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Baisser les retraites publiques pour que les travailleurs se tournent vers les fonds privés

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire assure que la controversée réforme des retraites est une nécessité pour la France. Au micro de Sputnik, l’économiste David Cayla estime que l’exécutif prépare l’opinion dans l’optique d’une réélection d’Emmanuel Macron. Un événement qui entraînerait, selon l’expert, une inéluctable baisse des retraites.

 

Où le plan de relance européen en est-il ? Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a affirmé sur Europe 1 que la France touchera « environ 10 %, c’est-à-dire un peu plus de 5 milliards d’euros début septembre ». Il s’agira de la première tranche des 40 milliards d’euros qui lui sont dus au titre de ce programme âprement négocié entre les 27 à l’été 2020.

 

 

​​Cette somme représente 40 % du plan de relance de 100 milliards d’euros voulu par Emmanuel Macron afin d’aider à redémarrer une économie sinistrée par la pandémie de Covid-19. Ce programme a commencé à être déployé à la fin 2020 et Bruno Le Maire assure que 30 milliards d’euros ont déjà été « décaissés ».

 

« L’objectif est de baisser les dépenses publiques »

Mais c’est bien la somme octroyée à la France par le plan de relance européen qui pose question. Interrogé afin de savoir si l’aide accordée par Bruxelles est conditionnée à l’adoption de la réforme des retraites, le ministre de l’Économie a rétorqué ceci : « Non, ce n’est pas exact. »

Au micro de Sputnik, David Cayla, enseignant à l’université d’Angers et membre des Économistes atterrés, livre une analyse différente : « Dans le cadre du plan de relance européen, un certain nombre de pays, notamment ceux que l’on nomme les frugaux, souhaitent harmoniser les politiques économiques et poussent à des réformes. »

« Concernant la France, l’objectif est de baisser les dépenses publiques, et en particulier le secteur social. Et les retraites représentent le coût le plus important pour l’État », ajoute l’expert.

D’après le ministère des Solidarités et de la Santé, fin 2018, 16,4 millions de personnes, vivant en France ou à l’étranger, étaient retraitées de droit direct d’au moins un régime français, « soit 218.000 individus de plus qu’en 2017 ».

Il s’agit du premier poste de dépenses de la protection sociale. Les pensions de vieillesse et de survie s’élèvent à 321 milliards d’euros. Une somme colossale, qui représente 13,7 % du produit intérieur brut (PIB).

Selon Les Échos, la France fait partie du peloton de tête des pays développés les plus dépensiers en matière de retraites. À titre comparaison, l’Allemagne ne dépense « que » 10 % de son PIB pour financer ses retraites alors que sa population vieillit plus vite que celle de l’Hexagone.

Bruno Le Maire lui, s’en prend au Rassemblement national et à sa présidente : « Ce n’est pas la Commission européenne qui nous demande quoi que ce soit, ça c’est le raisonnement de Madame Le Pen qui, pour décrédibiliser l’UE et la réforme des retraites, dit que c’est une exigence de Bruxelles. »

David Cayla estime quant à lui que la Commission européenne n’a pas eu à faire pression sur la France.

« L’UE est une institution d’obédience néolibérale tout comme Emmanuel Macron et Bruno Le Maire. Ils utilisent en quelque sorte Bruxelles pour mener leur politique en France. Le ministre de l’Économie assume ouvertement vouloir faire baisser les retraites. C’est dans son logiciel », ajoute l’auteur de Populisme et néolibéralisme (Éd. De Boeck Supérieur).

Une analyse qui concorde avec les propos de Bruno Le Maire : « Ce n’est pas Bruxelles qui nous demande une réforme des retraites, c’est la France qui a besoin d’une réforme des retraites pour que son système des retraites par répartition soit financièrement viable. »

 

Une manœuvre stratégique

David Cayla l’affirme : le projet de réforme des retraites est idéologique. « Il vise non pas pour des raisons financières mais politiques, à baisser le coût des retraites en France. » L’économiste assure que cela fait longtemps qu’un tel projet est dans les tuyaux :

« La France est l’un des pays d’Europe les plus généreux avec ses retraités. Derrière, il y a l’idée que plus on baisse les retraites publiques, plus les travailleurs vont se tourner vers des fonds privés. C’est une manœuvre stratégique qui vise à apporter du capital aux entreprises. »

Les annonces faites par Bruno Le Maire ne représentent-elles pas un risque au niveau politique à un an des élections ?

