Suite de la partie 1 :
Ici, il convient de noter que ces deux derniers présupposés semblent revêtir une importance toute particulière sous l’angle des capacités d’un collectif humain à se perpétuer au travers des âges selon ce qui le caractérise en propre. On en prendra pour preuve éclatante la permanence de l’identité juive et l’existence même du peuple juif en tant que tel, malgré les aléas incommensurables que l’histoire a placés sur sa route au cours des 2500 ans écoulés.
A cet égard, il n’est pas inutile de s’attarder quelques instants sur le constat suivant dont il pourrait s’avérer profitable de tirer certaines conclusions dans la perspective qui nous occupe présentement :
- Alors que les analystes sérieux ont parfaitement mis en évidence l’influence déterminante de la pensée vétéro-testamentaire (Protestantisme et Judaïsme) (1) dans le double avènement du système économique d’exploitation capitaliste et de son versant idéologique de justification qu’est le Libéralisme,
- alors que la logique même du Libéralisme comme projet global (on pourrait dire comme religion inversée) conduit inéluctablement à la disparition des cadres de vie, des structures sociales et des modes de pensée traditionnels au profit de l’individualisme égoïste et du chacun pour soi (fonctionnement en monades), mais aussi et surtout
- alors que cette logique induit la destruction systématique du fait religieux (2) comme condition indispensable au triomphe du projet de domination visant à mettre en coupe réglée l’ensemble de l’humanité et des ressources de la planète au seul profit d’une élite autoproclamée ou d’un peuple élu,
- on se doit de constater que le processus de sape des bases de la société traditionnelle ayant parfaitement atteint son but en Occident, il semble pourtant avoir miraculeusement épargné la communauté judéo-talmudo-sioniste qui, outre le fait remarquable d’avoir réussi à se perpétuer en tant que communauté de foi et de culture et à se préserver dans sa pureté identitaire au fil des siècles (3), a également réussi le tour de force de se doter d’un Etat, d’une terre - Israël – en conformité avec le projet et la vision racialo-confessionnelle du sionisme.
Dans ces conditions, comment expliquer que ce qui affaiblit les uns épargne les autres et pourquoi la maladie qui ronge du dedans et du dehors nos sociétés semble-t-elle se tenir éloignée du « peuple d’Israël » et, au contraire, lui procurer plus de force et de puissance que jamais ?
La réponse à cette question relève d’une magnifique chutzpah de dimension cosmique dont Alain de Benoist nous a récemment dévoilé la cause, de façon incidente, sur les ondes de Radio Courtoisie dans une émission du 23 mai 2012 (4). Ainsi, à propos de Jacques Attali, l’un des meilleurs représentants de l’oligarchie mondialiste, chantre du nomadisme et apologiste des merveilles de la famille éclatée/recomposée, il nous indique que, cela va de soi, ce dernier se tient rigoureusement éloigné de ces pratiques et mène une vie familiale des plus traditionnelles. Se pourrait-il alors que s’applique ici une certaine double morale : « Faites ce que je dis, mais ne faites surtout pas ce que je fais » ? Poser la question c’est y répondre.
Ainsi, les serviteurs les plus zélés de la cause mondialiste, du « progrès » et de la modernité au service de la destruction des nations et des communautés enracinées, disposent eux bel et bien d’une base de repli communautaire que, depuis toujours, ils ont veillé à préserver comme leur bien collectif le plus précieux et dont ils ont su, à l’occasion, faire un dispositif d’attaque, de conquête et même de domination (5). Il va de soi que s’’ils avaient eux-mêmes souscrits au contenu de leurs propos, ils auraient sans aucun doute fini par en faire également les frais. Toutefois, pour l’essentiel, ils ont su judicieusement s’en préserver. Comment ne pas voir que cela leur confère un avantage déterminant sur les terrains idéologique, économique et politique face aux individus isolés, sans repères, sans structures, sans attaches, sans réseaux de solidarité, etc., que nous sommes désormais.
S’il convient assurément de s’émouvoir d’un tel constat qui n’est donc en aucun cas le résultat d’une catastrophe naturelle mais bel et bien celui d’une volonté et d’un projet, il ne serait ni judicieux, ni approprié de se contenter de le dénoncer comme fruit d’une injustice, d’une manipulation ou d’une trahison. Cela ne ferait que traduire notre manque de compréhension de la nature profonde des processus et des finalités à l’œuvre à travers ces développements historiques et témoignerait finalement de notre impuissance à pouvoir même sérieusement nous y opposer.
Et en effet, si David est ainsi en mesure de vaincre Goliath au terme d’un long processus historique, ce n’est pas seulement parce que sa pierre a touché le front de son adversaire mais c’est surtout parce qu’elle y a fait pénétrer une nouvelle conception du monde, foncièrement étrangère à sa propre anthropologie (6), qui a rendu celui-ci amorphe, inoffensif et impuissant, car incapable de percevoir clairement la nature et les enjeux profonds des évènements de son temps, le privant par là-même de toute capacité d’action, tant aux plans individuel que collectif, ce qui explique en définitive la facilité déconcertante avec laquelle ce projet de domination par le contrôle des esprits et des âmes s’est accompli (7).
