Le Parlement croate a adopté jeudi une motion de censure contre le Premier ministre Tihomir Oreskovic, qui entraîne la chute du gouvernement de coalition de droite après seulement cinq mois d’exercice.
Le vote relatif à la motion de censure a été sans appel : avec 125 voix contre 15 et deux abstentions, ce gouvernement éphémère, né de longues et laborieuses tractations, est tombé sans coup férir.
Il laisse en héritage une image troublée et des controverses répétées, entre exaltation des valeurs traditionnelles, nationalistes et catholiques, et accusations d’avoir voulu relativiser les crimes commis par le régime oustachi pro-nazi durant la Deuxième Guerre mondiale.
Nomination controversée
La nomination comme ministre de la Culture d’un historien accusé de révisionnisme, Zlatko Hasanbegovic, avait choqué en Croatie comme à l’étranger. La communauté juive comme la minorité serbe avaient boycotté en avril une commémoration à Jasenovac, l’« Auschwitz croate », pour protester contre ce qu’ils percevaient comme une « dérive droitière » et une tendance générale à relativiser les crimes oustachis.
Autres reproches de la société civile, la volonté supposée du gouvernement de mettre au pas les médias, de contrôler l’éducation ; la remise en cause d’acquis anciens comme le droit des femmes à l’avortement ; l’influence croissante de l’église catholique dans la société.
Homme d’affaires croato-canadien, Tihomir Oreskovic est un technicien dépourvu d’expérience politique dont la chute ne faisait plus guère de doute depuis qu’il avait perdu le soutien du HDZ, le principal parti de la très fragile coalition au pouvoir. La démission mercredi du vice-Premier ministre Tomislav Karamarko, président du HDZ, a été le coup de grâce. Il venait de quitter ses fonctions après avoir été accusé de conflit d’intérêt, sa femme Ana ayant signé un contrat de consultant en soutien à une compagnie pétrolière hongroise MOL, en conflit avec l’État croate.