Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Entretien avec Francis Cousin

Propos recueillis le 25 juillet 2013 par E&R Aquitaine

Né en 1957, Francis Cousin anime un cabinet de philo-analyse : « En tant qu’approfondissement du se rechercher dans l’amour de l’être, elle propose de comprendre les racines de l’humain en faisant ressortir la vérité historique des expériences conscientes et inconscientes qui font le réel du vécu quotidien. »

Il a par ailleurs contribué à l’ouvrage collectif Critique de la société de l’indistinction – Commentaires sur le fétichisme marchand et la dictature démocratique de son spectacle, aux éditions Révolution Sociale. On y retrouve les accents situationnistes de Guy Debord, débarrassés de la dimension soixante-huitarde, ce « pitoyable carnaval estudiantin de révolution capitaliste des mœurs qui permit la modernisation marchande de l’oppression sociale ».

Son dernier ouvrage, L’être contre l’avoir – Pour une critique radicale et définitive du faux omniprésent, qui approfondit toute sa pensée, est paru aux éditions Le Retour aux Sources.

E&R Aquitaine : Quels sont les traits caractéristiques de la communauté de l’être et ceux de la civilisation de l’avoir ? Comment est-on passé de l’une à l’autre ?

Francis Cousin : Durant des millénaires pré et anti-civilisationnels, l’humanité a vécu en la forme cosmique des communautés de l’être. Ces communautés de l’être doivent principiellement se définir comme des communautés organiques contre l’argent et contre l’État qui n’apparaissent, eux, qu’au déclin de celles-ci lorsque les sociétés de l’avoir (qui n’ont, elles, que quelques siècles !) supplantent justement les premières à mesure que se développent les effets historiques ravageurs de la révolution néo-lithique des stocks à compter et des comptes à stocker. Dans la communauté de l’être, le Tout est la sacralité du vivre puisque la totalité du vivre est sacrale, c’est-à-dire, selon la vieille racine indo-européenne SC, radicalement in-appropriable et non-monnayable en un univers de primordialité indivisable et indivisée où la tri-fonctionalité aliénatoire des cristallisations sociales séparées (prêtres, guerriers, producteurs…) est encore ignorée puisque le travail monétaire du dissociant pour l’échange et le profit hétérogénéisant ne s’est pas encore substitué au produire anti-mercantile pour la vie homogène.

Le sacral des communautés premières, qu’elles soient sioux, germaniques ou d’ailleurs…, dit tout simplement mais très fortement que la totalité des vibrations d’existence est un dia-logue avec la transcendance divine de l’immanence cosmique qui ne connaît aucun temple ou lieu spécifique puisqu’elle est le parcours de joie de la totalité de l’espace-temps où chaque geste, chaque émotion et chaque parole viennent dire partout et toujours le nécessaire rapport d’humanité au divin et du divin à l’humain… En la tradition primordiale du communisme, le sacral qui dit l’omni-présence de l’être en tant que jouissance infinie de la communauté de l’anti-avoir exprime l’absolue contradiction avec ce qui lui fera suite, c’est-à-dire le monde en devenir de mercantilisation, sans cesse poursuivie à partir du couple aliénatoire sacré/profane qui en élargissant indéfiniment le second terme jusqu’à définitivement absorber le premier révèlera ainsi que le sacré de la tradition falsifiée avait bien pour fonction de simplement permettre la liquidation judiciaire de l’authentique tradition archaïque du communisme primitif et de cet insupportable sacral subversif qui rendait impossible l’achat et la vente, la domination et la servitude.

E&R Aquitaine : Qu’est-ce qui distingue la tradition primordiale tel que vous l’entendez, et la tradition primordiale tel que l’entendaient notamment René Guénon et Julius Evola ?

Francis Cousin : Entre la tradition primordiale telle que l’a élucidée méthodiquement et génériquement Marx et la tradition primordiale telle que l’entendaient fabulatoirement et légendairement notamment René Guénon et Julius Evola, il y a, d’abord, toute la différence entre la compréhension révolutionnaire de l’immanence sacrale de toutes les vraies jouissances humaines radicales en refus de toutes les médiations et pathologies cheffistes et les rêves de papier et d’impuissance mal compensée propres à toutes les mictions de domination ésotérico-exotérique du fétichisme initiatique.

Puis ensuite, il existe surtout cette grave erreur consistant à croire qu’il y aurait opposition entre la modernité du spectacle marchand et la tradition des anciens ordres religieux antiques alors même que les politiques et les religions initiales n’ont jamais été autre chose que les dépeceurs du cosmos unitaire ancestral qui, lui, ignorait le séparant et le séparé. C’est en le colonisant par le biais des pathologies monétaristes, guerrières et théologiques que ces dernières l’ont finalement transformé en matière possible de despotisation, de quantification, de calcul et de vente. Au paléo-lithique ancestral des chasseurs-cueilleurs, la brisure hiérarchiste et les structures de coercition propres au stockage agraire des surplus liés aux civilisations de l’épargne et de l’étatisme, sont inexistantes et l’intégralité de la vie est alors exclusivement ouverte au produire humain pour la reproduction des voluptés humaines.

Comme à Lascaux, Il n’y a ni art, ni religion, ni politique, ni économie puisque l’on y rencontre uniquement cette unité fondamentale des temps originaires où l’homme n’est point encore perdu hors de l’homme dans ces vastes errances où la dialectique d’unification des contradictions de la vie a éclaté pour aller se perdre dans le travail de la division et la division du travail adéquate au procès de long surgissement de la dictature démocratique contemporaine de la modernité des richesses du marché. En la grotte ornée magdalénienne de notre sacral cosmique primordial, il n’existe ni aliénation artistique ni aliénation religieuse et les hommes qui surent produire un tel lieu d’ouvrages de vraie sensation n’y mirent aucun jeu de miroir narcissique propre à l’égotisme du désarroi solipciste. Chasseurs un matin, pêcheurs le lendemain, ils étaient tous entre-deux, producteurs communautaires et anti-spécialistes d’une dynamique de groupe cosmique qui venait là peindre sur la paroi rocheuse les saines et spontanées allégresses de l’essentiel.

L’ancestral DiVus (Theos) indo-européen s’il dit bien la richesse de l’anti-avoir propre au ciel lumineux des éternités cosmiques de la sacralité communiste première indique d’abord que l’unité organique des origines qui ne saurait admettre la séparation aliénatoire en fonctions cristallisées ne connaît ni guerrier ni producteur puisque tout homme est un producteur armé de la sacralité immanente qui ne reconnaît aucun Dieu extérieur et État supérieur… Le divin communautaire premier à l’encontre de tous les polythéismes des rentes foncières de l’allégeance puis des monothéismes des rentes commerciales de l’inféodation qui suivront, spécifie que le sacral de l’épanouir réel n’est pas comme l’opium du sacré, l’autre du monde, mais le devenir historique de la phusis ici présente dont la conscience est totalement antinomique aux puissances théologico-politiques de la financiarisation de la terre profanée.

E&R Aquitaine : En quoi Karl Marx est-il un penseur de cette tradition primordiale ?

