Péninsule coréenne : les États-Unis déploient un sous-marin
à double dissuasion nucléaire
Les États-Unis ont dépêché pour la première fois depuis les années 1980 un sous-marin doté d’armes nucléaires dans un port de Corée du Sud. Une manœuvre risquée dans le contexte de tensions avec la Corée du Nord mais qui répond à la nécessité pour Washington de réaffirmer son rôle dans cette région alors que Séoul pense à se doter de l’arme atomique.
- Le sous-marin nucléaire lanceur d’engins USS Kentucky est arrivé dans le port de Busan, le 18 juillet 2023
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Jusqu’à 80 missiles nucléaires à bord
Depuis les années 1980, Washington évitait de sortir ses griffes nucléaires trop près de la frontière nord-coréenne afin de limiter l’escalade des tensions sur la péninsule.
Washington a finalement renoncé à sa retenue. Les États-Unis ont dépêché l’USS Kentucky, capable de transporter jusqu’à 80 missiles nucléaires. « C’est l’un des 14 sous-marins nucléaires lanceurs d’engin de classe Ohio actifs dont disposent les États-Unis », souligne Ho Ting « Bosco » Hung, spécialiste de la Chine et des questions de sécurité en Asie à l’International Team for the Study of Security (ITSS) Verona. Ces submersibles constituent le fer de lance de la dissuasion nucléaire maritime des États-Unis.
Pyongyang a vu d’un mauvais œil l’arrivée de l’USS Kentucky dans les eaux sud-coréennes. Elle « éloigne plus que jamais la Corée du Nord de la table des négociations », a affirmé Kim Yo Jong, l’influente sœur du dirigeant nord-coréen.
Mais il était temps que les États-Unis haussent le ton dans la région, estime Ho Ting « Bosco » Hung. « Durant les présidences de Barack Obama et Donald Trump, Washington faisait régulièrement référence à la menace nord-coréenne traitée comme l’une des principales priorités. Joe Biden a été beaucoup plus discret sur la question », rappelle cet expert. Pour l’actuel locataire de la Maison Blanche, l’ordre des priorités était simple : la Russie en première place, la Chine ensuite et la Corée du Nord en troisième position mais loin derrière.
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Le déploiement de l’USS Kentucky représente ainsi pour Joe Biden une manière de rappeler à Kim Jong-un qu’il ne l’a pas oublié. Et autant taper aussi fort que possible sur la table : « en matière de dissuasion nucléaire, envoyer un sous-marin comme celui-ci fait partie des signaux visibles les plus forts possibles », note Ho Ting "Bosco" Hung.
La petite virée sud-coréenne du submersible ne constitue cependant pas seulement un message pour le Nord. Elle intervient dans un contexte plus large de démonstration tous azimuts du soutien des États-Unis à la Corée du Sud.
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C’est militairement d’autant moins sensé que l’avantage d’un sous-marin réside dans sa capacité à être invisible. Sa présence avérée dans le port de Busan « neutralise sa valeur tactique principale : sa furtivité », souligne la chaîne CNN.
Cette surenchère des gestes pour démontrer que les États-Unis savent être le bon allié nucléaire au bon moment tient au fait que « Washington veut s’assurer ainsi que Séoul ne tombe pas dans le débat sur une possible nucléarisation du pays », assure Antoine Bondaz.
Depuis près d’un an, la Corée du Sud se demande en effet s’il ne serait pas temps pour elle aussi de devenir une puissance nucléaire. « Entre la Chine qui a augmenté son arsenal nucléaire et se montre de plus en plus agressive en Asie et la Corée du Nord qui semble plus déterminée que jamais, Séoul se sent plus menacé que jamais », souligne le Nuclear Threat Initiative, une ONG américaine qui œuvre pour le désarmement nucléaire, dans un billet de blog sur la tentation nucléaire sud-coréenne.
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Pendant ce temps, en mer du Japon...