Jusqu’à récemment, j’avais cru, comme beaucoup d’autres, que Jimmy Carter n’était pas un politicien typique. Se démarquant de la vaste bande de pirates et de faux-culs de l’establishment, l’ancien président est souvent apparu comme la seule voix de la raison parmi les élites américaines, dénonçant les injustices de l’armée, les torts du lobby sioniste et la nature autodestructrice de l’oligarchie américaine. Un homme qui parle si franchement ne peut pas être mauvais.
Bien que je pense que Carter avait probablement de bonnes intentions, je pense aussi que l’homme est probablement aussi désemparé aujourd’hui qu’il l’était lorsqu’il était utilisé comme un pantin par les forces désormais identifiées comme l’État profond international qui a pris en main les politiques étrangère et intérieure américaines pendant sa présidence de 1977 à 1981.
Sous le règne de Carter, une organisation issue de l’influence combinée du Council on Foreign Relations et du groupe Bilderberg s’empara de l’Amérique sous le nom de Commission trilatérale et renversa les derniers vestiges des impulsions anti-impériales contenues dans la vision promue par les présidents Franklin Roosevelt et John Kennedy, convertissant les États-Unis en la catastrophe autodestructrice que nous connaissons aujourd’hui.
Étant donné que ces réformes de la Trilatérale couvraient tellement de domaines liés à la politique économique, à la création de l’esclavage par la dette extérieure, au financement du terrorisme et aux énergies vertes, il serait utile de procéder à une brève évaluation de la manière dont cela s’est passé tout en examinant également certains des principaux acteurs qui ont rendu cela possible.
La Commission trilatérale prend le relais
Alors que James Carter est devenu le 39e président des États-Unis en 1977, la Commission trilatérale avait en fait été créée en 1973 sous la présidence de David Rockefeller III, président de la Chase Manhattan Bank, et une coterie de financiers internationaux et d’idéologues à l’esprit impérialiste qui croyaient religieusement dans la doctrine de la gouvernance mondiale, sous une éthique philosophique maître-esclave. L’idée de consolider trois zones de pouvoir globales – l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale et le Japon – au plus fort de la guerre froide, sous une structure de commandement unifiée, a été le motif qui a présidé à la création de ce groupe de réflexion à l’époque.
Zbigniew Brzezinski, figure de proue de la Commission trilatérale, devenu plus tard conseiller de Carter pour la sécurité nationale, a qualifié cet agenda « d’ère technétronique », qu’il a décrite en 1970 comme « l’apparition graduelle d’une société plus contrôlée. Une telle société serait dominée par une élite, sans l’astreinte des valeurs traditionnelles ». Qui ces spécialistes représenteraient-ils ? Dans son ouvrage Between Two Ages, Brzezinski a expliqué très clairement :
L’État-nation, en tant qu’élément fondamental de la vie organisée de l’homme, a cessé d’être la principale force créatrice : les banques internationales et les sociétés multinationales agissent et planifient sur des horizons lointains, en avance sur les concepts politiques de l’État-nation.
Le sénateur Barry Goldwater a interpellé cette bête étrangère transformant l’Amérique, dans son autobiographie de 1979, With No Apologies, en affirmant que :
La Commission trilatérale est internationale… (et)… est censée être le véhicule de la consolidation multinationale des intérêts commerciaux et bancaires en prenant le contrôle du gouvernement politique des États-Unis. La Commission trilatérale représente un effort habile et coordonné pour s’emparer du contrôle et consolider les quatre centres du pouvoir – politique, monétaire, intellectuel et religieux.
Un autre personnage politique américain qui combattait alors ce virus étranger était le candidat à la présidence, Lyndon LaRouche, qui écrivait prophétiquement, le 4 février 1981, dans son livre The Trilateral Commission’s Rapid End to Democracy :
Le plan est de combiner l’effondrement du système financier des États-Unis, de la plupart de l’Europe occidentale, et d’autres pays pour créer un scénario de « gestion de crise globale » à l’échelle la plus vaste et la plus catastrophique… la crise financière doit être utilisée pour soumettre les États-Unis, entre autres pays, par l’établissement d’une dictature, suite à un décret du FMI.
