Suite de la partie 2 :
Ainsi, pour qu’elles soient effectivement autonomes et vraiment durables en tant qu’alternatives authentiques (1) (et donc radicales) au Système, nos BAD devront elles-mêmes disposer de fondements extrêmement stables et pérennes. Pareillement à la maison d’un certain petit cochon capable de résister aux vents et aux tempêtes, elles devront pouvoir faire face aux attaques du dehors et surtout du dedans.
En effet, si les obstacles et difficultés matériels ne manqueront pas d’advenir et de compliquer singulièrement la tâche des pionniers (ces aspects seront traités plus loin), ce sont surtout les problèmes internes, inter-humains, qui constitueront à coup sûr le danger principal, mortel, qu’il conviendra de surmonter, surtout dans les premières phases d’édification et de stabilisation.
A l’image des phalanges spartiates ou des légions romaines constituant un seul bloc dense, compact, insécable face aux coups de boutoir de leurs adversaires, nos communautés ne devront en aucun cas prêter le flanc à la division. C’est pourquoi elles devront avoir toujours la recherche de l’unité comme objectif premier et sacré.
L’unité dont il est question ici ne s’apparente nullement à l’unanimisme de façade, à l’uniformité, à la réduction des contradictions et des différences par la contrainte ou l’autocensure. Elle consiste bien au contraire dans la capacité supérieure à dépasser par le haut, de manière dialectique, les problèmes rencontrés, au nom de l’intérêt collectif bien compris, ceci consistant dans l’art d’unir de façon harmonieuse (2) l’Un et le Multiple (le Bien commun et les apports personnels de chacun à celui-ci) par le procédé de l’élargissement de la conscience spirituelle qui abolit la « pensée de séparation », pensée de séparation au moyen de laquelle l’Adversaire s’infiltre dans notre monde de sensations et de pensées et commande finalement à nos actes et à nos sens.
Pour l’ensemble des traditions d’inspiration divine, la « pensée de séparation » est à l’origine de la « Chute » c’est-à-dire du « Mal ». C’est pourquoi, par exemple, les deux grandes religions monothéistes à caractère universel n’ont cessé de nous mettre en garde contre ses dangers et de nous exhorter à l’unité pour s’en préserver.
Ainsi dans le Coran : "Et cramponnez-vous tous ensemble au "Habl" (câble) d’Allah et ne soyez pas divisés." (Le Coran, 3:103).
Et dans le Nouveau Testament : « Le Christ est-il divisé ? » (1 Cor. 1,13) et aussi « Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain. » (1 Cor. 1,17) « Car nous sommes membres de Son corps, de Sa chair et de Ses os. » (Éphésiens 5,30) et encore « Car comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous qui sommes plusieurs sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l’un de l’autre. » (Romains 12, 4-5) et toujours « Mais maintenant, Dieu a placé les membres – chacun d’eux – dans le corps comme Il l’a voulu… Or vous êtes dans le corps du Christ, et ses membres chacun en particulier. » (1 Cor. 12,12-14 & 26-27) « Or je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à parler tous un même langage et à ce qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous, mais que vous soyez parfaitement unis dans un même sentiment et dans un même avis. » ( 1 Cor. 1,10) et enfin « …là où deux ou trois sont rassemblés en mon Nom (c’est-à-dire dans l’unité de la vie du « Je Suis »), je suis là au milieu d’eux. (3) »
Si ces paroles sont aussi fortes et leur compréhension à ce point essentielle à la réussite de tout projet authentiquement alternatif, c’est que la séparation constitue depuis toujours le moyen idoine par lequel l’Adversaire est en mesure de couper l’homme de son Créateur (4) (et de son prochain, ce qui du point de vue chrétien est la même chose) en lui imposant ses catégories et ses représentations dans le but de parvenir à ses fins, à savoir l’instauration d’un nouvel ordre du vivant (du vivant dégénéré et zombifié, c’est-à-dire sans âme) (5) qui lui soit propre, une nouvelle « création » purement matérielle conçue pour satisfaire à son projet de domination (6), à savoir « vouloir être comme Dieu. »
En séparant et en isolant l’homme de lui-même (de sa véritable nature d’enfant de Dieu), de son prochain et de son enracinement social et culturel autant que de son environnement écologique naturel, l’Adversaire introduit de la dysfonctionnalité et de la dysharmonie dans l’organisation du vivant. Ce faisant, il en affaiblit chacun des rouages (comme on affaiblit les capacités opérationnelles d’une armée en perturbant sa cohésion interne) créant ainsi les conditions de leur mise sous tutelle et de leur appropriation à son profit conformément au principe satanique « sépare, lie et domine » (7).
