L’émission « Les Maternelles », diffusée sur le service public (France 5), s’est longuement arrêté vendredi sur le programme anti-sexisme que souhaite lancer le gouvernement dans les écoles. L’occasion de revenir sur un traitement médiatique bourré de stéréotypes et d’un parti-pris très très limite.
Jeudi dernier, la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, annonçait le lancement d’un programme « anti-sexisme » à la maternelle pour lutter contre les stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge. Le même jour, le magazine de France 5, Les Maternelles, reprenait le thème en proposant une émission intitulée « Peut-on éviter les clichés sexistes ? »…
Les parti pris « journalistiques » ne laissaient alors guère de doute sur l’opinion des animateurs, ni de place à un véritable débat : le choix des mères invitées à témoigner, de l’experte interrogée (une sexologue plutôt qu’un pédopsychiatre) et du documentaire retenu (le programme « Filles et garçons : cassons les clichés ! » dans les écoles primaires), tout contribuait à donner l’image d’un pays rongé par une éducation sexiste d’un autre temps, face auxquels quelques mères courages, épaulées par des journalistes « avant-garde sociétale du peuple », se battaient au quotidien.
Or, pour qui connaît un peu le fonctionnement des structures d’accueil collectives, notamment, il est évident que la France n’offre pas à ses enfants de messages machistes (des malles remplies de foulards, sacs à main, bracelets sont laissés à la disposition de TOUS les enfants, les coins cuisines et ménage sont occupés aussi bien par les petits garçons que par les petites filles et jamais aucun parent ni référent ne s’en émeut).
« J’ai offert un poupon à mon fils à la naissance de mon second », déclarait en substance, et très fièrement, l’une des mamans sur le plateau. Là encore, pas de quoi se sentir investi d’une quête contre le sexisme environnant puisque offrir un poupon à la naissance d’un petit frère ou sœur est conseillé par tous les ouvrages sur le sujet ainsi que par le corps médical à la maternité, et est devenu une banalité.
Après les « témoignages », un documentaire était diffusé sur une opération lancée dans les écoles par la Fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement (« Filles et garçons : cassons les clichés ! »).
L’occasion de passer carrément de l’idéologie au déni de réalité. On pouvait ainsi voir une « formatrice » expliquer aux enfants qu’un cliché « c’est quand on croit quelque chose qui n’est pas vrai » et rétorquer à une petite fille qui lui indiquait que chez elle c’est sa « maman qui donne le biberon et pas son papa » qu’il s’agit là, d’un cliché. Or, ce n’était manifestement pas un cliché pour cette petite fille puisque chez elle, qu’on le déplore ou pas, c’est bien sa maman qui donne le biberon.
Faire comprendre aux petites filles qu’elles peuvent être garagistes et aux petits garçons qu’ils peuvent être danseurs étoiles s’ils le souhaitent est une chose ; nier le réel tel qu’ils le vivent en est une autre.
Un propos d’autant plus regrettable que les habitués des Maternelles savent que le magazine a, à maintes occasions, donné la parole à des spécialistes pédopsychiatres qui soulignaient, à l’inverse, l’importance pour les enfants de pouvoir se construire sur des modèles homme et femme bien distincts.
Une émission d’ailleurs conclue par une intervenante, manifestement égarée sur ce plateau, et qui déclara timidement : « Je dois être un dinosaure, parce que moi je tiens à la répartition classique des genres. » Presque un gros-mot, prononcé en s’excusant…