« C’est un pari, répond David Cayla. Le problème du gouvernement demeure qu’une vraie réforme des retraites ne faisait pas partie du programme d’Emmanuel Macron dans l’optique de l’élection de 2017. Il n’avait prévu qu’une réforme structurelle et non paramétrique, ce qui signifie qu’elle ne change rien sur les masses. »

L’enseignant à l’université d’Angers note que le locataire de l’Élysée a changé de logique en cours de mandat. « C’est désormais le souhait de Macron de baisser les retraites, mais il n’a pas de mandat pour cela », analyse David Cayla.

Contrairement à la réforme de l’assurance-chômage, qui doit entrer en vigueur au 1er juillet, la réforme des retraites est « impossible » à mettre en place avant les élections présidentielles selon l’économiste. « Macron et son gouvernement doivent donc préparer l’opinion. C’est ce que fait actuellement Bruno Le Maire », poursuit-il.

 

En route vers l’austérité ?

La France pourra-t-elle échapper à une réforme des retraites ? David Cayla n’est pas optimiste. Il estime que « dans les circonstances actuelles du débat politique », Emmanuel Macron « a de grandes chances d’être réélu ».

La première étape vers un destin à la grecque ? David Cayla relativise :

« Je ne crois pas du tout que la France soit dans une situation identique à celle de la Grèce, qui a subi une grave crise de la dette à la suite de la crise financière de 2008. On en est même très loin puisque les taux d’intérêt sont négatifs. »

À 16h18 ce 27 avril, Paris emprunte à 10 ans à un taux de -0,002 %. « Il n’y a pas de problème de dette en France aujourd’hui », affirme David Cayla. S’il admet que les 2650,1 milliards d’euros atteints fin 2020 (115,7 % du PIB) sont un montant « important », l’économiste souligne que son coût « est très faible, ne cesse de baisser ». « Et il continuera a priori de le faire dans les années qui viennent », conclut-il.

 

Bruno Le Maire secoué par Sonia Mabrouk (26 avril 2021)

 

Comme prévu, sur E&R :

 






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34 Commentaires

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  • En 2002 sous Chirac il était fortement question de créer des fonds de pension : et puis il y eu le scandale de l’américain Enron, son fonds de pension accueillait toutes les économies de ses employés qui avaient investi en actions Enron . Quand l’entreprise fit une faillite frauduleuse, les futurs retraités se retrouvèrent sans rien . Le bon côté de la chose c’est que le projet de fonds de pension à la française fut abandonné ipso facto .

     

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  • Ce qui est dramatique c’est le fait de ne jamais envisager la création d’un fonds souverain français sur le modèle norvégien pour une raison quasi religieuse et dogmatique :les retraites par répartition.
    Dans une époque marquée par le chômage endémique et le vieillissement de la population c’est profondément injuste et largement irrationnel.
    50% des cotisations obligatoires partiraient dans la répartition et l’autre moitié dans le fonds souverain piloté par des cadors de Black Rock et EDR que tu as recruté ça devrait le faire et tout le monde serait ravi. Tant que les gauchos utopistes pro répartition que les libéraux utopistes comme moi.

     

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  • Donc j’ai coutume de dépenser 30 balles mais il faut que j’emprunte 100 balles pour « investir » et finir par en dépenser 25 dont 5 d’intérêt des 100 balles, les 20 restant ne me permettant plus jamais de rembourser les 100...

     

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  • Si vous le pouvez, investissez dans la pierre. Seul, avec des potes ou avec votre famille.

