L’université de Tulsa propose un programme appelé « Cyber Corps » qui se déroule en deux années où les étudiants apprendront à espionner le cyberespace. Les étudiants maîtriseront de nombreuses compétences comme l’écriture de virus, hacker des réseaux sans fil, cracker des mots de passes, retirer des informations de terminaux abîmés.
Mais plus étonnamment, ils apprendront aussi à fouiller les poubelles, dissimuler un trackeur sur une voiture, diffuser de fausses informations sur Facebook. La plupart des diplômés rejoignent ensuite la CIA, le FBI et la NSA.
Par ailleurs, en mai dernier, la NSA a décerné [à l’université de Tulsa] l’un des quatre titres de Centre national d’excellence académique en cyberopérations. Les trois autres étant l’université de Northeastern à Boston, l’école Navale de troisième cycle à Monterey, l’université de Dakota à Madison.
Pour être accepté dans ce programme, il faut être citoyen américain et avoir la capacité d’accéder au niveau de sécurité top secret, au minimum.
L’Europe et la France auraient-elle une longueur… de retard ? Il semble que oui ! En France nous sommes très compétents dans l’enseignement de l’Intelligence économique et stratégique (IES), mais ce n’est pas comparable au programme Cyber Corps. Ce dernier flirte avec la zone noire de l’information, alors que l’IES reste dans les zones grises et blanches, donc légales [1] . Et puis l’IES se positionne plutôt comme outil de stratégie et de veille et non comme méthode d’espionnage. On peut parler pour l’IES de contre-espionnage économique, pas plus.
Faut-il imaginer un enseignement français, officiel, donc bien encadré, comparable au programme Cyber Corps ? L’actualité semble indiquer que oui. L’IHEDN [Institut des hautes études de défense nationale, ndlr] est en très bonne place dans l’enseignement en IES, figurant d’ailleurs dans le guide récemment édité par le Routard ; avec la délégation interministérielle à l’intelligence économique, les CCI [chambres de commerce et d’industrie, ndlr] et l’ordre des experts comptables, sur le sujet, dans la rubrique des centres de formation « réputés » !
Il y a nécessité aujourd’hui de pousser l’enseignement plus loin, pour faire face aux méthodologies plus intrusives qui se mettent en place. L’avantage du Cyber Corps, c’est qu’il est connu, officiel, piloté par une nation alliée. Mais il faut savoir que nombre de pays façonnent déjà ces programmes, mais de façon secrète.