Mais la rue ne semble pas effrayer les dirigeants européens. Ils sont plus traumatisés par les marchés financiers et les agences de notation. Ils ont vu tomber José Luis Zapatero en Espagne, José Socrates au Portugal, Brian Cowen en Irlande, George Papandréou en Grèce et Silvio Berlusconi en Italie.
"Ce sont des bêtes féroces, il faut les dompter", a lancé le nouveau chef du gouvernement italien, Mario Monti en parlant des marchés.
"L’Europe traverse la plus profonde crise de son histoire", reconnaissent les syndicats. Mais "les politiques à base de réformes structurelles et d’austérité imposées par le Conseil (des chefs de gouvernements) la Banque centrale européenne et la Commission ont échoué", affirment-ils.
Ces politiques sont "injustes", "brisent le pacte social" et "coulent l’économie", soutiennent-ils".
La situation est "dramatique" sur le plan social, reconnaît le commissaire européen en charge de l’Emploi Lazslo Andor. Le dernier rapport de ses services met en garde contre la spirale du chômage et de l’exclusion.
9,8% de la population active de l’UE était sans emploi en octobre. L’Espagne est le pays le plus meurtri avec 22,8% de chômeurs. Et les tendances sont inquiétantes, car le chômage touche de plus en plus de jeunes.
Réforme forcée des marchés du travail et des systèmes de retraite, mise sous tutelle des Etats : le prix à payer est lourd et les remèdes proposés ont un goût amer.
"C’est terrifiant de constater que face au risque de récession, les responsables européens restent muets sur la croissance et l’emploi", déplorent les syndicats.
La voix de la nouvelle ministre italienne du Travail, Elsa Fornero, s’est étranglée sous l’émotion lorsqu’elle a du annoncer l’arrêt de l’indexation des retraites sur l’inflation l’an prochain.
La Commission de Bruxelles a froidement salué la mesure et rappelé qu’il "reste des choses à faire".
Son président José Manuel Barroso, tout comme le président de l’UE, Herman Van Rompuy, ont du mal à comprendre l’hostilité croissante à leur égard.
"L’austérité est nécessaire", plaident-ils. "Nous comprenons que ces mesures ne sont pas populaires, mais il faut en passer par cette phase pour un meilleur avenir", tentent-ils d’expliquer.
La faute incombe aux gouvernements, car "ils ont trop attendus pour mener les réformes structurelles nécessaires", soutiennent leurs collaborateurs sans faire de lien entre la cure de rigueur imposée aux Européens et la percée des partis populistes anti-européens un peu partout dans l’UE.