C’est un inconnu parmi les compagnons de route du président. Lui aussi est énarque, ex-HEC parti pantoufler chez Lazard, au Crédit agricole, à la Société générale avant de devenir numéro deux de la Banque mondiale, puis de créer un fonds d’investissement pour le développement durable au Luxembourg. Un voltigeur de plus, direz-vous. Pas seulement.
Bertrand Badré, 52 ans, a de la bouteille, une foi solide et une conscience aiguisée au fil des temps des ravages de la finance. « Nous avons, en 2008, sauvé le système sans le réformer. Près de 40 000 milliards de dollars de valeurs boursières ont été créés aux États-Unis, en déconnexion avec l’économie réelle. Les inégalités explosent, si on continue, c’est le chaos. »
Il ausculte le moteur du néolibéralisme à la lumière de ses échanges avec les puissants – des patrons du FMI aux maîtres de Davos –, des signes d’espoir, notamment l’émergence de consommateurs et de patrons responsables, et des nouvelles donnes inquiétantes : érosion de la confiance, envolée des monnaies parallèles, taux d’intérêt historiquement faibles…
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À l’évidence, la question s’adresse aussi à celui qu’il appelle « Emmanuel ». Badré l’a connu la fleur au fusil, « bluffant », avec Brigitte, qui fut la prof d’un de ses enfants au lycée Franklin. Il l’a parrainé, jeune inspecteur des finances désireux d’intégrer, dans ses pas, le prestigieux German Marshall Fund [1], berceau de ses premiers réseaux américains. Il l’a conseillé quand lui a pris l’envie de devenir banquier d’affaires : « La question qu’il faut te poser, c’est ton rapport à l’argent », insistait le mentor catholique, heureux d’entendre Macron répondre qu’il voulait en mettre un peu de côté puis surtout œuvrer pour l’intérêt général.
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Étranger au premier cercle des « Mormons », le quinquagénaire n’est pas entré à l’Élysée, mais depuis Washington, où il réside, il n’a jamais cessé de l’alimenter en conseils et en notes. Dans un salon privé de Roissy, entre deux avions, il dessine devant Macron « la courbe de l’éléphant », montrant l’inexorable déclin de la classe moyenne dans les pays développés.
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Il lui écrit un long topo sur les conséquences des taux zéro : prime aux privilégiés, hausse de l’immobilier, jeunesse pénalisée, fonte des assurances-vie et des retraites. « Intéressant », textote le président. Il charge son ami de préparer le G20 de Biarritz, de coanimer One Planet Lab, censé mettre en œuvre des solutions pour l’environnement.
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En avril, Bertrand était interrogé sur l’impact économique et social du Covid. Écoutez bien son portrait par Frédérique...