La crise de l’euro semble s’accélérer. Les acteurs du marché réagissent de plus en plus rapidement aux déclarations et aux décisions des eurocrates.
Une ruée bancaire en slow motion a débuté depuis l’année dernière, et l’anxiété augmente sur les marchés. Pour Matthew Lynn, de Market Watch, la zone euro va bientôt se disloquer. Lynn pense que cela pourrait avoir lieu dès cet été, et que c’est l’Espagne qui pourrait mettre le feu aux poudres :
1. Le Spanic (pour « panic in Spain » / Panique en Espagne) Cette panique surviendra lorsqu’il deviendra évident que les 100 milliards d’euros du sauvetage espagnol sont très insuffisants pour résoudre les problèmes du pays et que l’économie continue de se contracter sous la pression de la récession et les coupes budgétaires. Cette année, on s’attend encore à une récession de 1,7% en Espagne, et le marché immobilier continue de s’effondrer.
En outre, on ne sait toujours pas d’où viendra l’argent du sauvetage espagnol, et combien il aurait fallu en réalité. Si le plan de sauvetage échoue, la ruée bancaire pourrait brutalement s’accélérer pour se transformer en véritable mouvement de panique.
2. Le Quitaly (pour "Italy’s quitting" / L’Italie part) Le sauvetage de l’Espagne renforce la pression que l’Italie subit sur les marchés financiers. Les banques espagnoles bénéficient de prêts au taux de 3%, tandis que les banques italiennes et le gouvernement doivent se financer à des taux de 6%. Etant la troisième économie de la zone euro, l’Italie doit contribuer pour 22% au plan de sauvetage espagnol. Il est probable que l’Italie va réclamer le même traitement de faveur que l’Espagne, et qu’à défaut de l’obtenir, elle commence à menacer de quitter la zone euro, ce qui provoquera encore plus de chaos sur les marchés.
3. Le Fixit (pour "Finnish exit" / sortie finlandaise) La crise atteindra son point culminant lorsqu’un des membres de la zone euro annoncera son départ. Et ce sera très probablement la Finlande, affirme Lynn. La Finlande est un petit pays avec une économie forte qui pourrait même mieux se débrouiller hors de la zone euro qu’à l’intérieur. Au contraire de l’Allemagne, le pays ne retire pas de bénéfices substantiels à son adhésion à l’euro, et n’a rien à redouter de son départ. Sur le plan politique, le parti anti-euro des Vrais Finlandais a obtenu de bons résultats lors des dernières élections, et il pourrait continuer de progresser.
Si les Finlandais quittaient la zone euro, c’est la fin de la monnaie unique. Après le départ d’un premier pays, il sera plus facile pour d’autres de quitter volontairement la zone euro.
Bien entendu, les choses ne se passeront pas sans douleur et il est probable que ce scénario, s’il devait se réaliser, s’accompagnera de chaos et d’agitation sur les marchés. A ce moment-là, assurez-vous de ne conserver dans votre portefeuille que des dollars, de l’or et des francs suisses, conseille Lynn. Parce que le reste n’aura quasiment plus aucune valeur.