Le 24 mars 1999, l’OTAN sous les ordres des Etats-Unis et avec la complicité de ses alliés déclenchait la première agression militaire d’envergure depuis la Seconde guerre mondiale. En bombardant la Serbie pendant 78 jours sans aucune raison valable, l’alliance occidentale achevait de détruire un grand pays fondateur de l’ONU – la Yougoslavie – et commettait un crime sanglant et impardonnable qui ne doit pas être oublié.
Il y a onze ans, l’OTAN a déclenché sa campagne de bombardement de la Serbie, illégalement et sans provocation. Elle a commencé le 24 mars 1999, et a continué pendant 78 jours et nuits. Cela a été l’offensive aérienne la plus intense entreprise contre un pays quelconque depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Des milliers de personnes ont été tuées et l’infrastructure civile de la Serbie a été détruite, mais l’opération s’est montrée incapable de venir à bout de l’armée serbe. Elle a causé beaucoup plus de souffrances qu’elle n’en a empêchées ; pour la première fois depuis sa fondation, l’Alliance de l’Atlantique nord, dirigée par les USA, a agi en violation de son propre traité et de la Charte des Nations Unies, en ayant recours à la violence pour résoudre un conflit international. Cet acte illégal a marqué un tournant historique et a été un pas fatal vers le démantèlement de la structure de paix et de sécurité qui avait ordonné les relations internationales depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Il a créé un précédent qui souillera pour des années les relations internationales. Il a aussi révélé une troublante réalité qui continue à nous hanter : la facilité avec laquelle nos pays démocratiques peuvent être entraînés à commettre des actes de violence et de guerre par des leaders politiques nous racontant des mensonges.
Le président Clinton, le Premier ministre Blair et les autres chefs de l’OTAN ont dit à leurs citoyens que le bombardement de la Serbie était une intervention humanitaire destinée à empêcher le président de la Serbie, Milosevic, de perpétrer un génocide avec le nettoyage ethnique de la majorité albanaise du Kosovo. C’était évidemment faux. Les recherches scientifiques ont trouvé jusqu’ici environ 2.000 victimes du conflit au Kosovo – serbes et albanaises, civiles et militaires – tuées avant les frappes aériennes de l’OTAN en mars 1999. Aussi triste que puisse être ce chiffre, ce n’est pas un génocide. Malgré cela, les affirmations qu’un génocide a eu lieu au Kosovo continuent a être admises sans hésitation par les médias occidentaux.
L’accusation de nettoyage ethnique a aussi été un mensonge. Alors qu’il est vrai que plusieurs milliers d’Albanais ont été déplacés par le conflit armé entre les forces de sécurité serbes et l’Armée de libération du Kosovo (UCK), l’exode massif de la population albanaise n’a commencé qu’après le début du bombardement. Les chiffres de l’ONU montrent que le grand nombre de réfugiés a fui le Kosovo après la chute des premières bombes, autrement dit, c’est le bombardement qui a provoqué l’exode du Kosovo. Bien que cela ait été prouvé, on continue à voir dans les médias occidentaux que c’est le bombardement de l’OTAN qui a “arrêté le nettoyage ethnique”.
En réalité, le bombardement de la Serbie n’a rien eu à faire avec un génocide ou un nettoyage ethnique. Il a eu tout à faire avec la démonstration que l’OTAN est encore une organisation militaire viable et indispensable à l’Europe. Il existe aujourd’hui de nombreuses preuves que les services secrets américains et britanniques ont aidé l’UCK à déstabiliser le Kosovo par la violence et à créer un prétexte pour l’intervention de l’OTAN.
La crise du Kosovo et la campagne des 78 jours de bombardement de la Serbie ont été une manipulation soigneusement planifiée depuis le début. Bombarder les gens pour des raisons humanitaires étant une flagrante contradiction, il fallait présenter l’opération comme une urgente mission de sauvetage destinée à arrêter un soi-disant “génocide” au Kosovo. Cela a été fait par une campagne de propagande minutieusement organisée pour prouver à des médias serviles et à un public crédule que Milosevic était le diable et que les Serbes étaient des barbares à bloquer à tout prix. Applaudi comme l’homme qui avait mis fin à la guerre en Bosnie quatre ans auparavant à Dayton, Milosevic était désormais dépeint comme le “boucher des Balkans” et opportunément inculpé de crimes de guerre devant le Tribunal pénal international de La Haye.
L’hypocrisie et le mensonge qui ont atteint des sommets lors du bombardement continuent à sévir aujourd’hui. Ils sont toujours le fondement de la politique des USA et de leurs alliés de l’OTAN, qui reste une menace pour la paix et la sécurité dans le monde.
Le cœur du problème est ce qui semble être la détermination des leaders politiques US – républicains ou démocrates – de considérer l’ouest des Balkans comme leur fief particulier où la légalité internationale n’a pas cours. C’est comme s’ils voyaient ces pays slaves comme une espèce inférieure en marge des lois, où ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Cet hubris ou élan guerrier a amené les USA et leurs dirigeants dociles et moralement pourris d’Allemagne, de France et de Grande-Bretagne à mener des politiques aberrantes telles que le bombardement de la Serbie et la reconnaissance du Kosovo, et à le faire sans scrupules.
Peut-être la grave crise financière qui frappe les USA et beaucoup de pays européens va-t-elle freiner leurs interventions dans les petites nations et leur imposer le temps de réfléchir au fait que la loi s’applique à tous et que les conflits internationaux doivent être résolus autrement que par la force.
C’est en tous cas l’espoir formulé par les membres, associés et amis de notre fondation, en cet onzième anniversaire du bombardement de la Serbie.