Il était écrit que ces deux-là finiraient par se rencontrer, et se heurter. Malgré le respect que le vicomte doit aux dames, il rentre dans le chou du ministre de l’Éducation nationale socialiste à l’occasion de la dernière sortie en date de la petite Marocaine aux pieds nus, cette légende rurale, qui lance les cours d’arabe à l’école (française). Le dossier est épineux, symbolique, et électoral, trois raisons de prendre feu dans la France pré-insurrectionnelle de 2016.
Avant d’entrer dans le duel politique, écoutons cette directrice d’école témoigner (assez brutalement) de l’enseignement de l’arabe à l’école, dit aussi ELCO (enseignements de langue et de culture d’origine) qui existait avant Belkacem et qui était destiné aux ZEP (avril 2016) :
À l’Assemblée nationale, la droite avance que les ELCO ont subi une certaine dérive, ce à quoi Belkacem répond (mai 2016) :
D’abord, la provocation de Belkacem n’est pas qu’une provocation. Elle ne fait qu’appliquer les ordres du président Hollande, qui est prêt à mettre le feu au pays entier du moment qu’il peut passer le premier tour en 2017, sauf si le CRIF a décidé que ce serait Manu (Valls, pas Macron). Pour la gauche socialiste, il s’agit d’une énième tentative de récupérer le vote arabe, dit aussi vote des banlieues, des quartiers, ou de la diversité, pour l’élection présidentielle. En matière de culot, ou de chutzpah, Sarkozy est battu à plate couture.
C’est à Creil, en Picardie, que l’enseignement de l’arabe fait sa rentrée au collège, comme nous l’explique Le Parisien du 16 octobre 2016.
Longtemps mis de côté, cet enseignement a fait son entrée dans les collèges Gabriel-Havez et Jules-Michelet, à Creil. Une première dans l’Académie d’Amiens. Cette expérimentation est menée par le biais des dispositifs bi-langues, qui permettent d’apprendre deux langues vivantes dès la 6e. « C’était l’opportunité de concevoir un enseignement cohérent, décrypte Jacky Crépin, directeur de l’académie. L’idée est de traiter enfin l’arabe comme toute autre langue vivante. »
« Beaucoup pensent que la langue arabe est enseignée différemment, alors qu’elle l’est au même titre que l’anglais ou l’allemand », insiste Pierre Pompier, principal au collège Gabriel-Havez. Dans son établissement, ils sont 23 à suivre l’option anglais-arabe, tandis qu’à Jules-Michelet, la classe compte 18 élèves.
On rappelle que l’arabe est parlé dans 22 pays, et que la population française d’origine arabe compte dans les 5 ou 6 millions de personnes, on ne sait pas trop. Les identitaires avancent le nombre de 10 millions (pour effrayer le Français moyen), les statistiques officielles de l’immigration disent 8,9% d’une population de 65,8 millions d’habitants, en majorité d’origine africaine, soit un peu moins de 6 millions d’individus. Auxquels il faut ajouter 6,4% de nationalité étrangère, soit 4,21 millions d’étrangers sur le sol national. Effectivement, le tout fait dans les 10 millions, mais avec 60% de Français et 40% d’étrangers. Source de confusion... politique. Les uns votant, les autres pas.
Si l’on considère l’arabe en France comme une langue étrangère, à l’instar de l’anglais ou de l’allemand, il n’y a rien à dire. Si l’on considère que l’enseignement de l’arabe dans les petites classes va favoriser le communautarisme qui plombe les banlieues, alors là il y a problème. Peut-on apprendre l’arabe alors qu’on parle mal le français ? Le Parisien, qui est clairement une extension du ministère de l’Intérieur, donne la parole à deux témoins qui vont dans le bon sens :
À la sortie des classes, le ressenti des parents est positif. « J’ai connu l’époque où l’on se cachait presque pour prendre des cours d’arabe alors c’est vraiment une bonne chose », sourit Farouk, père d’une collégienne. « Enfin ! », lâche Sophie, mère d’un enfant de 13 ans. « C’est positif de clarifier cet enseignement qui ne méritait pas d’être mis de côté. Surtout dans la période actuelle. »
La thématique de l’école était déjà brûlante ; en versant l’idée des cours d’arabe dessus, c’est carrément l’incendie. C’est ce que dénonce Philippe de Villiers à TV Libertés :
.@PhdeVilliers
Quand Najat #VallaudBelkacem (membre du Conseil de la communauté marocaine) « met l'arabe dans le primaire, elle est logique » pic.twitter.com/3KaNDLuR6o— Marc Herstalle ⑬ (@herstalle) 21 octobre 2016
Reconnaissons que le ministre incriminé n’est pas vraiment une spécialiste de la langue française :
Quand la com' te met une phrase de plus de cinq mots, sans novlang, au milieu de ton discours...#SuivezMonRegard pic.twitter.com/pxGdJSfsWb
— Groupe J.-P. Vernant (@Gjpvernant) 10 octobre 2016
Ceci étant dit, il est bon que ces dossiers chauds soient sur la table de la République. Il n’y a pas de tabou, on doit pouvoir discuter de tout, qu’on soit du côté de Najat ou de Philippe. Et trouver des solutions, qui prennent en compte les points de vue de ces deux pôles, ce qu’ils représentent, et leur vision de la France. Il n’y a pas de points de vue opposés irréconciliables.