Sous la direction de Brzezinski, un tiers des membres de la Commission trilatérale ont été nommés à des postes de haut rang dans le cabinet Carter. Les membres notables qui méritent d’être mentionnés sont Walter Mondale vice-président, Harold Brown secrétaire à la Défense, Cyrus Vance secrétaire d’État, Michael Blumenthal secrétaire au Trésor, James Schlesinger tsar de l’énergie, Paul Volcker président de la FED. Juste pour évoquer le pedigree britannique de ce groupe, Brzezinski et Blumenthal n’étaient pas seulement membres du Bilderberg, mais faisaient aussi partie des neuf directeurs du projet Council on Foreign Relations (CFR) des années 1980. Le CFR est le groupe Cecil Rhodes / Round Table qui s’est établi en Amérique en 1921 pour faire avancer le mandat de Rhodes visant à reconquérir l’Amérique en tant que colonie perdue et à rétablir un nouvel empire britannique.
La crise de la démocratie
En 1975, l’assistant de Brzezinski, Samuel P. Huntington, a écrit un livre intitulé Crisis of Democracy dans le cadre du projet des années 1980 du Council on Foreign Relations, qui a publié 33 ouvrages provenant de dix groupes de travail chargés d’inaugurer l’ère Technétronic. Huntington avait déclaré :
Nous avons fini par reconnaître qu’il existe des limites potentiellement souhaitables à la croissance économique. Il existe également des limites potentiellement souhaitables à l’extension indéfinie de la démocratie … Un gouvernement qui manque d’autorité aura peu de capacité à imposer à son peuple les sacrifices qui seront nécessaires.
Huntington et Brzezinski ont mené une réforme des affaires étrangères qui a commencé à financer des écoles islamiques radicales et des mouvements politiques à partir du renversement du Shah d’Iran par l’USAID et de l’installation de l’ayatollah Khomeiny en 1979. Le financement américain accordé à Al-Qaïda et aux Moudjahidines était prodigué pour la raison pragmatique de contrer les Soviétiques en Afghanistan, mais la vraie raison était de justifier une thèse du « choc des civilisations » que Huntington a publiée plus tard avec l’hypothèse que les grandes religions ne pourraient pas avoir la paix sans la création d’un Leviathan global pour imposer l’ordre d’en haut. C’était un cas évident du mythe de Pygmalion poussé à l’extrême.
Il convient de noter ici que le Shah, ainsi que de nombreux dirigeants du mouvement des non-alignés, se sont alors engagés dans une lutte majeure pour se libérer de la structure néocoloniale de l’esclavage par la dette, sous contrôle anglo-américain, en utilisant leurs pouvoirs souverains inaliénables pour annuler les dettes impayables tout en libérant des investissements dans le progrès scientifique et technologique sur le « modèle japonais » de l’après-guerre. Le succès exceptionnel du passage du Japon féodal, après la Seconde Guerre mondiale, à une économie scientifique et industrielle avancée a rendu son adhésion à la Commission trilatérale d’autant plus importante dans l’esprit des nouveaux dieux olympiens qui craignaient que d’autres pays en développement ne s’en inspirent.
La désintégration contrôlée de l’Occident
Deux mois après avoir été nommé président de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker a donné une conférence à l’Université Warwick de Londres, proclamant qu’une « désintégration contrôlée de l’économie mondiale est un objectif légitime pour les années 1980 ».
Volcker a géré cette désintégration contrôlée en relevant les taux d’intérêt de 20 à 21,5 % à partir de 1979 et les y laissant jusqu’en 1982, tout en augmentant les réserves obligatoires des banques commerciales. L’effet a paralysé à jamais l’économie américaine avec une effondrement considérable de la production agricole, de 45,5 % pour les machines-outils, de 44,3 % pour la production automobile et de 49,4 % pour la production d’acier. Au cours de cette période traumatisante, les petites et moyennes entreprises ont été intentionnellement mises en faillite dans tous les secteurs des économies nord-américaine et européenne, laissant uniquement les sociétés multinationales en mesure de payer ces taux d’intérêt. Le programme de Volcker a ouvert la voie à la loi fiscale Kemp-Roth Tax Act de 1981, qui a permis l’essor de la spéculation immobilière, et à la loi de 1982 Garn- St. Germaine Act, qui a déréglementé les banques américaines et favorisé la création de banques universelles trop-grosse-pour-faire faillite.
Au cours de la même période, les débiteurs du tiers monde devant payer plus de 20 % d’intérêts ont vu leur dette grimper de 40 à 70 %. Les dirigeants qui ont résisté à ce programme, tels que Zulfikar Ali Bhutto, pakistanais, Indira Gandhi, indienne, Thomas Sankara, du Burkina Faso et Lopez Portillo, du Mexique, ont été systématiquement tués ou renversés.
