Définition du médiateur : celui qui se fait, dans un média, le porte-parole des consommateurs de ce média. Il relaie leurs réactions, qui vont de la satisfaction à la doléance, voire aux insultes.
C’est presque le cas avec l’émission de Guillaume Erner, pourtant un bien-pensant de l’extrême, consacrée au livre d’Emmanuelle Anizon sur la rumeur, ou l’infox Brigitte Macron est Jean-Michel Trogneux. Le livre s’intitule L’affaire Madame. Le jour où la Première dame est devenue un homme : Anatomie d’une fake news, et les auditeurs ont tiré à boulets rouges sur cette invitation.
« Cette infox aujourd’hui est devenue un véritable fait politique, et c’est la raison pour laquelle je vous ai invitée, Emmanuelle Anizon... »
Voilà pour le contexte : on vous laisse découvrir le backlash (en bon français, on dit le retour de bâton) des auditeurs qui se trouvent confrontés à une information qui les déstabilise complètement.
Dans ce triangle pas très amoureux, tout le monde y perd : France Cul perd du prestige et passe pour une radio de caniveau, l’animateur perd de la crédibilité et passe pour un relais inconscient de théories dites complotistes, et l’auteur du livre perd son public de gauche (primaire) pour se retrouver catégorisée journaliste people.
Décidément, la gauche n’en finira jamais de se déchirer face aux coups de boutoir du réel. Personnellement, on savait que les fidèles auditeurs de France Cul étaient des naïfs (ils pensent que Macron n’est pas un menteur pro), mais là on voit qu’ils sont très limités mentalement et politiquement.
Il faut lire les réactions des auditeurs, qui sont surtout des auditrices, pour prendre la mesure de la crédulité politique à gauche.
« L’affaire Brigitte Macron est l’histoire de Natacha Rey, qui s’est persuadée que la première dame était un homme. Pourquoi cette fake news n’est pas anecdotique et comment a-t-elle dépassé la sphère complotiste, allant jusqu’à pousser Brigitte Macron à prendre la parole dans les médias ? » Le thème de l’invité des Matins de France Culture ce mercredi 20 mars a surpris les auditeurs.
« Comment pouvez-vous, sur France Culture, faire un écho à des propos délirants concernant Brigitte Macron (serait-elle un homme ?) par une enquête dont on se moque ? Qu’est ce qui restera de votre émission ? Une rumeur stupide, infâme, calomnieuse. N’y a-t-il pas d’autres sujets que relayer, encore une fois sous couvert d’une enquête, un propos complotiste ? Vous alimentez une curiosité malsaine pour la vie privée, ce que vient aussi de faire l’Obs.
Que nous restera-t-il si même France Culture se vautre ? Dommage, et c’est peu dire. »
Mercredi, la séquence « France Culture va plus loin, l’invitée des Matins » était consacrée à la théorie complotiste selon laquelle la Première dame, Brigitte Macron, serait en réalité un homme contrôlant son mari, le président de la République, dans le but de promouvoir la théorie du genre dans l’agenda politique. Cette infox, loin d’être anecdotique, a dépassé les frontières de la sphère complotiste pour devenir un véritable phénomène médiatique.
Pour éclairer cette affaire, France Culture a accueilli le sociologue Laurent Cordonier et la journaliste Emmanuelle Anizon, grand reporter à L’Obs, auteure d’une enquête sur les origines de cette rumeur : L’affaire Madame. Le jour où la Première dame est devenue un homme : Anatomie d’une fake news (Studiofact éditions, mars 2024). Son analyse a révélé deux étapes dans la propagation de cette fausse information. Tout d’abord, son émergence sur une vidéo YouTube, où cette théorie a commencé à se développer. Ensuite, sa reprise par des complotistes professionnels, lui donnant ainsi une ampleur sans précédent. Les réactions du couple présidentiel, s’exprimant devant micros et caméras pour démentir ces allégations, témoignent de la dimension prise par cette fausse information, la transformant en un fait politique. En effet, lorsque le chef de l’État prend la parole sur un sujet, cela transcende le simple discours, et confère au dit sujet une légitimité et une importance particulières, a fortiori lorsque cela relève de sa vie privée. Emmanuel Macron a ainsi dénoncé le 8 mars dernier les rumeurs sur les réseaux sociaux, prétendant que son épouse est une femme transgenre : « La pire des choses, ce sont les fausses informations et les scénarios montés, avec des gens qui finissent par y croire et qui vous bousculent, y compris dans votre intimité », a commenté le président de la République, interrogé par des journalistes sur le sujet à l’issue de la cérémonie scellant l’IVG dans la Constitution.
Depuis 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, des théories conspirationnistes essaiment régulièrement sur les réseaux sociaux clamant que Brigitte Macron, née Trogneux, serait en réalité une femme transgenre dont le prénom de naissance était Jean-Michel. Un vaste complot serait à l’œuvre pour masquer ce changement d’état civil, à en croire cette rumeur qui s’est également déclinée en accusations, plus graves, de pédocriminalité portées contre la Première dame.
« Je n’avais jusque-là jamais entendu cette théorie complotiste sur Brigitte Macron. Si j’en avais pris connaissance, elle m’aurait fait lever les yeux au ciel. Comme la plupart des auditeurs de France Culture. Maintenant, la question se pose : quelle était l’urgence de ce sujet ? Pourquoi y consacrer une émission, alors qu’il y a tant de choses plus sérieuses et plus intéressantes à traiter ? »
« Chaque matin, je branche ma radio, et je suis de plus en plus dépitée. Voire en colère. Ecouter France Culture, comme je le fais depuis plus de 20 ans, au quotidien, c’est devenu une gageure si l’on ne veut pas entre parler RN tous les jours. Bardella un jour sur ou deux ou presque. Et ce matin, quel sujet ? Brigitte Marcon est-elle un homme ? Et vous appelez ça un fait politique ? C’est une catastrophe, je suis atterrée. Jusqu’où va-t-on tomber ? On croit que parce qu’on replace ça en miroir avec les Obama ça va donner un sens politique, mais quel sens ? N’y a-t-il pas mieux à faire ? Alors on quitte Culture, on passe sur France Inter, et l’invitée ? Marine Le Pen. No comment. »
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