L’application de messagerie instantanée la plus populaire de Chine, WeChat, applique selon des chercheurs canadiens un système de censure très sophistiqué faisant penser à une intelligence artificielle.
Les progrès de l’intelligence artificielle vont-ils permettre à certains États autoritaires de garder la mainmise sur Internet ? Une enquête du laboratoire citoyen de l’université de Toronto dévoile comment WeChat, l’application de messagerie la plus populaire de Chine, utilise un double système qui lui permet de censurer différemment les utilisateurs qu’ils soient Chinois ou étrangers, qu’ils utilisent un chat privé ou un groupe de discussion.
Avec 806 millions d’utilisateurs, WeChat est la quatrième messagerie instantanée au monde. En Chine, où Facebook n’est pas encore autorisé, l’application sert à la fois de réseau social, de moyen de paiement et de service de transport entre particuliers. Sur leur smartphone, les Chinois passent un tiers de leur temps sur cette application éditée par Tencent, une des plus grandes compagnies high-tech du pays.
Pour lever le voile sur la censure, les chercheurs canadiens ont testé plus de 26 000 mots-clés en lien avec des sujets sensibles en Chine comme la santé des cadres du parti communiste chinois, la répression des manifestations pro-démocratie de Tiananmen en 1989, ou encore la persécution des adeptes du Falun Gong (pratique de méditation indépendante du pouvoir). Résultat : seule l’expression Falun Gong est interdite dans les chats privés. En revanche, 174 mots-clés sont bloqués dans les groupes de discussion pour les utilisateurs avec un numéro de portable chinois. Il s’agit principalement de référence à Tiananmen, au PCC, aux médias indépendants… Ce filtrage de mots-clés est appliqué par des serveurs à l’utilisateur chinois authentifié sur l’application, qu’il soit connecté dans son pays ou à l’étranger.