Francis Cousin :Karl Marx est le penseur le plus authentique et le plus abouti de la tradition primordiale car il est celui qui, en confirmation des textes les plus reculés ( César, Tacite…) et des fouilles archéologiques les plus récentes, nous parle – en expression théorico-pratique des luttes de classe les plus radicales de l’histoire, d’un temps anté-domesticatoire où les hommes vivaient en la communauté de l’être, un chemin de satisfaction humaine où le produire pour l’argent était inconnu car l’argent alors inexistant, n’avait pas alors asservi les humains au produire pour la soumission au marché et à la plus-value.

Les Communaux de la terre charnelle qui s’articulaient alors aux Communaux du souffle ontologique se reproduisaient alors au rythme cosmique de l’anti-argent et de l’anti-État en une communauté humaine non clivée qui ignorait tout à la fois l’aliénation, l’angoisse, la tristesse, le suicide et la solitude. Dès lors, toute l’histoire de l’humanité depuis que l’économie politique du produire solvable a arraisonné la vie, n’est plus qu’une longue série de luttes de classes entre les appropriateurs de la temporalité historique asservie et les hommes dépossédés d’eux-mêmes qui ne cessent d’aspirer à une communauté humaine retrouvée enfin émancipée de la servitude économique et de l’oppression politique. À l’heure actuelle de la crise accélérée des cinématographies du fétichisme de la marchandise, en ce temps où le mensonge du crédit va faire s’écrouler tous les crédits du mensonge, l’alternative est claire : imposture poursuivie des manipulations monétaires et terroristes du gouvernement du spectacle mondial ou émergence révolutionnaire de l’auto-émancipation humaine.

Marx qui ne cessa de récuser le marxisme à travers les idéologisations social-démocrates puis bolchéviques de sa pensée ainsi retournée en son contraire, n’a jamais abandonné le fil du temps insurrectionnaire pour faire ressortir, contre toutes les fractions capitalistes, de l’extrême droite à l’extrême gauche du Capital, que l’auto-émancipation humaine implique l’éradication définitive de l’argent, du salariat et de l’État. Et à ce titre, Marx sut toujours faire la différence entre le temps ouvert et révolutionnaire du continent européen qui put faire naître la conscience infiniment réfractaire du refus de toute domestication et la temporalité immobile des espaces africano-orientaux où le Capital va puiser son intarissable armée de réserve docile et prosternée devant les mirages de l’égarement consommatoire.

E&R Aquitaine : Pensez-vous qu’il soit possible, en cette époque de marchandisation et de tertiarisation, de renouer avec une ancestralité combattante européenne, dans la lignée de la Commune de 1871 ? Le prolétaire est-il la figure essentielle de cette insurrection ?

Francis Cousin :Pour Marx, en expression adéquate du mouvement réel, le prolétariat n’est pas une catégorie sociologique de mains noires et de blouses bleues et toutes les sciences sociales modernes à la remorque des sciences mathématiques et physiques de l’âge classique du capitalisme constituent des foutaises obscurantistes simplement adéquates à la dictature des mesures expérimentalement reproductibles qui sont nécessaires à la valorisation des chiffrages et combinaisons de l’ordre de la marchandise.

Le prolétariat est une dynamique historique, celle de cette classe désormais universelle qui regroupe tous les hommes privés de tout pouvoir sur leur existence et qui - contre la classe capitaliste du mondialisme de la marchandise - doivent pour re-devenir pleinement humains s’insurger contre la dictature démocratique de l’argent afin de s’auto-abolir en tant que prolétaires pour se faire re-naître en tant que communauté humaine du vrai vivre humain.

E&R Aquitaine : Dans notre postmodernité, ce « monde contradictoire, où les codes s’évanouissent, où le social implose, où la pluralité des ruptures se substitue à la continuité linéaire, où l’appartenance de classe n’est plus un critère significatif » (Alain de Benoist, édito d’Éléments n° 60, automne 1986), l’idée d’insurrection populaire ne relève-t-elle pas également d’un spectacle, d’une joyeuse rêverie ? Accessoirement, que pensez-vous de l’initiative de la « Manif pour tous » qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les rues ces derniers mois ?

Francis Cousin :Je ne pense pas que les concepts aliénatoires du spectacle de la domestication sociologique, s’ils peuvent être opérants du point de vue de la bonne gestion universitaire des chronologies de la domination, puissent avoir une pertinence révolutionnaire au regard de l’émancipation humaine. C’est pourquoi, dans la tradition radicale des groupes maximalistes de l’extrémisme insurrectionnaire et par-delà toutes les errances novatrices de l’insipidité des sciences humaines présentes, il convient toujours de revenir à Marx en tant qu’il est l’expression la plus radicale de la lutte de classe réellement existante entre l’ère du vide capitalistique et l’épanouissement subversif du plein de l’être qui se cherche.

Au-delà de tous les égarements de surface et des fourvoiements empiriques, il faut retourner à l’essentiel et récusant les amulettes analytiques du faux savoir officiel (post-modernité, sur-modernité, hyper-modernité…) et se souvenir des deux concepts clefs que Marx fait surgir tout au long de l’élaboration de la critique de l’économie politique : la domination formelle et la domination réelle du fétichisme de la marchandise.

La caractéristique principale de la phase de domination formelle du capitalisme sur la vie des hommes qui s’étend de la révolution capitaliste médiévale jusqu’à la guerre de 1914 est que le procès social général du travail de l’aliénation reste identique à ce qu’il était dans les formes de production antérieures, mais qu’il est désormais soumis au procès de la valorisation capitaliste. Durant cette longue période de plusieurs siècles, le Capital vit dans et à partir de l’avant-Capital mais pour progressivement le liquider et devenir enfin lui-même lorsqu’il est enfin parvenu à balayer tout ce qui lui préexistait.

Avec l’apparition d’un procès historique de travail social spécifiquement capitaliste, tel qu’il se forge dans la phase de soumission réelle du travail au capital issue de la première boucherie impérialiste mondiale, le phénomène selon lequel c’est le capital qui apparaît productif et non plus le travail, va trouver une base matérielle adéquate, capable de démultiplier indéfiniment sa puissance de représentation aliénatoire. Le processus d’asservissement qui prend nécessairement - et ceci aussi bien dans l’une que dans l’autre phase de la production capitaliste - la forme de la réification des personnes et de la personnification des choses va avec la phase réelle se développer de façon paroxystique sur un terrain matériel et symbolique propre à renforcer à l’infini le spectacle de la réification/personnification pour aboutir à la schizophrénie mégapolitaine et concentrationnaire totale d’aujourd’hui.

