Le résumé de l’histoire, le pitch, comme on dit de nos jours, est d’une simplicité glaciale : un journaliste, après une longue enquête, publie une série d’articles fracassants. Il dénonce un authentique scandale : la compromission des services de renseignement de son pays avec des narco-trafiquants.
Cette publication fait sensation. Mais bientôt, le journaliste est accusé par les plus grands médias d’avoir pris des libertés avec la vérité. Un vrai lynchage ! Sa rédaction en chef qui l’avait d’abord soutenu avec enthousiasme le lâche peu à peu. Contraint à la démission, il sombre. Et il finit par se donner la mort. Pourtant, on le sait aujourd’hui, ce journaliste n’avait rien inventé.
Telle est donc la trame d’un film américain récent, Secret d’état. Mais il ne s’agit pas d’une fiction. Le journaliste, Gary Webb, a réellement existé et il s’est vraiment suicidé en 2004.
Si Monsieur X a décidé de me raconter cette histoire, c’est qu’elle jette une lumière crue sur le fonctionnement de la plus grande démocratie du monde, comme on a l’habitude de dire…
Pourquoi la minutieuse enquête de Gary Webb n’a-t-elle pas provoqué un véritable séisme aux États-Unis. Alors même que le journaliste mettait en évidence que les activités criminelles de la CIA étaient directement responsables de l’épidémie de drogue qui avait submergé la côte ouest dans les années 80 et surtout sévi dans la population afro-américaine. Et si la grande presse n’avait pas suivi et avait même fini par pilonner le travail du journaliste, était-ce seulement parce qu’au même moment il n’était question que des exploits sexuels de Bill Clinton avec une stagiaire de la Maison Blanche ? Un rideau de fumée ou la volonté d’étouffer à tout prix un scandale dévastateur ?