Le musulman tamoul auteur d’une attaque au couteau dans un supermarché le 3 septembre contestait en justice la révocation de son statut de réfugié, arguant qu’il risquait « d’être arrêté et torturé » si la Nouvelle-Zélande le renvoyait au Sri Lanka.
La Nouvelle-Zélande essayait depuis des années d’expulser le djihadiste sri-lankais responsable d’une attaque au couteau dans un supermarché le 3 septembre, a révélé le lendemain la Première ministre Jacinda Ardern, confiant sa « frustration » et sa volonté de faire évoluer la législation antiterroriste. Son statut de réfugié avait pourtant été révoqué, les autorités soupçonnant de fausses allégations de menaces pour sa vie au Sri Lanka. Un avis d’expulsion avait même été émis contre lui en avril 2019. Mais depuis, le processus légal traînait en longueur, ce musulman tamoul contestant en justice la révocation de son statut de réfugié, arguant qu’il risquait « d’être arrêté et torturé » si la Nouvelle-Zélande le renvoyait au Sri Lanka. Et les tentatives de le condamner en vertu de la loi antiterroriste avaient toutes échoué, a déroulé la Première ministre lors d’une conférence de presse.
Ahamed Aathil Mohamed Samsudeen, arrivé en Nouvelle-Zélande avec un visa d’étudiant en 2011, avait réussi à obtenir le statut de réfugié deux ans plus tard. Mais il avait attiré l’attention de la police en 2016 après avoir exprimé sur Facebook sa sympathie pour des attaques djihadistes. L’homme avait alors été surveillé pendant cinq ans et emprisonné pendant trois ans, après son arrestation à l’aéroport d’Auckland, la police le soupçonnant de s’apprêter à rejoindre la Syrie. Une fouille dans son logement avait permis la découverte d’un couteau de chasse et de « documents de propagande de l’État islamique », selon des documents judiciaires.
L’homme, considéré comme un « loup solitaire » planifiant une attaque au couteau, avait finalement été libéré en juillet. Il était depuis sous surveillance policière. « Toutes les possibilités de poursuivre sa détention avaient été épuisées », a déploré le chef du gouvernement Jacinda Ardern lors de sa conférence de presse, ajoutant que des changements de la législation antiterroriste devraient être approuvés par le Parlement avant la fin du mois.
Le Sri Lanka prêt à coopérer
Le 3 septembre, ce Sri Lankais de 32 ans a pris un couteau dans un supermarché d’Auckland et a attaqué sept personnes, dont trois ont été grièvement blessées, avant d’être abattu par les policiers. Selon le commissaire de police Andrew Coster, il n’y avait rien d’inhabituel dans le comportement de l’homme avant l’attaque et il semblait faire ses courses normalement. Il a ajouté que la police avait gardé ses distances parce que l’homme avait un « haut niveau de paranoïa » concernant sa surveillance, et qu’il avait fallu plus de deux minutes pour l’atteindre et l’abattre après qu’il avait commencé à poignarder frénétiquement les clients. « Nous n’avions aucune raison légale de le maintenir en détention. Le suivi de ses actions a été entièrement dépendant de la capacité des équipes de surveillance à maintenir leur couverture alors qu’elles l’observaient sur une longue période », a précisé Andrew Coster.
De son côté, le Sri Lanka a fait savoir qu’il était prêt à coopérer à l’enquête. « Le Sri Lanka condamne cette violence insensée et se tient prêt à coopérer avec les autorités néo-zélandaises de toutes les façons nécessaires », a assuré le 4 septembre le porte-parole du ministère sri lankais des Affaires étrangères, Kohularangan Ratnasingam, louant la rapidité de la réaction des policiers. Des sources policières sri lankaises ont confié que des enquêteurs avaient déjà interrogé le frère de l’assaillant, qui vit à Colombo. « Nous rassemblons des informations sur lui et toutes les personnes qui auraient pu être en contact avec lui », a expliqué une de ces sources, précisant qu’il n’y avait pas trace d’une visite récente au Sri Lanka de l’homme abattu en Nouvelle-Zélande.