Certains pourraient douter du décalage entre l’inceste subi, qui a duré de 10 à 14 ans pour l’actrice, aujourd’hui âgée de 60 ans, et la révélation du crime, car il s’agit d’un crime, n’en doutez pas : il y a un effet de mort cérébrale, d’ailleurs Emmanuelle Béart le dit très bien dans Un silence si bruyant.
Le décalage – 50 ans ici – est normal dans les cas de viols, car pour survivre à un tel traumatisme, a fortiori quand on est enfant, l’esprit l’enfouit profondément dans la mémoire. Il ressort un jour, et, entre-temps, provoque des dégâts à la fois physiques, psychiques et comportementaux (drogue, dépression, révolte, autodénigrement). On résume la psychopathologie du truc, bien sûr.
Ainsi, l’actrice qui s’est révélée au cinoche dans la saga pagnolesque Manon des Sources en 1986, réalisé par Claude Berri, l’intouchable parrain du cinéma français, un amateur d’art et de jeunes filles, a coréalisé un documentaire sur l’inceste avec une certaine Anastasia Mikova.
Anastasia, l’ex-« collègue » de l’écolo Yann Arthus-Bertrand, est une féministe pro-climat qui est devenue réalisatrice en posant sa caméra devant 700 femmes et en les laissant parler de tout et de rien, un exploit. Elle a aussi réalisé des docs sur les méchants dictateurs pour Canal+. Et elle est franco-ukrainienne, ce qui ne gâche rien en Macronie antirusse.
Emmanuelle Béart, protectrice des sans-papiers, est une « fille de ». Son père était l’auteur-compositeur (et homme de télé, on l’oublie souvent) Guy Béart, d’origine juive égyptienne, de son vrai nom Guy Béhart-Hasson, qui a connu un grand succès dans les années 60 avant l’avènement de Serge Gainsbourg, qu’il abhorrait, et c’était réciproque.
Emmanuelle a été propulsée très jeune, comme la fille Trintignant, dans le monde du cinéma. Elle tourne dès l’âge de 8 ans dans les films d’amis de sa mère, qui en avait beaucoup. Les enfants de pères différents couraient dans tous les sens, Emma n’aimait pas l’école, bref, c’était l’éducation à la mode Mai 68. À la Cohn-Bendit, si vous voyez le genre.
On ne va pas paraphraser Wikipédia, à qui on n’a pas versé d’obole – ils font la manche actuellement – parce qu’ils ont éradiqué les comptes de beaucoup d’auteurs Kontre Kulture. C’est vraiment des idiots de faire ça, on se demande s’ils bossent pour l’intelligence universelle ou pour le pouvoir profond.
Avant de parler de la rencontre entre Emmanuelle et David Hamilton, petit détour par Guy, dont la rumeur en fit l’amant de Claude Pompidou, quand même la première dame, un peu comme si Brigitte se tapait Benjamin Biolay, si vous voyez le tableau. Claude est revenu(e) dans l’actu à la faveur d’un article saisissant d’E&R. Même nous on a été scotchés au plafond, et pourtant on en a vu.
Et maintenant une citation de l’encyclopédie du pouvoir profond :
En 1983, à 20 ans, de retour en France, elle suit brièvement les cours d’art dramatique de Jean-Laurent Cochet à Paris. Elle impressionne David Hamilton par sa beauté, lequel lui offre, au bout de trois mois, son premier rôle dans son film érotique Premiers Désirs. Elle enchaîne avec Un amour interdit, de Jean-Pierre Dougnac, en 1984, rôle qui lui vaut de concourir pour le César du meilleur espoir féminin en 1985. Sa carrière d’actrice de cinéma, de télévision et de théâtre est lancée.
- La nuit des César...
On rappelle qu’au théâtre Emma a joué sous Stanislas Nordey, le fils Mocky (il la mettait en scène), qui fut le compagnon subventionné de Valérie, la fille de Jack Lang, qui décédera à 47 ans. La suite c’est Manon, le César, la gloire, et le splendide Daniel Auteuil.
Et puis boum, un suicide esthétique avec une chirurgie labiale à 27 ans qu’elle regrettera toute sa vie. Elle était charmante, elle devient une caricature. Même le phrasé est touché.
Qui c’est qui fourre ces idées dans la tête des actrices ? Les agents ? Les producteurs qui veulent plus de lèvres, de seins, de fesses ? À partir de ce jour, à part son surgissement à 40 ans en une du magazine Elle, avec un cul et des seins du tonnerre de Zeus, son étoile a pâli.
L’hebdo s’arrache comme des petits pains, et Emma a le culot de dire que c’est « une photo féministe ». Marion Ruggiéri dans C à vous commente le tremblement de terre médiatique, sans comprendre l’allusion de Plantu aux obsessions de Raffarin :
« La Une provoque carrément un séisme, à l’époque les ventes explosent. Tout le monde en parle, les femmes plébiscitent cette couverture. Je me souviens même d’un dessin de Plantu en Une du Monde où l’on voit Jean-Pierre Raffarin qui ne fait plus rien et qui passe son temps à lire Elle. On est en plein chaos social et tous les jours pendant une semaine, Plantu dessine Raffarin qui savoure dans la contemplation. C’était vraiment un fait marquant. » (Télé 7 Jours)
On pourrait voir un rapport entre le trauma sexuel, le parcours érotique (pour une actrice, c’est souvent le cas, sauf pour Yolande Moreau ou Corinne Masiero) et l’audace de se foutre à poil devant toute la France (avec de grosses retouches photo), mais nous ne sondons pas les cœurs et les âmes.
Il reste qu’à 20 ans, Emma rencontre David Hamilton, qui flashe sur elle. Et David est ce prédateur qui a été dénoncé par l’animatrice radio et télé Flavie Flament, l’ex de Benjamin Castaldi (dont la mère Catherine Allégret a subi l’inceste par son beau-père Yves Montand). La différence, c’est qu’Hamilton a violé Flavie quand elle avait 13 ans, et qu’Emma était majeure quand elle tourne dans Premiers Désirs. On a lu le pitch sur Wikiped, c’est de la branlade de morues. L’unique extrait est un écran noir : on sent qu’il y a eu nettoyage. Mais quelle actrice sexy n’a pas commencé dans le cul, soft ou hard ? On reviendra sur ce sujet touchy.
Ci-joint un extrait superflou d’Un amour interdit, un film dit « romantique » où notre gracieuse Emma fait tomber une cuillère :
On ne va pas réduire Emmanuelle à ces bluettes : elle a aussi tourné avec de grands cinéastes et de grands acteurs, comme Michel Piccoli, qui était encore plus spécial dans la vie que devant la caméra. Côté vie privée, elle enchaîne : 10 ans de Daniel Auteuil, David François Moreau, le demi-frère de Patrick Bruel, le producteur Vincent Meyer, l’acteur Michaël Cohen avec qui elle adopte un jeune Éthiopien, le dirphot Frédéric Chaudier. Sa fille Nelly, née en 1992, est l’épouse du petit-fils de Simone Veil, nous dit Wikipédia. Un beau tableau de chasse !
Aujourd’hui, après une vie bien remplie, Emmanuelle passe derrière la caméra et raconte son enfance violée. Les médias mainstream se l’arrachent : la star déchue, l’inceste à la mode (des nouvelles de Duhamel ?), c’est le combo gagnant pour Ferrari sur Europe 1.
Amandine Bégot, dans la maison d’en face, dit qu’il faut montrer le doc « dans tous les collèges, tous les lycées, pourquoi pas même dans toutes les entreprises ». Un peu comme les films sur la Shoah ou les trucs importants :