Manuel Valls devrait peut-être relire Victor Hugo. Et méditer ces deux vers, tirés du poème Après la bataille : « Le coup passa si près que le chapeau tomba / Et que le cheval fit un écart en arrière. » Cette histoire, c’est un peu la sienne dans l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy.
Christiane Taubira a été malmenée au front de la polémique, Matignon a dû lui porter secours, même l’Élysée a fini par trembler. S’il y a un miraculé, un seul, dans cette séquence, c’est bien lui, le ministre de l’Intérieur. La communication désastreuse de sa collègue garde des Sceaux, empêtrée dans un mélimélo de dates et de contradictions, a occulté ses silences et ses explications peu convaincantes.
[...] Quand l’affaire des écoutes éclate, le 7 mars, il choisit d’abord la discrétion, au risque de passer une fois de plus pour un expert dans l’art de se faire oublier par gros temps. N’avait-il pas agi de la sorte lors du scandale Cahuzac, au début de 2013 ? À l’époque, alors que le ministre du Budget est accusé d’avoir un compte en Suisse et fait l’objet d’une enquête, Valls disparaît un moment des écrans.
Dans un genre différent – il n’y avait pas, cette fois, d’investigations policières, mais un problème de sécurité –, les révélations sur la liaison entre le président François Hollande et l’actrice Julie Gayet, en janvier dernier, l’ont conduit à jouer à nouveau les « Monsieur Je-ne-sais-rien ». Pareille posture s’explique peut-être par un souci d’image, de maîtrise du « message ».
Dans leur livre Valls à l’intérieur (Robert Laffont), les journalistes Laurent Borredon et David Revault d’Allonnes écrivent :
« Tout doit être lisse, net, immaculé. Jamais la moindre tache. Le ministre ne plaisante pas avec cela, et son équipe y veille jalousement, parfois en montrant les dents. Le vallsisme est avant tout une organisation sans faille, entièrement dévolue à la promotion politique de son leader. »