Aux États-Unis, les études coûtent très cher et prennent une place importante dans l’endettement de nombreux foyers. En pleine crise économique, des millions de jeunes américains s’interrogent sur le véritable intérêt d’une telle dépense.
Prêts étudiants, subprimes : même combat ?
Des millions d’étudiants américains vont être rassurés. Le Congrès s’est finalement prononcé contre le doublement des taux d’intérêt des prêts étudiants. Une manœuvre qui soulagera de nombreuses familles, aux dépens de l’Etat qui règlera lui-même une facture de 6 milliards de dollars. Le taux d’un emprunt étudiant américain restera donc de 3,4%, et n’atteindra pas le seuil de 6,8% comme prévu auparavant pour entrer en vigueur le 1er juillet 2012.
Le problème du financement des études est un dossier sensible aux Etats-Unis. Lorsqu’ils sortent d’école, les nouveaux diplômés ont cumulé une moyenne de 25 000 dollars de dettes. D’après la FED (Réserve fédérale économique), l’endettement des étudiants ne cesse d’augmenter depuis quelques années. C’est d’ailleurs le deuxième poste d’endettement des ménages américains, immédiatement derrière le logement et devant les crédits à la consommation.
Des crédits de plus en plus longs à rembourser
Il y a quelques années, les étudiants diplômés avaient de grandes chances de trouver rapidement un travail et pouvaient ainsi accélérer le remboursement de leurs dettes. Mais les temps ont changé et le chômage touche de nombreux jeunes, pourtant bien diplômés. Le niveau de vie augmentant, le remboursement des dettes étudiantes sont ensuite souvent inenvisageables. Un problème grandissant, qui décourage de nombreux Américains.
Comme pour en rajouter au problème, l’augmentation des frais de scolarité est générale. En trente ans, les universités d’Etat, dont l’inscription annuelle pouvait coûter 6 000 dollars dans les années 80, s’élève désormais à 14 000 dollars. Pour les établissements privés, l’inscription est passée de 13 000 à 32 000 dollars.
Le cabinet d’offre de crédit Equifax conseille désormais aux étudiants d’aller travailler à l’étranger (le Canada offre notamment de meilleures perspectives d’avenir).
Arrêter ses études : une solution ?
Les difficultés sont telles qu’ils sont désormais nombreux à inciter les jeunes à arrêter leurs études. Une décision lourde de conséquences pourtant soutenue par de grands businessmen. C’est le cas de Peter Thiel, créateur (immensément riche) du site de paiement en ligne Paypal, aujourd’hui à la tête d’un fond d’investissement et d’une société de capital-risque.
Pour lui, ce problème américain est une véritable « bulle économique ». Trop de qualifications, trop de diplômés et le système est entièrement bloqué. Une comparaison qui rappelle la trop célèbre crise des subprimes.
Peter Thiel veut par ailleurs ouvrir un « débat national » sur l’intérêt des diplômes. L’homme d’affaires souhaite dénoncer une sorte d’automatisme qui pousse les étudiants à poursuivre de longues études. « Il faut arrêter de faire des études par automatisme, s’interroger sur leur but. Les études sont devenues une façon d’éviter de se demander ce qu’on veut faire ».
Peter Thiel estime que ces millions d’emprunts étudiants sont de véritables « boulets » qui ne seront pas remboursés pendant des années. A quoi bon faire de longues études, si c’est pour s’endetter pour le reste de sa vie ? Grâce à sa fondation, ce dernier a créé une bourse de 100 000 dollars à destination de vingt jeunes portés par un projet intéressants. Grâce à cette bourse, les jeunes s’engageront donc à ne pas aller à l’université pendant deux ans afin de se consacrer pleinement à leur projet.
Des avantages non négligeables
De nombreux chercheurs insistent néanmoins sur les effets bénéfiques des études supérieures. Suzan Dynarski, chercheuse à l’université du Michigan a expliqué dans le Figaro qu’un Américain diplômé gagnera (en moyenne) 650 000 dollars de plus qu’un autre sur toute sa vie. Ainsi, même si les prix flambent, il est toujours plus intéressant financièrement de faire des études supérieures. Le taux de chômage est également deux fois moins important chez les diplômés que chez ceux qui ont écourté le temps de leurs études.
Enfin, ce sont dans les « avantages » offert par les entreprises que le fossé se creuse entre ces deux catégories d’Américains. Les diplômés auront plus souvent accès à une meilleure mutuelle, une meilleure pension de retraite…L’abandon de leurs études peut finalement coûter bien cher aux Américains.