Il était 11 heures du soir lorsque des hommes armés ont fait irruption dans la hutte de M. Kazungu Ziwa, ont mis une machette sur sa gorge et ont baissé d’un coup sec son pantalon. M. Ziwa est un homme de petite taille, d’environ 1,40 M.
Il a essayé de se défendre, mais explique qu’il n’a rien pu faire. « Et alors, ils m’ont violé. C’était horrible, physiquement. Ma tête tournait. Je n’arrivais plus à penser à rien. », raconte-t-il dans le New York Times. Depuis, il ne s’intéresse plus à rien. « Rien que penser à ce qui m’est arrivé me fatigue », explique-t-il.
Cela fait des années que des atrocités sont commises à l’Est du Congo. Des centaines de milliers de femmes ont été agressées sexuellement par les différentes milices belligérantes.
Récemment, des factions de rebelles ont organisé d’atroces raids en représailles de l’arrestation du général Laurent Nkunda. Les rebelles ont chassé 500.000 personnes de leurs villages, et en ont massacré des centaines d’autres. Ils ont jeté des bébés dans le feu.
Sur les derniers mois, les organisations caritatives ainsi que les Nations Unies ont constaté une augmentation brutale des cas de viols d’hommes et de castrations. Souvent, les victimes répugnent à parler de ce qui leur est arrivé, ce qui complique le comptage, mais l’American Bar Association, qui gère un institut médico-légal à Goma, rapporte que 10% des cas de viols connus en juin concernaient des hommes, et on parle déjà de centaines de cas.
« L’identité des hommes est reliée au pouvoir et au contrôle », explique Brandi Walker, qui travaille à l’hôpital Panzi proche de Bukavu. Et comme l’homosexualité est un grand tabou, au congo, le viol est vécu comme une plus grande humiliation.
Les hommes qui en ont souffert sont brisés dans leur identité d’homme, et ont plus de mal à s’en remettre que les femmes. Bien souvent, ils sont rejetés de leur communauté, et même de leur famille.
« Je crois savoir que le monde a honte de ce qui s’est passé au Rwanda en 1994 », dit Denis Mukwege, un des médecins qui dirigent l’hôpital Panzi, faisant référence au génocide du Rwanda. « Mais est ce que le monde ne devrait pas se sentir coupable avec ce qui se passe au Congo aujourd’hui ? »