La phénoménologie du fétichisme de la marchandise est ainsi poussée jusqu’à une exacerbation totalitaire absolue car les formes sociales du travail apparaissent dorénavant comme formes de développement du capital, forces productives du monothéisme accompli de l’argent. Tous les caractères sociaux que le développement historique capitaliste accomplit en tant que pure dictature démocratique des échanges narcissiques de la réification planétaire s’impriment universellement au travail de l’abêtissement des échanges (coopération, division du travail, ouvrier collectif, machinisme, sciences, arts, etc…) et apparaissent de la sorte comme des qualités inhérentes à la dynamique commerciale de l’avoir, et de ce fait, se retournent contre tout ce qu’est l’être de l’homme…

Par conséquent, avec le procès de circulation du capital adéquat à la phase de soumission réelle de l’humanité au système de la liberté autocratique des objets enfin réalisée aujourd’hui, la mystification se renforce jusqu’à ce point où le spectacle mondial du cosmopolitisme de la marchandise trouve dans la base totalement mystifiée de la réalité sociale, la justification de l’éternisation de l’intégralité de ses rapports de domination. Désormais, le règne arbitraire du suffrage universel de la liberté du profit est devenu l’autonomisation de toutes les forces vitales de l’espèce humaine sous la forme du capital. L’abondance partout présente des marchandises, c’est-à-dire du rapport marchand jusque dans l’intimité la plus profonde de chacun, ne peut plus produire autre chose que la non-vie sans cesse augmentée dans le morcellement, la division et la séparation des êtres humains constamment jetés et soumis sur le marché du paraître et de la quantité, de l’angoisse et de la désespérance. Le triomphe contemporain de la domination pleinement réalisée du fétichisme de la marchandise se définit ainsi par la logique dictatoriale du hors-sol démocratique de l’homme totalement détraqué qui arrache définitivement toute la vie humaine à ce qui demeurait encore de naturalité cosmique pour en faire un simple produit circulatoire emporté par le flux illimité de la liberté infinie du commerce de la chosification.

Tant que la crise n’a pas atteint le moment où l’auto-présupposition du Capital cesse de pouvoir reconduire ce qui pose les conditions objectives de sa possible reproduction, l’appartenance de classe, démontre Marx, demeure floue, flottante et brumeuse puisque tout le percevoir est historiquement égaré, troublé et inféodé au spectacle dictatorial du mensonge démocratique de la marchandise encore réalisable.

Les insurrections populaires sont toujours des mouvements confus et indistincts où l’inter-classisme qui les traverse permet toujours que les drapeaux de fausse subversion qui les identifient aboutissent immanquablement à simplement changer et donc perpétuer les conditions gestionnaires de la misère quotidienne de la chosification. L’insurrection prolétarienne qui s’annonce en tant que mouvement général de tous les humains dépossédés de toute vie humaine par le capitalisme mondial, sera pour être elle-même le mouvement d’auto-abolition universel de la condition prolétarienne quand l’universalité de la capitalisation cessera de pouvoir se capitaliser justement en tant qu’universel. Dans ces conditions, il est normal que tout ce qui était encore auparavant, inaccessible, impensable et infaisable devienne par le saut qualitatif de la dia-lectique de la crise historique de la valeur, un faire enfin accessible et donc justement pensable.

E&R Aquitaine : Dans sa préface à Chevaucher le tigre, Philippe Baillet établit un rapprochement nuancé entre situationnistes et traditionnalistes qui, les uns comme les autres, sont parvenus à se libérer de certains mythes fallacieux de la modernité. René Alleau voyait également, malgré d’évidentes oppositions, une complémentarité dans les approches guénonienne et marxiste. Finalement, n’est-ce pas une erreur d’opposer l’outil technique et économique et l’outil métaphysique, tant que l’un et l’autre n’outrepassent pas leur cadre propre ?

Francis Cousin :Les auteurs qui regardent vers les sociétés traditionnelles à la suite notamment des cheminements guénoniens ou évoliens commettent deux impairs historiques fondamentaux.

Le premier consiste dans le fait qu’ils confondent la tradition primordiale de la communauté sacrale originelle avec la version falsifiée, initiatique, névrotique et hiérarchiste qu’en donnent à voir – de manière tronquée – les aliénations premières issues des diverses fonctionnalités d’asservissement sorties de la phase néolithique.

Le second, lié évidemment organiquement au premier, résulte du fait que pour cette tradition falsifiée, l’histoire millénaire de l’humanité devrait être regardée comme un processus progressif de décadence marqué par l’involution de plus en plus accélérée du mouvement de l’histoire aboutissant à la modernité en raison de la loi de régression des castes qui aurait fini par sanctifier les valeurs marchandes alors même que c’est justement comme l’ont définitivement démontré Marx et Engels, du cœur même des rentes foncières de l’aristocratisme le plus ancien et de ses divagations alchimiques, ésotériques et magiques que le règne de la quantité a positivement surgi du cœur profond des antiques cheffismes militaro-agraires, de la division du travail, de leurs voies initiatiques et précisément de la mystification métaphysique à partir de laquelle ces derniers habillèrent leur imposture.

La métaphysique est la symphonie mythologique et religieuse du procès de confiscation de l’Être par l’Avoir, elle rend compte de cette histoire anti-humaine de l’« oubli de l’être » en tant que totalité organique communiste indivise et sa reconversion graduelle en l’illusion de la calculabilité universelle du fétichisme de la marchandise. Si la pensée du logos radical des philosophes Grecs anté- (anti-) socratiques désigne la véritable nature de l’Être, regardé au temps du surgissement des sociétés de l’avoir et de son voilement civilisationnel consommé, toute l’histoire de la métaphysique a été marquée au contraire par son oubli progressif au profit du seul système de la gestion des objets dont l’outil technique n’est que l’une des médiations terminales par lequel l’humain est pris dans l’engrenage de l’arraisonnement de la vie par la liberté despotique du profit.

Pour être lui-même, l’humain doit habiter dans le loger de la tradition primordiale de la communauté de l’Être. Le communisme y est l’être générique de l’homme universel qui se déploie en la sacralité unitaire et totale de la vraie vie qui ignore la séparation sacré/profane née des traditions falsifiées propres aux pouvoirs de la valeur spatiale du territoire pré-marchand qui firent dialectiquement et ultérieurement naître la valeur des espaces du temps mercantile. Le seul habitement propre à l’être véridique de l’être de l’homme identifie l’authentique séjournement de l’existence humaine à l’espace du vivre communiste qui relie la terre au ciel, la nature à l’humain, le divin aux mortels sans qu’aucune fallacieuse transcendance de domestication extérieure ne vienne briser le lien premier et fondamental (primordium) de l’essentialité véritable du transcendant immanent propre à l’Être de l’Être.

En général, le culte guerrier des élites masculines et viriles propre à la tradition falsifiée exprime d’abord l’impuissance caractéristique de ceux qui s’y réfugient dans l’obsession d’esquiver et de recomposer à l’envers le mal et les difficultés qui les traversent mais l’histoire réelle contrairement aux divagations olympiennes des héros du désarroi rémanent qui cherchent à se positionner en posture de force n’est pas une chute accélérée parce qu’elle aurait perdu sa spiritualité héroïque et guerrière. C’est même exactement le contraire car si la réalité de l’histoire constitue une précipitation régulière vers le cosmopolitisme de la marchandise c’est bien parce que les ordres anciens nés de la division fonctionnelle de la communauté première, ont fait apparaître à partir des trois ordres aliénatoires issus du clivage néolithique (guerriers, prêtres et producteurs…), c’est fondamentalement parce que cette tri-fonctionnalité définissait une direction qui à partir de l’économie politique des stocks agraires menait inévitablement au développement monétaire de l’État et au renforcement étatique de la monnaie.

