Il y a quelques jours, dans un blog du Monde, Georges Ugeux a publié un papier qui raconte une sortie de la Grèce de la monnaie unique. Naturellement, cela provoquait une catastrophe et Athènes finissait par rejoindre l’euro. Un délire extrêmement aisé à démonter.
La mauvaise foi au pouvoir
La peur est si souvent la dernière ligne de défense des partisans de la monnaie unique… Il y a deux ans, ils nous racontaient encore que l’euro nous avait protégés. Pourtant, la crise avait été aussi forte des deux côtés de l’Atlantique, démontrant de facto que l’euro ne nous avait pas du tout protégé de cette crise venu des Etats-Unis. En fait, la monnaie unique nous a plus affaiblis qu’autre chose, notamment du fait de sa cherté et de la politique totalement absurde de la BCE.
Georges Ugeux a donc concocté un scénario où la Grèce quitterait la monnaie unique début 2016, provoquant un cataclysme économique et des faillites en chaine. Dans ce cauchemar destiné à faire peur à tous ceux qui pourraient douter de l’intérêt de la monnaie unique, Athènes oublierait les mesures d’accompagnement et finirait par revenir à la raison. A peine deux ans après être revenu à la drachme, la Grèce déciderait alors de rejoindre à nouveau l’euro…
Ce scénario tient du fantasme agité pour éviter tout débat. Je lui conseille de lire les travaux de Jonathan Tepper, qui a étudié la fin de 69 unions monétaires au 20ème siècle et pour qui « dans presque tous les cas, la transition a été douce » et « la sortie est l’outil le plus puissant pour rééquilibrer l’Europe et créer de la croissance ». Ces travaux sont confirmés par ceux d’économistes de Pinceton, Berkley ou de l’université de Berlin. On attend toujours une étude sérieuse disant le contraire…
Et si Papandréou avait fait un autre choix
Début 2010, le PASOK aurait pu faire un autre choix, quitter la monnaie unique, dévaluer la drachme et restructurer la dette du pays. Bien sûr, la restructuration aurait sans doute été violente, mais après tout, c’est la solution qui vient d’être adoptée pour rester dans l’euro. Il est probable qu’en 2010, les perturbations liées à une sortie de la monnaie unique (forte hausse du prix des importations) auraient pesé sur la croissance, mais le pays n’aurait sans doute pas fait pire que dans l’euro.
Encore que l’on pourrait argumenter que la forte baisse de la drachme aurait fortement relancé le tourisme (qui pèse 16% du PIB de la Grèce). Non seulement, plus de touristes auraient sans doute été attirés par les prix nettement plus bas, mais en plus, ceux qui avaient prévu de venir auraient sans doute dépensé davantage du fait du pouvoir d’achat supplémentaire que leur aurait donné la dévaluation de la drachme. Le seul tourisme aurait pu permettre à la Grèce de croître.
Et il est bien évident que l’économie du pays serait fortement repartie en 2011, une fois que les importations auraient été en partie substituées par des productions locales, que les exportations et le tourisme auraient progressé. Quel contraste avec la récession de près de 7% enregistrée l’année dernière ! Mieux, pas besoin de baisser les salaires puisque la dévaluation aurait permis à la Grèce de retrouver sa compétitivité. Et le pays ne serait pas rentré dans une dépression.
D’ailleurs, la meilleure illustration de l’impasse dans laquelle la Grèce s’enferme pour rester dans l’euro sont les prévisions délirantes de la troïka, qui prévoient une croissance de 2,5% en 2014 alors que l’austérité devrait se poursuivre jusqu’à cette année, bloquant toute croissance…