Un blogueur américain a révélé qu’au moins deux clichés diffusés par la compagnie dans sa communication de crise ont été grossièrement retouchés à l’aide de Photoshop. L’entreprise a reconnu son erreur et présenté des excuses.
Les dirigeants de BP sont dans l’embarras. Pris la main dans la caisse à outils du logiciel de retouche Photoshop. Un blogueur américain, John Aravosis, a en effet révélé lundi soir qu’une photo de la cellule de surveillance des opérations sous-marines diffusée par BP a été truquée.
Sur ce cliché, les silhouettes des ingénieurs ont été grossièrement détourées pour que le contenu des trois écrans de contrôle situés juste devant eux soit remplacé. L’information a été rapidement confirmée lorsque BP a décidé, pour couper court aux rumeurs, de publier le cliché « original » sur son site. Tout en prenant bien soin de supprimer l’image polémique afin de ne laisser aucune trace durable de la photo trafiquée.
Le porte-parole de BP, Scott Dean, a par ailleurs reconnu la faute et expliqué au Washington Post qu’il n’y avait rien de malicieux dans cette manipulation. « Habituellement, nous n’utilisons Photoshop que pour corriger les couleurs ou recadrer l’image. Dans ce cas, les photographes ont copié-collé trois captures d’écran sur les moniteurs qui n’affichaient aucune vidéo à ce moment ». Il s’agissait probablement d’une tentative maladroite pour faire passer visuellement l’idée que les ingénieurs étaient très occupés par les opérations de colmatage du puits dans le golfe du Mexique.
Mais le mal est fait. Et il est d’autant plus grand que, mardi, le même blogueur publiait une deuxième photo retouchée par la compagnie. Un nouveau détourage étonnamment raté pour permettre de placer une image sur un écran de vidéoprojection situé derrière les ingénieurs. L’original de ce cliché n’a pas encore été rendu public par BP. Difficile de savoir dans ces conditions s’il s’agissait cette fois-ci de remplir un écran vide ou de remplacer ce qui était réellement projeté.
Dans un cas comme dans l’autre, le groupe pétrolier devra non seulement faire amende honorable, mais surtout mettre un terme à ces pratiques peu professionnelles visiblement courantes. « Nous avons informé nos équipes de post-production afin qu’elles ne refassent plus ce genre d’opérations à l’avenir », a assuré le porte-parole de BP.
L’amateurisme des retouches est tellement évident qu’il en deviendrait presque comique s’il ne soulevait pas la question de la crédibilité et de la transparence de la communication de crise du pétrolier. Depuis le début de la catastrophe, celle-ci était pourtant jugée par les professionnels du secteur comme un modèle du genre.
Au moment où les délicates opérations de contention du brut sont toujours en cours, ce faux-pas pourrait se révéler très gênant. Le grand public pourrait fort bien commencer à douter des discours rassurants de l’entreprise quant à la solidité du puits. Alors que le test du super-entonnoir bouchant la fuite et augmentant dangereusement la pression dans le puits vient d’être prolongé, cela ne pouvait pas tomber plus mal.