Lorsqu’il est devenu évident qu’un nouveau président, Ronald Reagan, n’était pas favorable à l’ordre du jour de la Commission trilatérale / CFR, qui avait demandé des réunions bilatérales avec Gandhi et Portillo, au Mexique, en 1981 afin d’aider leurs politiques de croissance industrielle et menaçant de renvoyer Volcker, l’élimination de Reagan a été rapidement orchestrée. Après que George Bush, membre de CFR / Commission trilatérale, a été nommé vice-président de Reagan (entraînant l’éviction du sénateur Paul Laxalt, ami de Reagan, lors d’un scandale médiatique monté par Rockefeller), John Hinckley – un cinglé manipulé par la CIA dans le cadre du projet MK Ultra, très lié à la famille Bush, a été utilisé pour mener à bien la tentative d’assassinat de Reagan le 30 mars 1981.
Reagan ne s’est jamais remis de cet événement, et la star bien intentionnée mais très malléable d’Hollywood a été de plus en plus façonnée par les agents de la Commission trilatérale / CFR, en dépit de sa tendance à se laisser influencer par des personnalités d’État pro-nation, influence illustrée par son adhésion au Joint US-Soviet plan for the Strategic Defense Initiative en 1983, transformé plus tard en une doctrine unilatérale par Bush père.
Dépeuplement vert
Il ne faut pas ignorer que la transformation de l’économie américaine d’un modèle ouvert à croissance pro-industrielle en un modèle malthusien fermé était également une initiative des forces contrôlant la Commission trilatérale.
En 1974, David Rockefeller III a prononcé le discours suivant lors de la Conférence mondiale sur la population organisée par le club de Rome et les Nations unies à Bucarest :
Il est nécessaire de réviser le concept de croissance économique. Ces dernières années en particulier, nous avons pris conscience des limites de la croissance. L’épuisement des ressources, la pollution et la crise énergétique ont clairement montré tout cela. Le caractère et le but de la croissance doivent changer.
L’agenda d’une « société post-industrielle » fondée sur une révolution des infrastructures vertes a été défini dans le rapport Global 2000 du 24 juillet 1980 qui appelait à l’économie d’énergie, au contrôle de la population et à l’environnementalisme comme fondement de la nouvelle économie. Plus tard cette année-là, le World Wildlife Fund (WWF) publiait Global Conservation Strategy, parallèlement à la thèse de Global 2000. Le WWF était dirigé par les princes Philip et Bernhardt et ses vice-présidents sous l’administration Carter comprenaient Louis Mortimer Bloomfield, dont le bureau Permindex a été découvert en train de coordonner l’assassinat de JFK, et Maurice Strong, membre de la Commission trilatérale, qui appelait à la destruction de la civilisation industrielle dans une interview de 1990.
Ce n’est pas juste une leçon d’histoire
Ce que vous venez de lire peut sembler, superficiellement, être un rapport historique, mais c’est beaucoup plus que cela. C’est un rapport sur le futur.
Il s’agit d’un rapport sur le futur puisque votre avenir est façonné par des forces historiques que vous devez comprendre si vous voulez pouvoir choisir d’influencer votre réalité en fonction de ces trajectoires historiques, et que celle-ci soit réellement en harmonie avec les véritables intérêts de l’humanité.
Les forces du progrès et de l’anticolonialisme que la Commission trilatérale cherchait à étouffer il y a 40 ans ont été ravivées sous la direction renouvelée de la Russie, de la Chine et d’un nombre croissant de pays qui souhaitent avoir un avenir. De plus en plus, les forces nationalistes – aussi confuses qu’elles soient – sont apparues comme un mouvement antitechnocratique en Amérique du Nord et en Europe, offrant aux nations qui étaient autrefois considérées comme condamnées par le Nouvel Ordre Mondial, une occasion de faire renaître leur héritage.
La seule chose qui empêche les pays occidentaux de rejoindre l’initiative chinoise des Nouvelles routes de la soie, de réorganiser le système financier en faillite et de libérer du crédit productif pour redonner vie à l’économie réelle est premièrement un manque de compréhension de l’histoire ; et deuxièmement un sens confus de la véritable nature de l’humanité, en tant qu’espèce au-dessus des autres dans l’écosystème, capable de perfection permanente et de découverte créative.
Tout ce qui nierait ce concept d’humanité et de lois naturelles, tel que le Green New Deal, devrait être traité comme le rêve toxique néfaste des Volcker, Rockefeller, Brzezinski et autres zombies de la Commission trilatérale qui ont encore un long chemin à parcourir avant de se qualifier en tant qu’êtres humains.