Même Manuel Valls (si, si !) s’était ému d’« une provocation inutile » à l’égard des catholiques de France.
Sublime naïade que l’on aurait crue surgie de quelque fabuleux lac arthurien ou d’une septentrionale et enchanteresse mer andersenienne... Inna Shevchenko, autoproclamée « activiste, leader du mouvement des femmes Femen », s’est dite « très honorée de recevoir [le] Grand Prix international de la Laïcité, reçu ce 14 novembre 2017 ». Sa gracieuse plastique l’aurait plutôt portée à concourir pour la couronne de Miss Monde. Mais il est à craindre, en ces lugubres temps torquémadesques de délation phallo-porcine, que ces concours de beauté soient prochainement condamnés comme d’insupportables exhibitions de foire à couler immédiatement par le fond dans les eaux glacées d’un fantasmagorique Moyen Âge.
La belle a donc été honorée par le très maçonnique Comité Laïcité République présidé par l’ancien grand maître du Grand Orient de France (GODF) Patrick Kessel, dans le grand salon de l’hôtel de ville de la capitale (coutumier de ces raouts progressistes et laïcitaires, puisque le Tout-Paris bobo-politico-médiatique et dhimmi y vient rompre le jeûne du ramadan), en présence de la reine-maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, de l’ancien Premier ministre Manuel Valls et de Jean-Pierre Chevènement.
Il n’est pas certain, toutefois, que la récipiendaire soit très connue de la France périphérique, excepté, peut-être, par la grâce de quelques images furtives d’une somptueuse poitrine dénudée subrepticement dérobées par d’indiscrètes caméras de télévision à l’occasion d’un happening d’icelle et de ses hystériques comparses bariolées de slogans antipapistes, à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, conchiant copieusement ce sanctuaire sacré de la foi millénaire de nos pères – au point que le même Manuel Valls (si, si !) s’était ému d’« une provocation inutile » à l’égard des catholiques de France.
Au vrai, notre sylphide à la chevelure platine ceinte de fleurs tressées, débarquée des contrées de la lointaine Ukraine, cœur historique de la première Russie, est « arrivée en France en août 2012 avec un visa touristique, elle obtient l’asile le 9 avril 2013 auprès de l’OFPRA alors qu’elle faisait l’objet d’une enquête criminelle par la police de son pays après avoir tronçonné une croix orthodoxe lors d’une manifestation pour protester contre la condamnation des Pussy Riot pour un concert contre Vladimir Poutine dans une cathédrale orthodoxe de Moscou ».
Son féminisme revendiqué est d’un genre très particulier prenant sa source dans un courant d’idées, le « sextrémisme », inspiré, notamment, de La Femme et le socialisme du marxiste allemand August Bebel (1891). Renouant avec la tradition féministe radicale des années 1970, ces poignées de militantes aux seins nus prétendent libérer les femmes de l’oppression d’un patriarcat fondée principalement sur l’habitus foncier des convenances sociales, elles-mêmes adossées à un corpus de valeurs bien souvent directement modelées par la religion.
Fille de son temps, Shevchenko a su rapidement transformer ce combat d’arrière-garde – caractérisé par cet intellectualisme révolutionnaire de la « libération » en cours dans les groupuscules marxistes d’une époque révolue – en avantageuse entreprise de communication, après avoir impitoyablement écarté ses rivales (en l’occurrence, les cofondatrices des Femen, Sacha Chevtchenko et Oksana Shachko ; lire le récent ouvrage d’Olivier Goujon, Femen, histoire d’une trahison, Max Milo, 2017).
Celle que la République française a implicitement acceptée comme effigie de ses timbres-poste dessert la cause des femmes tout en servant la soupe au féminisme institutionnel, inclusif et libéral, c’est-à-dire celui de la GPA-PMA et du transhumanisme. Tels sont les idéaux promus par la franc-maçonnerie, seule église officiellement reconnue par l’État républicain. Contrairement à ce que disait Péguy, cette République ne peut décidément pas être notre royaume de France...