Les Islandais ont massivement rejeté par référendum samedi l’accord financier Icesave, le non l’emportant avec plus de 90 %. "Les chiffres initiaux indiquent clairement que la version amendée en décembre de la législation Icesave d’août 2009 va être rejetée", a constaté le gouvernement islandais dans un communiqué publié après la fermeture des bureaux de vote.
Selon des résultats portant sur 50% des bulletins dépouillés, le non a recueilli 93,6 % des suffrages exprimés contre 1,5 % pour le oui, a annoncé la chaîne de télévision publique RUV. Le premier ministre islandais de centre-gauche, Johanna Sigurdardottir, qui avait prévenu qu’elle ne voterait pas ce samedi, a exclu de démissionner à l’issue du scrutin. "Cela n’a pas d’impact sur la vie du gouvernement", a-t-elle dit à la télévision publique. "Nous devons continuer et terminer le débat sur Icesave. Nous devons arriver à un accord.""Le résultat peut être interprété comme un cri de défi ou comme une conclusion écrite d’avance", a déclaré le ministre des affaires étrangères Ossur Skarphedinsson à la presse après l’annonce des premiers résultats. Le Fonds monétaire international s’est abstenu de tout commentaire. "Nous n’avons pas de commentaires sur l’Islande", a déclaré une porte-parole du FMI.
Un an après la "révolution des casseroles" qui avait poussé à la démission le premier ministre conservateur Geir Haarde, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés à Reykjavik aux cris de "Pas d’Icesave. Pas de traîtres au pouvoir. Le pays est innocent" ou "Sauvez plutôt nos maisons". Environ 230 000 électeurs étaient appelés à se prononcer sur un accord organisant le remboursement d’ici à 2024 par Reykjavik de 3,9 milliards d’euros avancés par Londres et La Haye pour indemniser leurs citoyens lésés par la faillite de la banque sur Internet islandaise Icesave en octobre 2008. La participation, dont les chiffres définitifs devaient être annoncés dans la nuit, n’était que de 54,5 % une heure avant la fermeture des bureaux de vote, moins élevée que lors des élections législatives d’avril.
La perspective d’un non, jugé difficilement évitable dès la convocation du référendum par le président islandais début janvier, a poussé Reykjavik à tenter ces dernières semaines — jusque-là en vain — de trouver un nouvel accord avec Britanniques et Néerlandais. Le gouvernement islandais a indiqué samedi soir qu’il allait "continuer dans les prochains jours ses efforts déterminés pour trouver une solution satisfaisante" avec Londres et La Haye sur Icesave. "Nous allons faire une pause pendant quelques jours", a cependant indiqué le chef de la diplomatie, interrogé sur les intentions de son gouvernement. A La Haye, un porte-parole du ministère des finances s’est dit "déçu" que l’accord entre les Pays-Bas, l’Islande et le Royaume-Uni "ne soit pas encore entré en vigueur", tout en estimant qu’il s’agissait d’une "affaire interne" à l’Islande.