C’est aujourd’hui – mercredi 7 décembre – que la télévision ABC News, une des « majors » de l’information américaine, doit diffuser, sur son site, puis dans ses journaux télévisés, l’entretien que lui a accordé mardi Bachar al-Assad.
C’est carrément une première depuis le début de la crise syrienne, même si le président a déjà reçu des journalistes anglo-saxons (voir notre article « Bachar au Sunday Times : « La Syrie ne s’inclinera pas »", mis en ligne le 21 novembre). C’est une « star » de la chaîne, la journaliste Barbara Walters, 82 ans, qui a recueilli les propos de Bachar al-Assad.
Parler, même à des murs
On sait par une indiscrétion d’un journaliste d’ABC, qui s’exprimait lors d’un point de presse organisé au Département d’Etat américain, que le chef de l’Etat syrien a globalement rejeté la responsabilité de la violence. il aurait notamment dit : « Il y a une différence entre une répression politique délibérée et quelques erreurs commises par certains responsables« .
On en saura donc plus dans la journée. Le porte-parole du Département d’Etat a en tout cas, sans surprise, balayé l’argumentation du n°1 syrien, déclarant entre autres qu’il avait eu de nombreuses occasions de mettre fin à la violence. Mardi 6 décembre, Hillary clinton s’était, elle lancée dans un plaidoyer pour une Syrie post-Bachar respectant « les droits universels de tous les citoyens, quels que soient leur religion, leurs origines ethniques ou leur sexe« .
Un beau programme à l’occidentale qu’on voit mal les tueurs de Homs et d’Ibleb, ni d’ailleurs leurs protecteurs-inspirateurs frères musulmans ou qataro-séoudiens promouvoir, se dépêcher d’applliquer s’ils parvenaient, avec l’aide d’Hillary Clinton, au pouvoir : ce n’est pas Bachar al-Assad, notamment, qui projette d’appliquer la charia en Syrie.
Par ailleurs, l’ambassadeur Ford devait regagner son poste à Damas dans la nuit de mardi à mercredi. Avec une mission claire, selon le porte-parole du Département d’Etat : « établir les contacts » avec l’opposition et « documenter » son gouvernement sur les violences. On l’a déjà dit ici, mais avec un diplomate comme ça, la CIA n’a pas besoin d’espions !
Pour en revenir à l’entretien accordé par le président syrien à ABC, on ne peut que souhaiter la multiplication de cet exercice, même si une telle interview a peu de chance d’atteindre l’Américain « moyen », très peu concerné par les questions de politique étrangère, ni de convaincre le élites cultivées, aussi « boboïsées » et politiquement correctes que leurs homologues européennes.
Mais il est nécessaire que le gouvernement syrien dise et répète, aussi souvent que possible, sa vision des choses, par principe, et pour rappeler qu’il est toujours, en dépit des incantations du Département d’Etat, le chef légitime de la Syrie. Même si, ce faisant, il aura plus souvent affaire à des propagandistes hostiles qu’à des journalistes objectifs.