Soumis de la sorte aux principes et catégories de l’Adversaire, peuples et nations d’Occident sont désormais devenus les complices volontaires ou simplement naïfs et passifs du projet visant à instaurer les conditions de leur mise en esclavage dans le cadre du plan général au terme duquel le gouvernement mondial des élites fera enfin régner la paix sur Terre. Amen !
Dans le combat sans merci que nous livre l’Adversaire pour contrôler et soumettre nos corps, nos esprits et nos âmes, conformément à son projet de domination total, notre destin d’hilotes est donc tout tracé. Dans ce « meilleur des mondes » qu’on nous prépare, il n’est pas prévu pour nous de place à la table des réjouissances.
Hormis l’acceptation de cet avenir radieux par un abandon total dans le doux sommeil de l’ignorance, du déni de réalité ou par évasion dans l’univers du virtuel, un seul choix s’offre à nous ; celui de la résistance et du combat. Toutefois, si elle ne se donne pas les moyens de ses buts, cette option risque de n’être en définitive qu’une posture esthétique ou morale vouée à l’échec, une forme romantique de suicide politique et spirituel, parfaitement indolore et sans danger pour le Système.
A ceux qui choisiront de s’engager dans cette voie, il est donc fait obligation de travailler à la mise en place des conditions du succès dans le cadre de cette guerre de 5ème génération remarquablement théorisée par les auteurs du livre du même nom, le périmètre du succès en question allant du simple fait de pouvoir continuer à vivre selon nos propres catégories et valeurs, éventuellement à prospérer et à croître en nombre et en réalisations et peut-être même, si le cours des évènements historiques y est favorable, à se constituer en recours total ou partiel voire en modèle pour l’édification d’un mode supérieur du « vivre ensemble ».
Pour toucher vraiment au but, le travail dont il est question devrait s’exercer simultanément sur deux plans complémentaires et indissociablement liés l’un à l’autre ; le plan spirituel et le plan matériel, le premier conditionnant le deuxième, tant dans la sphère personnelle que dans la sphère collective.
Pour l’essentiel, il s’agit de se doter des armes permettant d’affronter l’Adversaire sur tous les terrains d’opposition, c’est-à-dire également et surtout là où s’exerce son influence prépondérante, à savoir en nous-mêmes. Il conviendra donc d’être capable de reconnaître les diverses formes et manifestations de sa présence en nous et à travers nous et d’apprendre à la combattre, à la soumettre et à s’en libérer, faute de quoi nous lui donnerions la possibilité de rentrer par la fenêtre alors que nous l’aurions chassé par la porte, et de se réinstaller au cœur-même de nos réalisations communes où il serait bien vite en position de reprendre la main et de nous imposer sa volonté, le plus souvent à notre insu.
Dans le christianisme, ce processus de « désaliénation » ou de « libération » qui conduit à l’unité de l’être conscient dans tous les aspects de lui-même ainsi qu’avec tout ce qui l’entoure, est nommé « chemin de la libération intérieure par la connaissance de soi et par la mise en ordre ». Il renvoit aux notions de « petite » et de « grande » guerres que l’on retrouvent dans différentes traditions. Parmi les grands penseurs de la dissidence, elles ont trouvé un écho, par exemple, chez ces visionnaires géniaux que furent H. Guénon ou J. Evola (8) qui, en leur temps, ont cherché à nous introduire dans la compréhension de ces aspects.
Ainsi, la « petite guerre » est celle que l’on mène sur le plan extérieur – combats idéologiques, politiques, etc - pour transformer le monde en conformité avec nos conceptions et représentations. La « grande guerre », par contre est celle que l’on livre à soi-même : « c’est la lutte de l’homme contre les ennemis qu’il porte en lui-même, c’est-à-dire contre les éléments qui, en lui, sont contraires à l’ordre et à l’unité » (H. Guénon).
L’ennemi est le même dans les 2 cas, seul le champ de bataille diffère : on lutte toujours contre l’erreur, l’illusion, le mensonge et leurs corollaires que sont le pouvoir et l’exaltation de l’ego sous toutes ses formes, autrement dit contre ce que nommons ici l’Adversaire.
Si la Tradition considère que la lutte pour l’ennoblissement et l’élévation de l’homme aux valeurs éthiques et spirituelles supérieures doit être nommée « grande guerre », c’est que cette dernière est bel et bien le lieu déterminant du combat et parce que, sans avancée sur ce terrain, aucun succès véritable ne peut être enregistré sur le champ de bataille de la « petite guerre ».
Pour sa part, Giono ne nous dit pas autre chose. Ainsi, dans « Que ma joie demeure », il fait dire à Bobby, le personnage central de son roman : « … il faut changer aussi la semence de nous-mêmes … » et pour bien enfoncer le clou, il fait de lui un acrobate, un virtuose du retournement, exprimant par ce symbole en quoi consiste, en dernière instance, tout processus de rupture véritable avec le Système, processus qui trouve au sein de la BAD le cadre le plus approprié à sa réalisation.