C’est ainsi qu’au gré des aléas de l’histoire humaine, le principe de séparation a fait souche au cœur même des dispositifs et systèmes d’organisation et de représentation forgés par l’homme pour appréhender le monde matériel et tenter d’en obtenir la maîtrise au moins partielle.
Depuis la fin du Moyen-Age, l’influence spirituelle de ce principe désorganisationnnel s’est considérablement accrue par la mise en place des conditions de sa domination tant aux plans politique, économique, technologique qu’idéologique par l’avènement du capitalisme/libéralisme. Aujourd’hui, au presque terme de ce processus, ce qui restait caché au plus grand nombre et n’était accessible qu’à la conscience spirituelle éveillée de quelques sages et illuminés (8), se révèle dans toute sa vérité et son ampleur à ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Ainsi, par exemple, en reliant intellectuellement Jovanovic, Soral et Sheikh Imran Hosein on dessine les contours précis du projet de domination et d’aliénation à l’œuvre dans le monde, on en comprend les tenants et aboutissants et on est en mesure d’en identifier les protagonistes. Dès lors, il devient possible de poser correctement, dans tous ses enjeux et toutes ses dimensions, la question de notre devenir et donc celle de la BAD, comme alternative et moyen de résistance privilégié au projet de l’Adversaire, tel qu’il se manifeste dans le monde à notre époque sous les traits de l’oligarchie mondialiste et de ses serviteurs.
Ainsi, en tous lieux où le pouvoir et l’autorité de l’homme se déploient sans conscience, l’Adversaire est susceptible d’agir à sa guise et d’imposer son principe. Et d’ailleurs il ne s’en prive pas. Qu’il s’agisse du champ de la société, de celui de la famille ou de l’individu en ce qu’il a de plus intime ; partout se déroule le combat de l’ombre et de la lumière.
A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler que si une certaine vision frelatée de l’enseignement du Nazaréen a réduit celui-ci à l’état d’abominable guimauve inodore et sans saveur, à force de manipulations et de mensonges destinés à le priver de sa substance et de son pouvoir d’illumination – et pour mieux le diluer dans le brouet de l’idéologie dominante –, le véritable message christique est bel et bien un instrument de combat qui porte le fer au cœur même du dispositif de l’Adversaire en nous offrant les moyens de notre libération : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la Terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive… » (Math. 10, 34-39)
C’est pourquoi la BAD ne devrait pas être envisagée seulement sous l’angle d’une expérience exaltante de mise en commun et de partage de bonnes volonté et de moyens matériels au service d’un projet collectif, aussi intéressant soit-il, mais elle devrait aussi et surtout devenir un lieu d’apprentissage et de formation privilégié destiné à repousser l’influence que la pensée de séparation exerce en nous, à travers nous et autour de nous.
Par cette action de libération/désaliénation qui ne manquera pas de s’apparenter, dans un premier temps, à un processus de désintoxication mais qui, par la suite, se déploiera en une extraordinaire expérience de développement personnel qui libérera d’énormes et puissantes forces créatrices, à l’échelle individuelle comme à l’échelle collective, nous forgerons les moyens de notre succès.
Dans cette perspective, il convient d’examiner maintenant en quoi pourrait consister ce processus et comment il pourrait se traduire au plus près de notre vie.
