus explicite. « Lorsque nous appelons Dieu à amener la fin de nos ennemis, nous devrions penser à l’Iran, ces démons qui menacent Israël. Puisse Dieu les détruire », s’emporte Yossef, dont les diatribes anti-Arabes ont longtemps défrayé la chronique.
Discours messianiques
Cette connivence entre les sphères politique et religieuse n’est pas du goût de tout le monde, surtout quand elle semble engager la sécurité de l’État hébreu et de ses citoyens. « Je n’ai pas confiance dans une direction qui prend des décisions fondées sur des sentiments messianiques », s’était agacé Yuval Diskin en avril dernier.
À l’instar de cet ancien patron du Shin Bet - les services de contre-espionnage -, plusieurs ténors de l’appareil sécuritaire récusent l’alarmisme de Netanyahou et de son ministre de la Défense, Ehoud Barak, à propos de la « menace » nucléaire iranienne. Tous deux partisans de la manière forte pour l’éradiquer, ils sont accusés de vouloir précipiter le pays dans une guerre aux conséquences dévastatrices.
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