Dans un article du 25 février [1], Le Figaro nous fait part de son immense indignation : des associations s’appuieraient sur l’Internet pour mettre en place des plateformes d’information, d’écoute et d’échange au sujet de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
L’article seconde en réalité une « enquête » réalisée par l’AFP [2]. Ce qui révolte notre presse humaniste dans cette affaire, c’est que ces sites Internet auraient visiblement pour vocation d’apporter un certain support aux jeunes filles surprises par une grossesse non-voulue les plongeant dans le doute et l’isolement. Quelle horreur ! Ces sites ne soutiennent-ils donc pas comme une issue évidente l’abattage de fœtus, voie royale pour le retour à la case shopping et boîtes de nuit ? Non ! Le Figaro nous signale qu’on y entendrait des choses monstrueuses telles que : « Il faut neuf mois pour faire un enfant, mais aussi neuf mois pour faire une maman » ou encore « ce bébé peut vous apporter un élan de motivation profonde pour construire une belle vie ».
Des remarques si nauséabondes ne peuvent qu’être le fruit d’esprits illuminés, cherchant par ces plateformes à rependre leur propagande liberticide. Ainsi, Le Figaro dénonce une « stratégie insidieuse » de manipulation via « un message martelé l’air de rien » dissimulé dans des supports « ressemblant à des sites officiels ». Derrière, on retrouve des fanatiques « catholiques », qui sont, cela est bien connu, toujours prêts à travailler dans l’ombre aux malheurs du monde !
Le « Fig-Dassault » conclut en dénonçant, sans rire, le manque d’objectivité de ces sites, tout en donnant le beau rôle à la ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem. À l’instar de sa consœur Cécile Duflot, très digne de sa fonction ministérielle lorsqu’elle défile dans des manifestations pro-mariage gay malgré l’interdiction du chef du gouvernement [3], Madame Belkacem se met littéralement à délirer en appelant les associations pro-IVG à lancer une « contre-offensive » et en promettant la création d’un site gouvernemental d’ « information ».
L’ « objectivité » de ce futur site ne fera assurément aucun doute, dans la droite ligne de l’irréprochable probité des interventions de la ministre dans les collèges au sujet du « mariage pour tous » [4]. Mais c’est une tradition, en matière de « progrès » sociétaux : les pouvoirs publics et les associations qu’ils subventionnent ont toujours su animer un débat ouvert, comme quand Luc Chatel avait limogé un prof « anti-IVG » [5] ou lors de la délicate campagne de 2010 : « L’homosexualité, ça te pose un problème ? » [6].