Il y a double actu sur le Rwanda, en ce début mai 2024 : d’abord, « l’anniversaire » des 30 ans du début du conflit qui dégénérera en génocide, des Tutsis et des Hutus (car la guerre entre les deux ethnies ne s’est pas arrêtée en juin 1994) ; puis, de manière plus anecdotique, la proposition du Premier ministre britannique d’envoyer les migrants indésirables au Rwanda, une nouveauté de la perfide Albion.
Nous savons depuis belle-lurette, c’est-à-dire les ouvrages de Lugan sur le Rwanda, écrits avant les événements tragiques d’avril 1994, que ce petit pays d’Afrique centrale est le lieu de toutes les luttes entre les impérialismes (et leurs services de renseignement) : français, anglo-américain, sud-africain, israélien (ah, les diamants du Congo…) et ougandais. Car les Ougandais de Museveni ne sont pas de simples spectateurs, dans cette histoire. Kagame sera leur fer de lance.
Puis nous avons eu la publication, sur Kontre Kulture, de l’excellent ouvrage de Patrick MBeko, qui replace le « génocide » dans la perspective d’un affrontement entre Anglo-Américains et Français, affrontement que nous avons perdu sur le terrain de l’image, faisant de la France la complice de génocidaires hutus.
La vérité, bien entendu, est ailleurs, ou différente, et si aujourd’hui la France est en partie chassée de l’Afrique, c’est bien grâce à la stratégie de l’Empire (américain), qui voulait récupérer la Françafrique et ses richesses. La gauche française s’est fait la complice de cette opération, et sans vouloir jouer aux impérialistes façon XIXe (siècle), on peut dire que la gauche française – du type Mediapart – a au fond toujours fait le jeu des Américains. Volontairement ou pas, c’est toute la question.
Mais nos gouvernements successifs n’ont pas été plus courageux, jusqu’à Macron qui s’est rabaissé et a rabaissé la France devant Kagame (la France avait eu des « responsabilités », mais n’a « pas été complice »), qui est aussi un génocidaire ! Les médias antifrançais de chez nous (!) se sont jetés sur la pâtée empoisonnée par les Américains, et ont empoisonné le grand public avec une story hollywoodienne où l’Amérique a le beau rôle et la France le mauvais.
C’est d’ailleurs dans le domaine culturel que l’hypothèse antifrançaise est devenue « vraie ». Dans aucun des films documentaires ou de fiction la position américaine n’est révélée ni critiquée ; en revanche, les Français sont porteurs de tous les maux, jusqu’à la complicité de crimes contre l’humanité. Un travail parfait de l’appareil d’État américain.
Maintenant, avec le colonel Robardey, remarquablement informé en termes de politique visible et de politique profonde, entrons dans la complexité de ce dossier...