On va vous avouer un secret : on confond un peu Blanche-Neige, Cendrillon et la Belle au bois dormant, ça virevolte dans notre esprit, ;
L’heureux père de Cendrillon, du Petit Poucet et de la Belle au bois dormant
On sait qu’il s’agit de jolies filles dans les 16 ans (Perrault en avait 44 quand il a marié la Marie Guichon qui en avait 19, mais on suppute qu’il l’avait connue un peu avant), qu’elles ont eu une enfance difficile ou qu’elles ont été en butte avec une marâtre, la belle-mère des familles recomposées d’aujourd’hui.
On vous parle d’un siècle, le XVIIe, celui de la splendeur française, que les plus jeunes et même les plus vieux ne peuvent plus connaître. Perrault, issu d’une famille de grands bourgeois, a été protégé par Colbert, ce génie, ce qui lui a permis de bosser à la cool et d’écrire ses fameux contes, mais sur le tard. Tout est dans Wikipédia, on n’a pas de mérite.
Ceux qu’on ne confondra avec personne, ce sont le Petit Poucet et le Petit Chaperon Rouge. Si les trois minettes de la haute s’en sortent bien, dans leur chronique familiale, avec Rouge et Poucet on est plutôt dans la chronique sociale, et sociale-féroce. On parle d’enfant abandonné, de misère, de cannibalisme, de parents perdus, un couple au chômedu-RSA tabassé par le néolibéralisme et obligé de mettre leur petit dernier à la DDASS. Et la DDASS, on sait ce que ça donne, avec les prédateurs autour, façon Coral... C’est ça ou laisser crever la grand-mère dans le froid glacial, ce que narrait Jean Carrière dans L’Épervier de Maheux (Goncourt 72), afin de pouvoir nourrir le dernier-né.
Charles, lui, était heureusement bien né, ses frères – il était le Poucet d’une fratrie de sept garçons ! – avaient tous de belles situations (aujourd’hui on dirait de gros jobs), mais c’est sur le tard, après une carrière littéraire, qu’il trouvera l’idée d’écrire ces histoires éternelles, du La Fontaine en prose, avec la moralité à la fin, quand même.
Les Contes de ma mère l’Oye sont entrés dans la mémoire collective, l’amour et la mort ça parle à tout le monde, même aux enfants. Certes, le Charlot a un peu pompé à droite à gauche, s’inspirant de contes populaires, qu’il a augmentés avec grâce et subtilité. On peut dire qu’il a achevé le game. Après lui, dans le genre, à part ces petits coquins de Frères Grimm ou d’Andersen, il n’y aura personne, en France surtout.
Si vous avez des enfants, et même si vous n’en avez pas, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Si l’année dernière vos sales gosses accros aux jeux vidéos sont entrés dans l’univers de La Fontaine, avec un an de plus, ils peuvent entrer dans le monde de Perrault, à la fois sombre et enchanté.
De plus, et là on va parler graphisme, les couvertures de Marie sont toujours aussi fabuleuses : on dirait que celle-ci a été faite il y a trois siècles. Rien que ses bleus et ses rouges, le blanc des bouleaux, cette touche sombre et enchantée... Et n’oublions pas les quarante dessins de Gustave Doré à l’intérieur. Ça donne un objet de collection, avec sa couverture en bois, enfin, solide à l’ancienne, notre Charlot national méritait ça.
Même si vous êtes analphabètes, c’est beau. Dans ce cas, vos enfants pourront vous les lire.