Pamphlet contre les censeurs de pamphlets
Résumé de l’action extrait de la lettre dont L’Express a pris connaissance :
C’est une lettre qui pourrait faire du bruit. Selon nos informations, mardi 12 décembre, Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), un organisme qui dépend du Premier ministre, a écrit à Antoine Gallimard pour lui demander des « garanties » à propos de la réédition des pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline, annoncée quelques jours auparavant. La maison d’édition envisage en effet de publier Bagatelles pour un massacre, L’Ecole des cadavres et Les Beaux draps, en mai 2018, en un gros volume intitulé Écrits polémiques.
Il faut lire et relire cet article mainstream qui dit tout. La DILCRAH se mêle de littérature, donne son avis, tranche et détranche... pour un public infantilisé à mort. Comme si les Français ne savaient pas juger eux-mêmes la valeur et la portée d’un écrit de Céline, surtout 80 ans plus tard ! Que n’a-t-on besoin de ces précepteurs autoproclamés !
Qui va devenir antisémite à la lecture d’un pamphlet de Céline ?
Inversement, qui va devenir philosémite à la lecture de « l’appareil critique » que la DILCRAH est en train de dicter à l’éditeur ?
« La qualité de l’appareil critique qui les accompagne, et notamment sa capacité à éclairer le contexte historique et idéologique de leur production, ainsi que le décryptage des biais de l’auteur et des erreurs factuelles contenues sont dès lors déterminants. [...] Afin de lever les inquiétudes que fait naître à cet égard le calendrier serré annoncé, je vous serais très reconnaissant de bien vouloir m’éclairer sur les conditions d’élaboration de cette édition critique et sur les mesures prises pour en garantir la scientificité et la pluridisciplinarité. »
On croyait la nation française cultivée, historiquement adulte et capable de juger par elle-même... eh bien non. Un comité de censure se met en place de manière même pas insidieuse et évoque des « inquiétudes » à propos d’une lecture. Les inquiétudes de qui ? De quelle personne précisément ou de quel groupe de personnes ?
C’est là où l’oukase de la DILCRAH manque de clarté. On censure, mais on ne dit pas qui est « on ». Car « on » a peur de passer pour liberticide dans le pays de la liberté. Pourtant, c’est acté. Il n’y a plus de liberté de parole ou d’écrit dans notre cher pays. Ceux qui ont confisqué la parole (publique) ne veulent pas en laisser une miette tomber dans la France d’en bas : il leur faut tout.
« Il ne s’agit en aucun cas de s’ériger en censeur, mais uniquement de s’assurer que cette édition offrira toutes les garanties nécessaires, précise Frédéric Potier, contacté par L’Express. Nous avons été alertés ces derniers jours par des associations comme le Crif ou la Licra, qui nous ont rappelé que ces pamphlets étaient des textes de haine. Après consultation de notre Conseil scientifique, présidé par Dominique Schnapper et dans lequel siège notamment Pierre-André Taguieff, spécialiste de Céline, nous avons décidé de prendre contact avec Gallimard. Nous agissons en l’occurrence comme un lanceur d’alerte. »
- L’homme qui fait trembler la DILCRAH
Comme si la lecture ou la relecture d’un pamphlet antisémite pouvait relancer sur le champ la grande machine nazie en France ! Bref, Céline revient et la France sombre dans le pitoyable. Et quand on dit « France », on ne pense pas Français mais ceux qui ont pris la place d’une véritable élite et les postes de décision. Rien ne grand ne pourra être fait dans ce pays tant que sa direction corsètera la liberté d’expression. La crise – économique, politique, morale – vient de là, de cet interdit relativement récent, qui n’est pas l’interdit de l’antisémitisme mais tout simplement l’interdit d’exprimer autre chose que le catéchisme des Maîtres.
2017 = 1984
Espérons qu’on sera débarrassés un jour de ce tas d’imposteurs ni drôles ni intelligents et qu’on pourra re-penser et re-parler librement. Nous revoilà retombés en enfance démocratique, au temps où les gens se cachaient pour parler, tiens, comme en 1942, sauf que là, les rôles sont inversés.
Et quand on pense que le comité de censure est dirigé entre autres par le pitre Taguieff, qui se dit « spécialiste de Céline », on se dit qu’on changerait bien d’époque, car nous vivons des temps vraiment sombres, pour le coup.
Le flicaillon de la DILCRAH, qui sera balayé par l’Histoire, en rajoute une couche dans le grandiloquent de son hyperresponsabilité... une fonction dont personne n’a besoin :
« Dans un contexte où le fléau de l’antisémitisme doit être plus que jamais combattu avec force, les modalités de mise à disposition du grand public de ces écrits doivent être réfléchies avec soin »
Ah, ça sert donc à ça la résurgence de l’antisémitisme... On se disait bien qu’il devait y avoir un intérêt quelque part. Mais, au fond, et sérieusement, comment peut-on écrire ce qui précède ? Il faut avoir l’esprit bien torturé et torturant pour s’ériger en supracerveau des Français.
Il faudra des années pour purger le pays de ces tueurs d’intelligence, ces assassins de la joie et ces affamés du couperet. Cent millions d’euros pour dire que Céline « fo faire attation c pa bien », ça fait cher du slogan ! On propose aux dilcrados de ne laisser que les passages non antisémites, comme ça la réédition pourra se faire sans heurts et des pages de Céline expurgées pourront même être lues dans les écoles. Pas celle des cadavres, bien entendu.
À bon censeur, salut [1] !