     

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  • Il faut absolument faire dégager toute cette équipe de cancrelats parasites et surtout ceux qui les ont mis en place, quoi qu’il en coûte. Nos enfants et petits-enfants comptent sur nous. Vive notre drapeaux tricolores et vive la France. Mobilisation massive sans précédent. Il en dépend de la survie de notre pays. Force et honneur à tous. Nous n’ abandonnerons jamais notre pays sans combattre.

     

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  • Comment se fait-il qu’en France plus la casse sociale prend de l’ampleur et plus il y a de milliardaires...Il y aurait-t-il une relation de cause à effet ?

     

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    • #2716398

      Depuis Marx on sait que les riches font leur argent sur le dos des pauvres en exploitant ces derniers, avant pour la force de travail, maintenant avec tout le reste (données personnelles, loyer, consommation, assurances, services, empoisonnement, "médicalisme", j’en passe et des meilleurs ...) !
      Donc oui, plus il y a concentration de fortune, plus il y a paupérisation de la masse exploitée, le peuple, et particulièrement en France notamment à travers l’arnaque des cotisations sociales, autour de 600 milliards de budget !

      Force et honneur.

      X.B

       
    • Ça se réfère encore à (((marx))) en France ? T’as pas besoin d’exploiter un pauvre pour être riche . Les milliardaires français sont due au capitalisme de connivence.

       
    • #2717050

      Bien vu mais si je prends des exemples de capitalisme de connivences comme les autoroutes, l’énergie, la téléphonie, la banque, etc ... C’est pas un pur pressage de citron du prolo moyen ça ?
      Pour rappel : les VTCs ont manifesté car trop mécontents, les livreurs manifestent leurs mécontentement car trop exploités, les chauffeurs de car (Macron) n’en peuvent plus non plus et les chauffeurs routier tout autant !
      Là ou je te donne raison, le prolo s’auto-exploite puisqu’il est devenu auto-entrepreneur, et pour le coup il la prend bien profond, ouaip.

      Marx c’est pas vieux et périmé, le gars il avait une bonne longueur d’avance, penser le contraire c’est être manipulé, et c’est penser peu, en plus ...

      Sans animosité aucune, camarade.

      Force et honneur.

       
  • ne comptez pas sur moi pour defendre le régime des retraite des fonctionnaires, qui est délirant . Il est totalement anormal qu’un fonctionnaire en retraite touche beaucoup plus qu’un fonctionnaire debutant, celui qu’on envoie prof ou policier dans les pires banlieues où ceux qui auraient pourtant de l’expérience choisissent de ne plus y aller .
    Dans les pays d’ Europe du Nord, on a exactement l’inverse, les fonctionnaires sont correctement payés à 30 ans , mais n’ont pas à 70 ans la généreuse retraite de leurs homologues français

     

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  • Ma mère est actuellement en retraite et il y a trois mois ils ont instauré une nouvelle taxe de contribution entre la cnav et une de ses complémentaires il lui prennent 50€ par mois, sûrement encore pour leurs enrichissement personnel....

     

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  • #2717226

    Clairement les boomers n’ont pas donné de belles retraites aux vieux dans les années 60-70 . Maintenant ils exigent d’avoir un pouvoir d’achat supérieur à celui d’un travailleur au SMIC.

    Oui il y a un problème. Perso je cotise pour ma retraite + de 1000 €/mois depuis + de 20 ans... 12x20x1000 donc déjà 240 000 €... Dans le perigord j’aurais pu m’acheter 2 maisons avec cette argent. Et ma famille aurait hérité de ces maisons.

    Ce système de répartition est bon si les acteurs qui participent sont bien définis mais en ouvrant les frontières aux quatre vents personne n’est content. On vole le fruit de mon travail.

     

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  • Dit donc Lemaire c’est bien toi et macrotte qui avez mis le pays dans cet etat ,le covid n’est que le prétexte pour faire travailler plus longtemps .
    Lemaire si c’était les années de travail qui comptait et non le année de trahison et de susboulage tu ne pourrai pas toucher le moindre euro de retraite.

     

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