Le système des traditions falsifiées surgi de la civilisation de l’avoir n’est pas comme l’imagine naïvement la pensée courte de ses laudateurs un espace où l’argent se trouverait subordonné à des facteurs extra-économiques, à l’intérieur d’un ordre symbolique beaucoup plus vaste religieusement et politiquement.

L’économie de la domination de la rente foncière qui conduira ensuite aux rentes commerciale puis industrielle y est déjà souveraine mais par l’entremise de médiations politico-religieuses alors qu’aujourd’hui la transparence parfaitement tyrannique de l’argent enfin achevée se suffit pleinement à elle-même jusqu’à avoir absorbé et anéanti toutes les religions et les politiques dans le culte universel des droits de l’homme affairé aux transactions du marché. La fixation infantile et viriliste d’Evola pour l’Ordre des Templiers, outre qu’elle renseigne beaucoup sur ses propres malaises d’homme en la profondeur des tourments de son non-dire, fait surtout l’impasse sur le fait que banquiers des rois, des princes et des papes, les chevaliers du Temple furent de fait parmi les grands précurseurs de la modernité bancaire.

Quant au soufiste Guénon, perdu dans une autonomisation toujours plus poussée de la césure du vivant dans le travail de la division inhérente au syndrome ésotérique de l’hallucination initiatique de l’orientalisation fiévreuse, la seule explication qu’il puisse évidemment proposer du processus de dégénérescence qui a produit la modernité, c’est celui de l’éloignement des principes de la société traditionnelle alors qu’en vérité c’est à l’opposé cette dernière qui – sur la base des hiérarchies sorties de la domination politique des étendues de l’avoir – s’est substituée à l’ancestrale communauté de l’être – pour insensiblement mener à la dynamique pécuniaire qui [à l’ombre des fonctions du sacerdoce et de la royauté] conduira au surgissement du mode de production capitaliste universel.

E&R Aquitaine : Vous encensez la figure du Christ et évoquez le « renversement radical des rapports de transcendance » opéré par l’Évangile. Par ailleurs, vous expliquez que les sociétés primitives (référence aux travaux de Pierre Clastres et de Marshall Sahlins) sont des sociétés du tout sacral, où la distinction entre sacré et profane n’existe pas. Ce faisant, n’évacuez-vous pas la Chute et la dimension proprement surnaturelle de l’Incarnation du Christ et par là même le sens de la rémission des pêchés par la crucifixion, ce qui est proprement un protestantisme ?

Francis Cousin :Dans la communauté organique du communisme primitif, tout est sacral puisque le sacral est le tout d’une existence qui sait que le vivre véritable est in-monnayable et in-appropriable. Dans ces conditions, la division entre sacré et profane n’existe pas puisque le travail de la séparation n’a pas encore produit la division du vivre cosmique et que la religion comme lieu séparé de gestion des restes du sacral incarcéré n’a pu encore se révéler. Lorsque le Christ se manifeste dans une Palestine profondément hellénisée pour se placer d’emblée radicalement et tout à la fois au-delà du tribalisme vétérotestamentaire des enfermements fétichistes et des rites païens déjà en crise de représentation étatico-impériale, il vient par la dimension révolutionnaire de son incarnation rappeler que le Divin, loin d’être l’Autre du monde ou la simple âme d’un monde de possessions à bien régenter, est bien l’auto-mouvement de l’ex-ister en l’amour de l’Être.

Contre le protestantisme qui n’est finalement qu’une re-judéisation du christianisme au temps venu du capitalisme ascendant, le logos évangélique originel (par-delà les dégradations de ses institutionnalisations catholiques ou orthodoxes !) nous annonce prioritairement que la sève de l’essentiel n’est pas de ce monde en ce que la véritable richesse de l’homme se situe hors des appareils étatiques et religieux du Temple de la marchandise.

La loi juive ne supprime pas la scission entre l’éternel et le particulier, mais au contraire la révèle et l’exaspère comme le souligne fort bien Hegel car elle est religion de la négativité comme destin. Pour elle, le divin est la négation de l’homme et la foi est la simple conscience obéissante de cette négation. Au rebours, le Christ se présente comme conscience radicale de l’immanence du Divin au monde puisqu’il est le dépassement de la scission qu’est précisément le judaïsme. Avec lui, l’Esprit ne s’accomplit plus comme alliance mais comme réconciliation et l’Évangile est la parole subversive qui montre le chemin du dépassement des contrariétés en ce qu’il affirme la nécessité de l’essentielle unité vivante du tout de l’Être.

La rémission des pêchés par la crucifixion dont vous parlez, doit s’entendre à partir du fait que Jésus s’y objective en tant qu’expression de l’amour de l’Être contre toutes les lois de subordination. La cérémonie du sacrifice (en ses pitoyables orgies sanglantes animalières d’Athènes, de Rome ou de Jérusalem…) comme mode spécieux de preuve de droiture y est là définitivement sacrifiée en une auto-suppression totale et irrévocable. Déjà, dans le sermon sur la montagne, Jésus avait manifesté sa totale opposition aux lois de la scission en leur opposant l’amour. « Aime le Divin par dessus tout et ton proche comme toi-même ». Il ne s’agit pas là d’un commandement étant donné que dans l’amour vrai, toute idée de devoir est immédiatement et totalement supprimée. Ainsi, à travers l’amour, l’homme devient-il le divin qui est en lui, et il réalise de la sorte sa part de divinité dans un engagement d’unité de l’humanité elle-même. Le Christ donne à l’homme la possibilité de donner sens à son histoire, et de s’émanciper, par l’amour, de la séparation d’avec le divin. Par la résurrection, la scission entre les hommes et le Divin est soudainement supprimée, de sorte que c’est plutôt désormais un Jésus vivant qui manifeste la victoire sur la mort, et non pas seulement l’espérance de cette victoire.

Au-delà du judaïsme, alliance commerciale des comptoirs de l’échange avec la lettre de change yahviste (cf Marx ; La Question Juive) et des paganismes, alliages fonciers des espaces de la rente avec la maîtrise de leurs calendriers étatistes, le christianisme (assemblée des hommes de l’Être…) renvoie, en premier lieu ontologique et historique (et ce malgré ses ambivalences), à cette lutte de classe maximaliste qui fit que toutes les guerres paysannes ancestrales contre le fisc, la noblesse, le clergé et la bourgeoisie rythmant le temps médiéval autour de la préservation des communaux de vie, se firent au son in-disciplinable des tocsins des églises de la base rurale encore ancrée en ses vieilles pro-venances et qui ne cessèrent comme le dit Engels de rappeler la source impérissable du christianisme primitif de la communauté contre l’argent et l’État.

La Commune des prolétaires modernes qui allait voir le jour à partir de l’exil de cette rusticité expulsée d’elle-même, reprendrait alors le flambeau pour toujours redire cette invariance humaine ; l’Être ne cesse partout de se chercher pour se retrouver alors même que l’expansionnisme de l’Avoir s’emploie partout à le couper de ses attachements de nature.

E&R Aquitaine : En conclusion, pouvez-vous évoquer votre activité de philo-analyste ?