Ainsi, là où l’Adversaire promeut le « prendre et voler » il sera question de « donner, recevoir et rendre », là où il vante la rapacité et la concurrence, il faudra parler le langage de la « solidarité et de la fraternité bien comprise », là où il exalte la fatuité, l’égoïsme, la propriété individuelle et le chacun pour soi, il faudra mettre en avant la modestie et la coopération au service du plus grand nombre et du bien commun, etc. Tout un programme ! A suivre…
(1) A ce propos on s’intéressera utilement aux écrits de Max Webber et surtout de Werner Sombart
(2) En premier lieu, la disparition du fait religieux authentiquement chrétien en tant qu’il constitue un socle de valeurs ontologiquement incompatibles avec « l’ordre marchand », en même temps qu’un ciment spirituel façonnant les hommes dans la conscience de l’unité c’est-à-dire de la communauté qui rend fort et protège. A cet égard le projet de destruction vise à coup sûr tous les autres messages religieux d’inspiration véritablement divine et donc également l’islam tel que l’enseigne, par exemple, un grand serviteur de Dieu comme Sheikh Imran Hosein. De ce point de vue, il s’oppose sans aucun doute aussi à une certaine tradition du judaïsme comme authentique volonté d’allégeance à Dieu et chemin spirituel pour se rapprocher de Lui.
(3) Au prix, il est vrai, de multiples souffrances et sacrifices, d’un véritable courage et d’une obstination sans faille. Concernant les détails et épisodes ayant jalonnés cette histoire sous l’angle de la problématique tradition/modernité, se reporter au livre de Bernard Lazare « L’antisémitisme, son histoire et ses causes »
(4) http://www.alaindebenoist.com/pages...
(5) A ceux qui auraient tendance à croire que ces méthodes sont seulement pratiquées depuis quelques dizaines d’années, voilà ce qu’on peut lire, sous la plume d’Israël Shamir, dans un article publié récemment sur le site d’E&R sous le titre « La double affaire Dreyfus » : « Read écrit : En 1879 un gouvernement dont six sur dix membres étaient protestants [...] fit voter des lois qui interdisaient au clergé catholique d’enseigner, tant dans des écoles privées que dans le public, alors que les enfants juifs et protestants continuaient à recevoir une instruction confessionnelle… »
(6) Le déclin de la belote au profit du jeu de poker illustre parfaitement ce retournement. La belote, jeu populaire et convivial par excellence (voir la cultissime partie de cartes dans le Marius de Pagnol), pratiquée de préférence par équipe, au milieu des rires, des éclats de voix et des odeurs de cigarette ou de saucisson, en terrasse ou dans les arrières salles de bistro des villages de France est une pratique sociale qui reflète parfaitement la mentalité et les valeurs des petites gens de notre pays. Autour d’un ballon de rouge ou d’une anisette, on se rassemble entre copains, dans une ambiance bon enfant. On refait le monde en tricot de corps et la casquette vissée sur la tête, on se moque des puissants, on organise la prochaine partie de pêche en famille, on se raconte le baptême ou la communion des gamins, on se plaint de la sécheresse ou de la pluie qui contrarie les moissons, on s’engueule pour des broutilles avant de vite se réconcilier dans la bonne humeur générale. Ici, on joue pour le plaisir d’être ensemble, pas pour le prestige ni pour l’argent ; celui qui perd paye sa tournée. Belote et re… Rien à voir avec le poker, ce jeu qui exalte/exhale l’esprit prédateur, la violence et le mensonge. Jamais les nouvelles chaînes du câble n’ont retransmis un tournoi de belote commenté par P. Bruel à la télévision. Pour jouer au poker, il faut être introduit, initié. Les salles de poker sont des lieux froids (salles de casino ou tripots mal famés). On y porte le smoking ou la tenue des caïds de banlieue. Ici, pas de jeu d’équipe, c’est chacun pour soi. La seule loi qui compte c’est le gain et pas question de ne pas régler ses dettes. Vaincre ou être vaincu, telle est la loi !
(7) Il est incontestable que des individus ou des collectivités humaines imprégnés de common decency, pratiquant donc des relations en vis-à-vis, courtoises, ouvertes et directes, sont particulièrement démunis et vulnérables, et donc en position de grande faiblesse, face à ce type d’agressions souterraines relayées par des individus issus en partie de ses propres rangs, œuvrant de manière occulte et perfide, au service d’intérêts cachés, par le truchement de méthodes obliques, comme la 5ème colonne d’une armée de l’ombre. Seule la manifestation d’une autorité spirituelle forte, clairvoyante et légitime aurait pu préserver nos sociétés et nos peuples de cette dérive en nous dotant de ces armes supérieures de l’Esprit que sont la clairvoyance, la force de décision, le sens du juste et du vrai. Mais dans ce domaine également l’échec est patent qui résulte soit d’un manque de courage, de force ou de perspicacité des instances sensées jouer ce rôle, soit plus sûrement, de leur tendance à la compromission, à la bassesse morale et à la lâcheté.
(8) René Guénon « Le symbolisme de la croix » reprit par Julius Evola dans « Révolte contre le monde moderne »
Les ouvrages en question dans cet article, disponibles sur Kontre Kuture :