Comme nous l’avons vu dans un billet récent sur le WWF, les militants écologistes peuvent, dans un premier temps, taper sur les entreprises car « elles polluent la planète », et, dans un deuxième temps, leur proposer leurs conseils et formations pour améliorer leur image verte, évidemment contre rémunération. Mais le WWF, coutumier des partenariats avec les entreprises, n’est pas seul à s’engager sur cette voie lucrative.
C’est ainsi le cas de l’ancien boss de Greenpeace, Bruno Rebelle. Ce dernier a en effet dirigé Greenpeace France entre 1997 et 2003, avant de devenir n°2 de Greenpeace International et cela jusqu’en 2006. En 2007, il crée sa propre entreprise – Bruno Rebelle Conseil – dont il est le gérant et l’unique salarié.
Avec sa boîte, il compte faire profiter aux collectivités locales et aux entreprises sa précieuse expérience dans le monde écolo. Parmi ses premiers clients, il y a notamment McDonald’s ! Concernant le géant américain du hamburger, Rebelle s’explique : « Greenpeace a toujours titillé les grandes entreprises, notamment McDonald’s, Unilever et Coca Cola, qui avaient été la cible de Greenpeace au moment des JO de Sidney. On avait réussi à les forcer de changer leur système de réfrigération, trop nocif. Ensuite, McDo a décidé de s’engager sérieusement pour l’environnement (suite, entre autres, au combat de José Bové). Par exemple, via une importante réduction des émissions des gaz à effet de serre… Je suis là pour les y aider. C’est une entreprise qui doit et peut s’améliorer et autant l’accompagner. » Autrement dit, McDonald’s en avait assez de se faire taper dessus par les écologistes comme Greenpeace, alors ils ont fait appel à leur ancien patron pour savoir comment obtenir une Paix Verte. Outre McDonald’s, Rebelle conseille aussi l’Association des Régions de France, Gaz Electricité de Grenoble, Ville de Villeurbanne, Véolia Environnement, Groupe Carrefour, etc., précisant dans la foulée : « Mais ce n’est pas la liste des entreprises qui est importante, c’est l’éthique : je ne fais pas de “greenwashing”, je travaille en profondeur. » O n’en doute pas ! Et avec un chiffre d’affaires de 188.000 euros pour 2008, il semble que Bruno Rebelle Conseil démarre plutôt bien.
Mais Bruno Rebelle n’est pas le seul ancien de Greenpeace à réussir dans le marketing vert. Emmanuelle Brisse, par exemple, a été directrice de communication de Greenpeace entre 2005 et 2008, après avoir travaillé pendant 10 ans en tant que journaliste à France 3 et Canal +. Il est certain que son carnet d’adresse dans le monde médiatique a dû être très utile à l’ONG écologiste. Or en février 2008, elle quitte Greenpeace pour devenir la directrice de la communication de l’agence DDB Paris, le 3ème groupe de communication en France et… dont Greenpeace est un client très régulier. Et puis surtout, Emmanuelle Brisse rejoint, toujours en 2008, l’entreprise Synergence où elle est jusqu’à ce jour directrice du Pôle environnement. Synergence, avec 4,5 millions d’euros de CA et 35 personnes, se dit occuper « une des premières places en France dans le domaine du conseil en développement durable ». C’est cette agence qui est notamment en charge de la communication environnementale de… McDonald’s. Ah bon ? Marcherait-elle sur les plates-bandes de Bruno Rebelle ? Non, rassurez-vous ! En avril 2009, Bruno Rebelle est devenu l’associé et directeur général de Synergence. Comme quoi les écologistes ont raison : la planète est vraiment petite !