Francis Cousin :Mon activité de philo-analyste consiste à partir du penser critique radical des pré-socratiques relié au questionnement insurgé de Hegel et Marx à accueillir tous ceux qui en recherche ou peine d’eux-mêmes, ont besoin d’exprimer leur doute, leur peur et leur douleur au monde de l’in-humanisation actuelle tout en voulant trouver la voie explicative qui permet à la fois de comprendre pourquoi et comment l’économie narcissique des représentations sociales de la civilisation leur est insupportable. Dès lors contre tous les leurres et charlatanismes psychologiques, psychanalytiques ou psychiatriques qui entendent les cadenasser au sein du système des valorisations de l’image et des objets de la sur-vie marchande, nous entreprenons la mise en marche d’un dia-logue des vraies profondeurs qui permet – par la dialectique de la parole dé-liée ! – de dé-nouer les processus de conscience fausse, de refoulement, d’enfermement et de fuite par lesquels l’humain devient étranger à l’humain et ne cesse de s’éloigner de sa propre réalité. L’unité première entre l’homme et le cosmos sacral en ayant été brisée par la logique de la réification appropriative n’a pas simplement cassé le vivre commun des hommes, elle a aussi et surtout démantelé toute l’intériorité affective de chacun en l’emprisonnant dans l’accumulation sans fin des spectacles de la marchandise qui aujourd’hui a fini par chosifier chaque émotion et toute intimité…

Ainsi, le mal-être omni-présent signale, en premier lieu, l’omni-absence de l’être c’est-à-dire la totale incarcération des puissances vitales d’émerveillement sensuel à la naturalité cosmique par les vastes galeries marchandes du paraître et de la possession. Autrement dit, retrouver la voie de la réalité humaine par delà l’impérialisme de la marchandisation, c’est bel et bien (re)découvrir la véridique pulsation de plaisir en totale antinomie avec tous les fallacieux délices du chiffrer commercial et des raconter artistique, dévotieux et récréatif puisque les loisirs, l’art et la religion ne sont que l’illusoire compensation attribuée à l’homme captif à titre de lots de consolation afin de faire oublier la perte du sacral cosmique de la communauté originelle.

Aller plus loin, avec Kontre Kulture :

 
 






Alerter

54 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

Afficher les commentaires précédents
  • #483807
    Le 4 août 2013 à 22:40 par Chiarissimo
    Entretien avec Francis Cousin

    Rien compris.

     

    Répondre à ce message

  • #484048
    Le 5 août 2013 à 06:13 par goy pride
    Entretien avec Francis Cousin

    J’ai bien conscience qu’il est quelque peu ridicule voire même humoristique de venir en tant que simple mortel apporter la contradiction à une puissance intellectuelle de l’envergure de Cousin. Mais puisque cette époque nous offre cette liberté et privilège de pouvoir exhiber avec arrogance et impudeur l’abyssale superficialité de notre intellect profitons-en !
    Peut être que Cousin devrait se familiariser avec ce qu’implique en terme d’organisation sociale et complexité la survie dans un monde sans supermarché ni système de distribution d’énergie facilement accessible et relativement bon marché comme l’électricité, le gaz et le pétrole. Peut-être que cela lui permettrait de légèrement nuancer sa pensée sur certains points. En effet l’impératif de production directement lié à sa propre survie et celle de ses congénères implique une irréductible complexité des rapports entre les individus et de l’économie de survie, en d’autres même l’humanité primordiale devait être soumise à une organisation sociale hiérarchisée et à une division et spécialisation des tâche et des savoir-faire. Bien entendu la partition sociale et la spécialisation dépend étroitement des conditions environnementales dans lesquels évoluent un peuple : climat, topographie, densité des populations. Sous un climat tropical humide, avec de faible densité de population et où l’abondance facile d’accès des ressources indispensables à la vie est la norme les rapports sociaux seront différent que dans une économie de la rareté demandant discipline, compétence et travail pour assurer la pérennité du groupe...donc avant l’apparition de la caste elle même il existant au préalable ce que l’on pourrait appeler des ébauches ou embryon de castes. Je suppose aussi que la hiérarchisation grandissante des société humaine est étroitement lié à la problématique de la densité des populations humaines. Avec l’avènement de l’agriculture l’explosion démographique a fait que les humains sont passés d’une société d’abondance des ressources où la compétition entre les individus et les groupes était faible à un monde de plus en limité où s’imposait la création d’une caste de guerriers protégeant les producteurs de la prédation de groupes rivaux.
    Une société primordiale de l’indifférenciation me semble utopique. L’inégalité entre individus (aptitudes, prédispositions, intelligence, tempérament...) confronté l’impératif de production se traduira par une hiérarchisation, des statuts différents...

     

    Répondre à ce message

  • #484211
    Le 5 août 2013 à 11:56 par Wens
    Entretien avec Francis Cousin

    C’est aussi incompréhensible que du Guy Debord, et c’est bien dommage. Pour comprendre cet entretien, il faut avoir lu d’autres explications plus claires au préalable, sinon je ne vois pas comment tirer la moindre once de sens de cette poésie, cet enchainement de figures de style, dont la préférée de monsieur Cousin semble être le chiasme. Comme pour Guy Debord, d’ailleurs, et ce n’est surement pas une coïncidence. Le résultat, c’est que beaucoup de gens croient être sur la même ligne que Francis Cousin même lorsqu’ils sont à l’opposé (voir le commentaire sur cette page qui dit que Soral a déjà expliqué tout ça, alors qu’il est difficile de faire plus éloigné de Soral que du Cousin). C’est dommage de gâcher une pensée intéressante par un travail trop poussé, inutile, voire aliéné, sur le style. Pour comprendre le fétichisme de la marchandise, il est surement beaucoup plus facile de commencer par des auteurs beaucoup plus clairs (Jappe ou Kurz par exemple), pour ensuite aller vers Cousin et voir les différences. Ca évite de lire une critique du fétichisme de la marchandise qui ne permet pas de comprendre ce qu’est le fétichisme de la marchandise.

     

    Répondre à ce message

  • #484321
    Le 5 août 2013 à 13:30 par Lucien Fornello
    Entretien avec Francis Cousin

