Quelques jours avant la commémoration, vendredi [14 juillet 2017], de l’attentat de Nice, les juges ont présenté les avancées de l’enquête aux victimes constituées en parties civiles.
Il y a un an, le 14 juillet 2016, un camion fou déboulait à pleine vitesse sur la Promenade des Anglais, à Nice, faisant 86 morts et plus de 450 blessés. Emmanuel Macron et la France entière ont rendu hommage vendredi aux victimes de l’une des attaques terroristes les plus meurtrières et traumatisantes de l’histoire récente. L’un des dossiers les plus complexes que le parquet antiterroriste ait eu à gérer aussi.
Pour les attentats de Paris, les enquêteurs avaient rapidement pu obtenir des éléments sur un réseau terroriste qui préexistait. Dans le dossier niçois, ils sont partis de zéro pour comprendre le parcours et les motivations de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l’auteur de l’attaque. Le 27 juin puis lundi dernier, les juges ont présenté l’état de l’enquête aux victimes constituées en parties civiles, faisant apparaître des zones d’ombre.
L’attentat
Dès le lendemain de l’attaque, les images de vidéosurveillance ont été au cœur de l’attention médiatique. Les caméras de la ville ont filmé l’attentat sous tous les angles, les enquêteurs ne pouvant que constater avec précision la trajectoire meurtrière du camion, feux de circulation éteints et à près de 90 km/h, sur plus de deux kilomètres.
Après avoir percuté un grand nombre de victimes ainsi que d’importants obstacles (un arrêt de bus et une pergola entre autres), le véhicule a ralenti devant l’hôtel Negresco. C’est à ce moment précis qu’un homme en scooter est parvenu à s’accrocher au marchepied du camion et a tenté d’arrêter le chauffeur, en vain.
Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, toujours au volant, a ensuite tiré à plusieurs reprises avec un pistolet de calibre 7,65 mm. Des agents de la police nationale ont riposté dans un premier temps. C’est 300 mètres plus loin, face au Palais de la Méditerranée, que le camion et le tueur, criblés de balles, ont été immobilisés.
Le terroriste
Les enquêteurs se sont concentrés dans l’immédiat sur l’identité du tueur, l’origine du camion et de l’arme utilisée. La carte bancaire retrouvée sur lui et ses empreintes digitales permettent d’identifier Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans qui a épousé une Franco-Tunisienne en 2005. Père de trois enfants, il disposait d’une carte de résident. L’homme présente un profil troublant.
Au moment des faits, il était chauffeur-livreur, connu des services de police pour des faits de délinquance. Son casier judiciaire comportait ainsi cinq condamnations pour violences, vols et dégradations. En janvier 2016, il a percuté des voitures avec sa camionnette. S’en est suivie une altercation avec l’une des personnes : Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, furieux, lui a lancé une palette au visage. L’enquête a finalement conclu que le Tunisien s’était endormi au volant. La justice l’a condamné à six mois de prison avec sursis pour son comportement violent.
Décrit par divers témoins comme un mari violent, il était en instance de divorce et vivait hors du domicile conjugal. Les recherches sur sa personnalité révèlent qu’il menait une vie sexuelle très libre, multipliant les conquêtes masculines comme féminines. Il buvait de l’alcool et consommait des drogues. L’homme, qui n’était pas fiché S, était hors des radars du renseignement français : il ne semblait en contact avec aucun réseau terroriste, ni avec des personnes pratiquant un islam radical.