L’homme d’affaires français Bernard Tapie était en garde à vue lundi dans les locaux de la brigade financière, à Paris, a-t-on appris de source proche de l’enquête.
Il doit y être entendu sur l’arbitrage qui lui a permis d’obtenir 403 millions d’euros (environ 500 millions de francs) en 2008 pour solder son litige avec le Crédit Lyonnais.
M. Tapie, qui s’est dit serein, risque une présentation devant les juges. La garde à vue peut durer jusqu’à 96 heures pour le chef d’accusation d’"escroquerie en bande organisée".
Un autre protagoniste du dossier était entendu séparément par les enquêteurs, a précisé cette source. Il s’agit de Jean Bruneau, président de l’Association des petits porteurs pour l’annulation de la vente litigieuse d’Adidas.
Depuis fin mai, trois personnes ont été mises en examen dans cette affaire. Stéphane Richard, le PDG du géant français des télécoms Orange et ex-directeur de cabinet de l’ancienne ministre française de l’Economie Christine Lagarde, l’ancien patron du Consortium de réalisation (structure publique chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais après sa quasi-faillite en 1993) Jean-François Rocchi, et l’un des juges arbitraux, Pierre Estoup, ont été mis en examen.
Lors de ces mises en examen, les juges ont estimé que les trois hommes avaient pu participer à "un simulacre d’arbitrage" afin de pousser l’Etat à accepter un compromis contraire à ses intérêts.
Arbitrage au profit de Tapie
Les juges d’instruction soupçonnent cet arbitrage d’avoir été biaisé au profit de Bernard Tapie. Ils veulent surtout savoir comment l’homme d’affaires a plaidé sa cause à l’Elysée, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et au ministère de l’Economie.
Récemment, Christine Lagarde, l’actuelle directrice du FMI, a été placée sous le statut de témoin assisté après deux jours d’audition par les magistrats de la Cour de justice de la république, l’instance habilitée à juger des délits imputables aux ministres dans l’exercice de leurs fonctions.