En instaurant, le 23 novembre, une zone d’identification de défense aérienne englobant les îles Senkaku/Diaoyu, pourtant sous souveraineté japonaise, la Chine a misé sur une politique du fait accompli et cherché l’épreuve de force.
Dans un premier temps, et sans doute pour éviter un destin similaire à celui du Boeing 747 de la Korean Airlines, abattu par les Soviétiques en 1983, les compagnies aériennes nippones, Japan Airlines (JAL) et All Nippon Airways (ANA), ont décidé de se conformer aux exigences des autorités chinoises en leur communiquant préalablement leurs plans de vol et en maintenant les communications radio afin de répondre de "façon rapide et appropriée" à leurs "requêtes d’identification" lors du survol de la zone contestée.
Bien évidemment, le gouvernement japonais n’a que fort peu goûté la décision de ces deux compagnies aériennes, qui ont finalement fait machine arrière en ne communiquant plus, depuis la nuit dernière, leurs plans de vol à Pékin. D’autres pays ont prévenu qu’ils n’entendaient pas se plier aux exigences chinoises liées à cette zone de défense aérienne. C’est notamment le cas de la Corée du Sud et de Taïwan. L’Australie a convoqué l’ambassadeur chinois pour explications.
Quant aux Etats-Unis, proches alliés des pays concernés, ils ont joint la parole aux actes. Le 26 novembre, deux bombardiers stratégiques B-52, non armés, ont décollé de leur base situé sur l’île de Guam, pénétré cette fameuse zone d’identification chinoise dans laquelle ils ont fait des ronds pendant près d’une heure avant de retourner, sans avoir été inquiétés, à leur point de départ. Comme l’on s’en doute, l’US Air Force n’a évidemment pas communiqué le moindre plan de vol.
Un porte-parole du Pentagone, le colonel Steve Warren, a expliqué qu’il s’agissait d’un "exercice prévu de longue date". Et d’ajouter : "Aucun plan de vol n’a été déposé au préalable auprès de la Chine et la mission s’est déroulée sans incident. Les deux avions sont restés moins d’une heure dans la zone aérienne d’identification décrétée unilatéralement par Pékin" et que l’administration américaine qualifie d’incendiaire.
Et manifestement, la petite balade des deux bombardiers n’a pas donné lieu à des "mesures de défense d’urgence", pourtant annoncées par Pékin en cas de violation des règles imposées dans la zone d’identification.
Aussi, les autorités chinoises n’ont pas manqué de réagir en affirmant que "l’armée chinoise a surveillé dans son intégralité le processus (de vol des B-52), a procédé dans un délai adéquat à l’identification (des appareils) et a établi de quelle sorte d’avions américains il s’agissait. (…) La Chine a la capacité d’exercer un contrôle efficace de son espace aérien".
A moins que des photographies prises à l’insu des aviateurs américains soient diffusées prochainement, comment a-t-elle fait pour identifier les appareils sans envoyer de patrouille aérienne à leur rencontre ? Mystère. Car le Pentagone a assuré que les deux bombardiers n’avaient rencontré personne en cours de route. En tout cas, il fallait bien trouver quelque chose pour sauver la face…
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