L’énorme pression exercée sur Antoine Gallimard après l’annonce de la réédition des pamphlets de Louis-Ferdinand Céline apporte un éclairage particulièrement cru sur les tenants du « politiquement correct », leur puissance, leurs peurs, leurs faiblesses et leurs méthodes. Retour en quatre actes sur la nouvelle Affaire Céline.
« Céline est peu lu dans les banlieues »
Rendu public en décembre, ce qui restera donc un projet devait constituer une édition semblable à celle publiée en 2012 au Québec par Rémi Ferland (Éditions 8) comprenant le travail époustouflant de Régis Tettamanzi, un « appareil critique » dont Gallimard avait discrètement acquis les droits cet automne. Le tout introduit par une préface du biographe Pierre Assouline, juif atypique et défenseur infaillible de l’écrivain. C’est ce projet qu’Antoine Gallimard et Pierre Assouline ont refusé de dénaturer lors de leur « convocation (sic) » le 19 décembre dans les bureaux de la DILCRAH, représentée ce jour-là par Frédéric Potier et Johanna Barasz, relais des groupes de pression communautaires juifs, disposés à « autoriser » les pamphlets, à condition que l’édition comporte les considérations lénifiantes de Pierre-André Taguieff. Ce à quoi s’oppose fermement Antoine Gallimard au cours d’un échange surréaliste rapporté par L’Express : « Cette publication ne risque-t-elle pas d’alimenter une forme d’antisémitisme chez les jeunes musulmans, a notamment relevé le délégué interministériel ? Pierre Assouline fait remarquer que Céline est peu lu dans les banlieues ».
« Un concentré d’acide célinien »
En réaction Serge Klarsfeld demande le lendemain, sur le site de L’Obs, l’abandon du projet de réédition, et obtient du CRIF et de la LICRA qu’ils s’alignent sur sa position : « À quoi elles servent toutes ces associations antiracistes ou cette DILCRAH ? On me parle de Mein Kampf, mais Mein Kampf est un ouvrage théorique incontournable ! Là, vous avez un concentré d’acide célinien ! Si on accepte de voir ça édité par Gallimard, vendu dans les librairies, alors c’est fini. […] On décrédibilise toute notre lutte. Ça ne sert à rien de faire condamner Alain Soral ou Dieudonné si on n’interdit pas les écrits de Céline. Soral, c’est une sarbacane, Céline, c’est une bombe atomique. » (Rapporté par L’Obs, 4 janvier). Dès lors, la LICRA met en branle le ban et l’arrière-ban de ses avocats pour trouver le moyen juridique le plus efficace d’empêcher la diffusion en librairie des pamphlets. L’attaque pour « incitation à la haine raciale » (utilisée contre les éditions Kontre Kulture lors de la réédition du Salut par les juifs de Léon Bloy) est toutefois rapidement écartée car elle ferait « tomber le masque » en impliquant une censure a posteriori de la quasi-intégralité de la littérature européenne.
Agression à Eilat
Le 8 janvier, nouvel épisode surréaliste avec l’appel téléphonique d’Édouard Philippe à un Serge Klarsfeld décrochant son portable en direct sur France Culture où il tient le crachoir pour la promotion d’une exposition retraçant sa vie au Mémorial de la Shoah. Paniqué, le Premier ministre qui s’est dit « favorable à la réédition des pamphlets » et a souligné « la place centrale de l’écrivain dans la littérature française » dans un entretien publié la veille dans le JDD vient d’être cité dans la rubrique « faits divers » du Yediot Aharonot. Le quotidien israélien rapporte l’agression à l’arme blanche subie par son neveu dans la station balnéaire d’Eilat… Ambiance.
« Abus de faiblesse »
Si le lendemain le CRIF publie un premier communiqué aligné sur la position de Serge Klarsfeld, c’est que les avocats de la LICRA ont déjà trouvé la parade : Lucette Destouches vit sous assistance médicalisée, entourée par trois personnes rémunérées pour être présentes 24 heures sur 24 à ses côtés, alors pourquoi ne pas attaquer tout simplement l’éditeur pour « abus de faiblesse » sur la seule personne habilitée à autoriser la réédition des pamphlets ? De retour de la foire du livre de New Delhi, Antoine Gallimard découvre sur son bureau une pile de courriers signés de l’ambassadrice d’Israël en France, de députés LREM, etc., lui ordonnant de renoncer à cette réédition. Sous le choc, ses standardistes ont été, pendant des jours, assaillies de coups de fils menaçants ou orduriers (« Pute nazie ! », etc.), traitant Gallimard d’antisémite. Menacé d’être traîné en justice pour « abus de faiblesse », avec lynchage médiatique en prime, Antoine Gallimard rend les armes. Clap de fin de l’affaire d’État et joli pied de nez de Louis-Ferdinand Céline dont les pamphlets, également disponibles sur Internet en PDF, figurent depuis lors en tête du classement des sites de vente en ligne.
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