Une intervention de Tony Martin, historien américain proche de la Nation of Islam et professeur émérite au Wellesley College (où il a été membre fondateur du département d’études africaines), lors d’un colloque organisé en 2002 par l’Institute for Historical Review.
À relire absolument :
le premier échange Soral/Dieudonné (avril 2002),
extrait de l’ouvrage Abécédaires de la bêtise ambiante
le premier échange Soral/Dieudonné (avril 2002),
extrait de l’ouvrage Abécédaires de la bêtise ambiante
ESCLAVAGISME
Dieudonné et l’esclavagisme
L’ex-comique Dieudonné utilise désormais ses passages télé hors promo pour fustiger l’esclavagisme blanc.
Pour que cesse cette énième rente de culpabilisation communautaire, je vais démontrer à l’inculte – et désormais pas drôle – Dieudonné qu’il a plus de chances de descendre d’un marchand d’esclaves que moi.
Moi, Savoyard, fils et petit-fils de Savoyard, descendant d’une lignée de montagnards qui quittèrent leur vallée pour la première fois dans les années 50 (exode rurale), comme le firent la plupart des Français : fils de paysans, d’ouvriers, exploités par leurs élites minoritaires, aristocrates puis bourgeoises. Moi dont les frères savoyards, montés à Paris au XIXe siècle pour y ramoner les cheminées, furent sans doute victimes du racisme anti-pauvre, anti-plouc de la part des bourgeois et Parisiens de souche.
Il est très possible, en revanche, que le désormais nanti Dieudonné, propriétaire d’un théâtre et membre à part entière du show-biz, descende de son côté d’une tribu côtière d’Afrique spécialisée, à l’époque où mes ancêtres vivaient paisiblement dans les montagnes, dans la capture d’autres Noirs de tribus de l’intérieur des terres, vendus aux représentants de quelques familles de Nantes ou de Bordeaux, enrichies comme Voltaire dans le commerce du bois d’ébène...
Et même si Dieudonné est un Antillais, petit-fils de déporté, et même si j’étais, moi, fils de bourgeois nantais, l’esclavagisme n’est pas, et n’a jamais été, l’apanage des Blancs, mais le mode de production de toute l’Antiquité. Un mode de production encore en vigueur il y a peu en Afrique et dans le monde arabe. Esclavagisme auquel la civilisation des Blancs fut la première à mettre un terme au moment de la Révolution française.
Mais que Dieudonné ne se culpabilise pas d’appartenir à une race d’esclavagistes sortis depuis peu, et de force, d’un régime tribal fondé sur la razzia. Car si ceux qu’il appelle vulgairement les Blancs (catégorie qui recouvre en réalité des exploiteurs et des exploités – des Noirs de situation en somme) n’existent pas, les Noirs n’existent pas non plus. Le niveau de développement culturel des tribus d’Afrique ne permettant pas aux Yoruba et aux Ashanti d’éprouver la moindre affinité ; encore moins de concevoir la moindre appartenance à la grande communauté des Noirs.
Comme l’a magistralement démontré le grand intellectuel africain Stanislas Spero Adoveti, la négritude est une invention des fils des élites africaines, collabos des colons, envoyés faire leurs études à la Sorbonne à partir des années 30 ; un ethnocentrisme importé, un concept blanc.
Me permettrais-je de supposer, en guise de chute, que si Dieudonné s’énerve sur le populo français, celui-là même qui en a fait une vedette de notre beau pays si peu raciste, en payant pour voir ses spectacles, c’est peut-être parce qu’il lui démange de montrer du doigt la communauté logiquement désignée par sa revendication d’une plus juste représentation des « communautés visibles » ?
Une « communauté invisible » certes sur-représentée dans le show-biz en termes de quotas, mais à laquelle il doit aussi son doux statut de rigolo.
Le texte est disponible dans l’ouvrage classique d’Alain Soral
Abécédaires de la bêtise ambiante !