    Nous sommes ici dans le défaut typique du marxisme : malgré une analyse pertinente, il y a un décollement du réel et on entre dans un absolu quasiment religieux, ici la communauté de l’être qui reviendra après la fin du mercantilisme. Entre temps, donc, il n’y a que des compromissions par rapport à une "critique radicale" dont l’horizon révolutionnaire, curieusement, n’est pas à provoquer avant une auto-destruction du capitalisme. Cela manque totalement de pragmatisme et n’est bon finalement qu’en lyrisme. Plus fondamentalement, comme j’essayais de le montrer dans mon précédent commentaire, il y a la même erreur que chez Marx, Rousseau, ou dans l’islam : l’abolition du péché originel. Si à "communauté de l’être" vous substituez "le royaume", alors vous aurez une lecture plus précise. Je m’explique. "Le royaume n’est pas de ce monde", il est la création de Dieu, il est la Justice et la Vérité de Dieu. Mais il est cependant d’une certaine façon donné à l’homme en ce monde. Il fut donné, puisque l’homme fut créé "à l’image de Dieu". C’est par son péché qu’il a brisé ou du moins recouvert cette image. Le double commandement du Christ, tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur etc et on prochain comme toi-même, et surtout l’ajout qu’il fait, ces deux commandements en vérité ne font qu’un seul, sont le contraire de la double injonction contradictoire du monde et de l’argent. En son incarnation et son message, le Christ nous restitue le royaume là où il est, à la fois comme intériorité et relation d’amour, de visage à visage, de fragilité à fragilité. Le royaume est intact, c’est en cela qu’il n’est pas de ce monde, mais dès que nous recevons la divinité du Christ dans le prochain, nous goûtons au royaume. Cela, je suppose, est accessible, à l’athée, au musulman comme au bouddhiste, par compréhension de la rencontre transcendance-immanence. Dès qu’il y a bon cœur, en un sens, le royaume affleure, de même qu’un chrétien pratiquant peut gravement s’en éloigner. On ne peut répondre à Francis Cousin que par la théologie parce que précisément il nous propose une eschatologie chrétienne hérétique, où le fantasme de la communauté de l’être, en éclipsant tout le réel, nous cache la violence qu’il porte. C’est plutôt par la conversion, en faisant grandir ce royaume, que nous nous donnerons une chance dans ce monde et dans l’autre, d’échapper à la bête qui nous broie. C’est aussi le seul chemin de la France.

     

    Répondre à ce message

  • #485104
    Le 6 août 2013 à 00:35 par fred13
    Entretien avec Francis Cousin

    Bon j’ai suivi le lien vers l’émission méridien zéro et je me suis efforcé de garder l’esprit ouvert malgré une forte suspicion d’escroquerie au concept.

    A mon humble avis ce type est un illuminé qui cherche à impressionner par son jargon et ses postures non-conventionnelles (dénonciation du 11 septembre, de la guerre contre le terrorisme) mais derrière la réflexion est très creuse. L’Etre contre l’Avoir, quelle originalité ! Pourquoi pas le Bien contre le Mal tant qu’on y est... La marchandisation de tout dénature les rapports entre les hommes : merci monsieur le philosophe pour cet éclairage, on ne me l’avait jamais dit ! Allez encore un autre scoup pour vous dans le même genre : le pouvoir corrompt !

    Il n’y a pas de raisonnement logique dans sa "pensée", que des certitudes de mots compliqués, inventés ou utilisés mal à propos, mis bout à bout pour faire des phrases qui ne veulent rien dire. Ses verbes substantivés me sortent par les trous de nez, ou comment créer artificiellement une dynamique, une action, dans une phrase vide de sens et donc stérile. Et ça prétend dénoncer le faux ? Déjà son sous-titre ne veut rien dire : critique du faux omniprésent. On ne critique pas le faux. Le faux est déjà disqualifié car... faux, quel besoin de le critiquer ? On critique celui qui produit un raisonnement faux.

    Son obsession est la lutte à mort contre la marchandisation, typique des gauchistes ou post-gauchistes. Pourquoi VEND-il son bouquin, il devrait l’offrir s’il était "radical" comme il dit ? Sous prétexte qu’on est aujourd’hui dans une marchandisation excessive de tout, toute marchandisation serait mauvaise. C’est tellement déconnecté du réel que c’en est risible. Exemple :
    "[...] le profit hétérogénéisant ne s’est pas encore substitué au produire anti-mercantile pour la vie homogène"
    Monsieur le philosophe pense sans doute que chacun devrait produire gratuitement, bénévolement pour les autres, sans broncher, pour le bien de l’Humanité. Comme il n’a jamais rien produit il n’a jamais eu peur que des parasites ou des profiteurs ne viennent lui prendre tout le fruit de son travail. Dans son monde parfait de la communauté de l’être, il n’y a que des gentils, pas de méchants voleurs. Pas besoin de voler si rien n’appartient à personne, logique pour un gauchiste libertaire égalitariste.
    Aussi il faudrait commencer par reconnaître que toute personne qui se sort les doigts du cul a le droit d’avoir une vie un peu meilleure.

     

    Répondre à ce message

    • #485337
      Le Août 2013 à 12:42 par Wens
      Entretien avec Francis Cousin

      Cousin, derrière son style théâtral, se réfère toujours à des travaux qui ont été menés par d’autres que lui et avant lui. Son concept de l’Etre contre l’Avoir n’est pas seulement une image poétique, mais se réfère à l’analyse de la marchandise de Marx, à l’inversion entre but et moyen que la marchandise tend à développer, et qui a été décrite par Marx. Cela se réfère au fait que la nature de la production a changé totalement, même lorsqu’on produit les mêmes choses (autrement dit, quand on produit une paire de chaussures, ce n’est plus une paire de chaussures, voir Marx), et aux implications que ça a, petit à petit, sur la population.

      Quant au faux qui serait déjà disqualifié, il s’agit d’une référence au concept de Spectacle de Debord, lequel explique bien que ce faux n’est pas et ne peut pas être disqualifié car il s’auto-justifie. En travaillant sur des thèmes connexes (la simulation), Baudrillard avait aussi tenté de montrer que ce faux nous apparaît plus réel que le réel lui-même, et que le réel ne nous est plus accessible, nous privant de la possibilité de démasquer le faux. Il est difficile de réfuter Cousin sans d’abord prendre connaissance des concepts de fétichisme de la valeur et de Spectacle, car Cousin y fait référence sans vraiment expliciter les mécanismes qui se trouvent derrière (en tout cas dans cet entretien).

      Quant au fait qu’il nous vend son bouquin, il faut savoir que sur la 4ème de couverture, Cousin incite explicitement le lecteur à copier et à diffuser le livre, que le livre ne comporte pas de code-barres, et qu’il ne mentionne même pas le nom de l’auteur. Son deuxième livre, par contre, est plus conventionnel, mais c’est très probablement du au fait qu’il a eu du mal à trouver un éditeur (pendant des mois on a pu l’entendre dire que le livre était prêt mais qu’il ne trouvait pas d’éditeur), et donc qu’il a du se plier aux contraintes imposées par le seul éditeur qui a bien voulu le publier. Et en général les éditeurs ne veulent pas qu’on incite explicitement au piratage sur la couverture. Ce que fait son premier bouquin. Je doute fort que Cousin soit du genre à se plaindre si on pirate son livre.

       
    • #485355
      Le Août 2013 à 13:09 par Wens
      Entretien avec Francis Cousin

      On critique celui qui produit un raisonnement faux




      J’ajoute une précision importante quand on veut comprendre la pensée de Cousin. Quand Cousin parle de faux, il n’oppose pas des raisonnements faux à des raisonnements justes, comme s’il s’agissait d’erreurs de raisonnement. Il parle de la forme de la pensée, et non de son contenu. Le contenu est faux, mais parce qu’il se développe dans une forme particulière qui découle de l’effet de la marchandise sur les rapports sociaux, un effet appelé "réification des rapports sociaux", qui est du à la nature même de la marchandise et de sa production. Et dans ce référentiel, le faux est tout à fait vrai, de la même manière que dans l’ensemble des nombres complexes, la racine carré de -1 est un nombre valide, alors que c’est un non-sens en dehors de cet ensemble. C’est pour ça que Cousin parle d’immanence aliénatoire. Plus rien de juste ne peut être pensé, à cause de la forme de notre pensée, et le problème n’est ni le mensonge, ni l’erreur de raisonnement. C’est pour cette raison que Cousin récuse les concepts de désinformation et de réinformation, qui se cantonnent au domaine du contenu de la pensée. De nombreux théoriciens ont traité ce sujet, et il vaut mieux se référer à eux plutôt qu’à Cousin car c’est d’eux que viennent ces théories (Marx, Debord, Baudrillard, Lukács, Sohn-Rethel...).