A suivre…
(1) Il ne peut s’agir, selon nous, que de communautés inspirées et mues par un projet ontologiquement inverse à celui promu par les élites mondialistes et les forces politiques qui les servent. A cet égard, si l’exemple des kibboutzim israéliens recèle à coup sûr une mine d’expériences hautement intéressantes sur le plan de l’élaboration collective et pourrait sans aucun doute se révéler une source d’inspiration enrichissante sous l’angle du fonctionnement d’une communauté de vie autonome, leur intégration au projet sioniste et, en définitive, à ses buts, ne correspond pas selon nous aux critères éthiques de la BAD (Notre camarade Marion Sigaut pourrait utilement nous renseigner à ce propos. Voir son témoignage : http://www.egaliteetreconciliation.... Toutefois, chacun portera ici l’appréciation qui lui convient le mieux en accord avec sa propre définition de la BAD.
(2) L’électro-encéphalogramme de l’harmonie n’a rien d’une ligne droite ; Ce n’est nullement une mer d’huile par calme plat. L’harmonie résulte de la combinaison et de l’action multiforme de forces légitimes (c’est-à-dire agissant dans le respect et selon les lois de la vie) qu’elles soient d’origine naturelle (dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit, la nature produit toujours de l’harmonie, même si l’homme n’est pas systématiquement en mesure de l’apprécier comme telle à partir de ses propres limitations mentales) ou humaine (il y a de l’harmonie dans une cantate de Bach aussi bien que dans une symphonie de Beethoven). L’harmonie n’est jamais un état stable, elle est toujours en mouvement. L’harmonie génère chez l’homme le sentiment du beau, à condition que ses facultés de perception ne soient pas altérées et soumises aux catégories de l’Adversaire. Pour un croyant, le sentiment d’harmonie véritable est en quelque sorte un écho de l’action de Dieu au cœur du processus de la vie.
(3) D’où il découle à contrario que là où ne règne pas l’unité règne potentiellement la division, c’est-à-dire le Mal. Ce passage de Matthieu indique aussi très clairement que pour Jésus, le Christ, le chemin de la libération qu’il incarne tant physiquement que symboliquement ne trouve son expression que dans la communauté synonyme d’unité dans la diversité. Ainsi, contrairement au Bouddhisme et autres spiritualités orientales qui recèlent nombre de vérités et de sagesses, le christianisme se singularise par le fait que le chemin de libération qu’il propose ne passe que par la communauté à travers le prochain. Dans le christianisme il serait totalement antinomique de vouloir atteindre le paradis/nirvana exclusivement pour soi-même puisque le chemin de la libération et de l’accomplissement spirituel passe par le service désintéressé du prochain. C’est le sens de l’amour chrétien.
(4) Ou de la Loi de la vie, pour ceux que répugne encore l’idée de Dieu
(5) Dès 1931, « Le Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley décrit, de manière quasi prophétique, une Terre régie selon de tels principes.
(6) ll va de soi que la plupart des agents et serviteurs du Système (au titre desquels on citera par exemple certains docteurs Mabuse de la génétique ou de la physique des particules) sont parfaitement ignorants de ce projet dans toutes ses dimensions et dans tous ses aspects. Il n’en demeure pas moins que les capacités de conscience étant octroyés à tous les hommes à part égale, certains choisissent d’en faire usage et d’autres de s’assoir dessus. C’est ainsi que s’exprime le don de la liberté qui implique également le fait d’être jugé selon ses actes
(7) « L’Etat des démons, ses complices et ses victimes », révélation de l’Esprit du Christ. Disponible auprès des Editions Gabriele-Verlag – Das Wort.
(8) Voir « 777, la chute du Vatican et de Wall Street selon Saint Jean » de Pierre Jovanovic à propos du visionnaire Jean de Patmos. En vente sur Kontrekulture.
Les ouvrages en question dans cet article, disponibles sur Kontre Kulture :