       
    • #485765
      Le Août 2013 à 20:35 par fred13
      Entretien avec Francis Cousin

      @Wens
      Merci pour votre réponse.

      En fait ce que vous dîtes illustre parfaitement ce que le disais dans un autre post plus haut. Le philosophe invente un nouveau langage que lui seul comprend, il peut toujours se justifier en disant qu’on n’a pas compris tel ou tel mot qu’il utilise dans un sens différent du langage commun. Pour moi cela reste de l’escroquerie. Si le faux dépend du référentiel, alors il faut critiquer l’observateur pour son mauvais choix de référentiel, il est toujours absurde de critiquer le faux (d’autant plus qu’on n’est même plus très sûr qu’il est bien faux pour tout le monde ce faux, du coup !). A moins de donner un droit de réponse au faux...

      Bon je suis content qu’au moins il se soit rendu compte du paradoxe qu’il y avait à vendre son livre, c’est déjà ça. Je suppose qu’il n’a pas besoin de ses droits d’auteur pour vivre et qu’il doit être fonctionnaire.

      Pour approfondir, je trouve tout aussi absurde l’opposition de l’être et de l’avoir. L’homme est complexe et ambigu. De même qu’il n’y a pas d’homme bon à 100% ou mauvais à 100%. Je ne crois pas du tout qu’on puisse dire d’une communauté quelconque qu’elle soit une communauté de l’être ou de l’avoir. Ce n’est pas parce qu’on a une monnaie pour faciliter et standardiser les échanges de marchandises qu’on fait passer la marchandise avant l’homme. Le danger de la monnaie ce n’est même pas de la stocker, c’est quand elle n’est indexée sur rien de concret. Ca c’est le fait de l’escroquerie d’hommes particuliers qui méprisent le sort des autres, et de tels hommes il en existe dans toutes les sociétés. De plus l’homme aspire à la fois à une élévation spirituelle ET à des possessions matérielles. A la limite c’est même en satisfaisant une partie de ces besoins matériels qu’il peut être libéré de ses préoccupations matérielles (manger à sa faim, dormir au chaud, bénéficier de moyens de transport qui lui permettent de découvrir le monde etc...) et donc qu’il peut par ailleurs se poser des questions existentielles et spirituelles, se cultiver etc... Ce n’est pas pour rien que dans une société non-décadente, la bourgeoisie est à l’origine d’une part importante de la production intellectuelle, artistique etc... Notre société actuelle offre des conditions qui permettent de développer son "être" pour parler comme lui (temps de loisirs pour les travailleurs inégalé dans l’histoire). Encore faut-il DECIDER d’en faire bon usage...

       
    • #485959
      Le Août 2013 à 23:38 par Wens
      Entretien avec Francis Cousin

      fred13,

      Le nouveau langage peut être remplacé par le concept correspondant dans le langage courant. Par exemple, on peut dire "personne refusant le principe d’autorité dans l’organisation sociale" au lieu de dire "anarchiste". On peut faire ça avec les raccourcis utilisés par Francis Cousin, qui ne sont là que pour nommer les choses de manière concise. Si on veut savoir de quoi il s’agit exactement, il faut se farcir l’explication longue. Si les philosophes sont si souvent sans intérêt, c’est parce qu’ils évoluent dans le même système aliénant que les autres. Leur but inconscient est de servir la marchandise, car leur activité même, ainsi que leur motivation, sont des produits de la société marchande.

      Quant à la société de l’Avoir, il vaut mieux, à mon avis, utiliser le terme de "fétichisme de la valeur", qui est l’expression la plus couramment utilisée pour décrire ce dont parle Cousin, et qui correspond à un phénomène précis que l’on peut décrire avec le langage courant (même si chacun peut avoir sa variante de l’explication du phénomène, ou peut réfuter ce phénomène). On peut trouver une tentative de définition succinte sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9tichisme_de_la_marchandise. On trouve souvent l’expression "fétichisme de la marchandise" au lieu de "fétichisme de la valeur", mais à mon avis c’est une expression trompeuse, car elle laisse croire qu’il s’agit d’adoration exagérée pour des marchandises, alors qu’il ne s’agit pas de ça. L’article de Wikipedia est très insuffisant, mais au moins vous pourrez voir qu’il s’agit de quelque chose de concret.

      La question de savoir si l’homme est bon ou non ne se pose plus dans la société fétichiste de la valeur, car l’homme n’a aucun pouvoir de décision dans cette société. La marchandise décide, l’homme obéit, et il n’a pas le choix. Il s’agit de la domination d’une forme impersonnelle (la marchandise) sur l’humain, et sur tous les humains, riche ou pauvre, ouvrier ou président de la République. Il ne faut pas comprendre "marchandise" comme un objet sur l’étalage d’une boutique (Cousin dit "la marchandise, ce n’est pas des stocks dans des hangars"). Vous pourrez trouver une explication très succinte dans cette vidéo : vimeo.com/23898920, qui malheureusement n’explique pas en quoi cette forme domine nos esprits (pourquoi il n’y a rien à décider, comme vous dîtes) mais qui est déjà un début.

       
    • #486769
      Le Août 2013 à 19:30 par fred13
      Entretien avec Francis Cousin

      "La marchandise décide, l’homme obéit, et il n’a pas le choix."

      C’est aussi ce que j’avais cru comprendre. Ca aussi c’est absurde. Un objet ne décide pas. Il y a un homme derrière chaque décision. On peut personnifier un objet en poésie ou en littérature pour créer un effet de style, mais pas en philosophie, où l’on s’efforce d’expliquer le réel de façon rationnelle, là ça devient une erreur. Il y a des responsables qui entretiennent le système. Choisir le confort ou son profit personnel c’est bien un choix. Le libre arbitre n’est pas supprimé par la marchandise, je suis désolé. C’est encore du déterminisme social gauchiste. C’est comme dire : un pauvre est obligé de voler, il n’a pas le choix. Seule la tyrannie physique peut empêcher le libre arbitre par la menace physique en cas de choix contraire. Par rapport à la marchandise c’est une question à la fois de Volonté et de niveau de conscience du peuple et de ses élites.

       
    • #487088
      Le Août 2013 à 23:12 par Wens
      Entretien avec Francis Cousin

      fred13, un objet ne décide pas au sens où il possède un cerveau, cependant il peut nous imposer ses contraintes. Pour prendre un exemple simple et clair qui ne fasse appel à aucune philosophie, imaginez la lave en fusion d’un volcan. Dès lors que vous êtes dans cette lave, vous brûlez obligatoirement, et ce même si la lave n’a aucune volonté propre. Elle vous impose de brûler dès que vous êtes en elle, pour des raisons physiques. Et quelle que soit votre volonté, votre intelligence, votre grandeur d’âme, vous serez instantannément réduit en cendres par cette lave à 1000 degrés. Si vous n’êtes pas dans la lave, pas de problème. Eh bien dès lors que l’on est dans le système marchand, ce système nous impose également des choses. Il ne s’agit pas de chaleur, mais il s’agit bien d’une force exercée sur nous par ce système. L’article de Wikipedia dont je vous parlais y fait allusion, même s’il n’est pas très explicite. Vous pouvez lire aussi cet article publié sur E&R, mais gardez bien à l’esprit que tous les théoriciens qui ont écrit sur le sujet n’ont pas forcément exactement le même point de vue. Malheureusement, ça se résume difficilement en un paragraphe. Si vous voulez comprendre et pouvoir juger par vous-même, il faut se farcir tout un tas de lecture. Personnellement, à partir du moment où j’ai commencé à m’y intéresser, il m’a fallu un an pour commencer à comprendre, et plusieurs années après, je me rends compte qu’au bout d’un an, j’avais compris les trois quarts de travers. Il faut vous méfier de la conclusion simpliste selon laquelle une forme non-humaine n’ayant pas d’âme, elle ne peut avoir le dessus sur nous et nous pouvons la maîtriser si nous sommes de bonne volonté. Autant chercher à maîtriser la lave après avoir plongé dedans parce qu’elle n’a pas d’âme. Elle n’a pas d’âme, mais il n’est pas besoin d’avoir une âme pour avoir une grande force. Ne réfutez pas la théorie du fétichisme de la marchandise avant de l’avoir étudiée.

       
  • #485486
    Le 6 août 2013 à 16:07 par frédéric
    Entretien avec Francis Cousin

    Je ne pense pas du tout que F. Cousin soit un illuminé qui chercherait à "impressionner". Son travail me semble au contraire extrêmement sincère et dénonciateur justement de toutes les impostures intellectuelles/médiatiques/journalistiques actuelles.

    Sur le style « philosophe », c’est un reproche qui ne tient pas vraiment. On ne va pas reprocher leur style à Hegel, à Spinoza ou à Deleuze. Quand on veut atteindre un certain degré de généralisation, ou au contraire une certaine finesse dans l’analyse, on peut difficilement rester au niveau du style « café du commerce ».

    Quant au fait de savoir qui a « emprunté » à qui, c’est une vaste blague. F. Cousin le dit lui-même : tout a déjà été dit sur tout.
    Le propre d’une pensée, c’est déjà d’être capable d’opérer une synthèse toujours nourrie de tout ce qu’on a lu avant, avec parfois la capacité à créer quelques concepts, tout au plus, ou d’ouvrir, pour les meilleurs philosophes, quelques portes qui n’avaient pas été ouvertes.

    Quand on lit « l’Etre contre l’Avoir », je suis désolé, mais on n’a pas du tout l’impression de lire une resucée de Guy Debord, Marx ou Baudrillard, mais bien une synthèse éminemment personnelle dont on ne sort pas indemne.

     

    Répondre à ce message

    • #486845
      Le Août 2013 à 20:18 par rumba en bois
      Entretien avec Francis Cousin

      Comme le dit la sagesse populaire, il n’y a pas à tortiller du cul pour chier droit. Si on dit que c’est pas clair, c’est qu’il y a une part de vérité, non ? D’où vient ce continuel besoin de nier la critique ? Il y a Le monde des lettrés et celui des bas fonds ignorants, c’est cà ?
      Le compère semble fort intéressant mais il se cache derrière un héritage de phraséologie. Ses propos tiennent parfois plus de la poésie que de l’analyse. Admettons-le sans crier à l’anticousinisme, complexifier ne signifie pas expliquer et ne facilite pas la communication. Et puis on veut du concret, c’est quoi se libérer, c’est quoi vivre son être ? Des exemples SVP, différents de ceux des vendeurs de bonheurs qu’il critique. Et après on discutera du bien fondé du concept.

       
  • #487659
    Le 8 août 2013 à 12:53 par Chiricahua
    Entretien avec Francis Cousin

    Le défaut -terriblement français- de l’intellectualisme jargonnant- à l’oeuvre ici- est, de plus, en contradiction absolue avec les positions de principe de ceux dont il se réclame, Marx et Engels, qui ont toujours brocardé ce style amphigourique destiné à décourager le lecteur en même temps qu’à donner à l’auteur une haute idée de soi et de sa puissance intellectuelle. "Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire", disait Diderot, et vive Alain Soral qui démontre à chaque instant que l’on peut être clair, simple et sacrément profond. "Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement..." etc..

     

    Répondre à ce message

  • #488994
    Le 9 août 2013 à 21:35 par Eric
    Entretien avec Francis Cousin

    Nombre d’adhérents et de sympathisants d’Egalité et Réconciliation sont décontenancés par la pensée de Francis cousin. Il est nécessaire d’avoir atteint un certain niveau de conscience pour l’apprécier à sa juste valeur. Etant donné que je suis un ancien membre du Mouvement Zeitgeist, mouvement altermondialiste qui prône également l’abolition du système monétaire et des Etats, la pensée de Francis cousin ne peut que m’enthousiasmer, même si je ne prône plus l’abolition des Etats : des Etats démocratiques ne seraient plus oppressifs.

    A bas la République ! Vive la Démocratie !

     

    Répondre à ce message

  • #489186
    Le 10 août 2013 à 03:31 par david
    Entretien avec Francis Cousin

    C’est un bon.

    Mais il doit apprendre à parler à des gens simples ! faut une pierre de rosette la !

    Il doit prendre des cours de paraboles !
    Les choses que j’ai le plus comprise sont autour de l’"Histoire", son analyse marxiste faut un peu la simplifier.
    Alors au début le communisme primitif, puis le néolithique et la sédentarisation avec l’agriculture qui amène au surplus et donc soit au stockage ou au fameux ... commerce, puis tout le tralala des puissances.

    C’est vrai qu’a la lecture de l’"évangile ultime" que je suis entrain de faire (évangile épuré des rajouts), l’être dont il parle est flagrant :
    la confiance, la réjouissance, faire fit des hiérarchies, amis/ennemis,
    jet de sel/joug(loi mosaïque), ou Dieu ou Mamon ...
    Ce Yeshua Ben Yossef était un gros gros rebelle.
    puis ce
    « nous annonce prioritairement que la sève de l’essentiel n’est pas de ce monde en ce que la véritable richesse de l’homme se situe hors des appareils étatiques et religieux du Temple de la marchandise. » est une quenelle en direction de Paul.

     

    Répondre à ce message

  • #509013
    Le 31 août 2013 à 10:30 par José
    Entretien avec Francis Cousin

    A tous les fossoyeurs de l’idée libertaire :
    « Virer de bord et Marx par dessus bord ! »
    http://talvera.hautetfort.com/

     

    Répondre à ce message

Afficher les commentaires précédents