Organisée par le « Comité du 9 mai », s’est déroulée à Paris ce 6 mai 2023 – comme chaque année depuis 1995 – une marche en mémoire de Sébastien Deyzieux mort en 1994 à l’âge de 22 ans après avoir glissé d’un toit du 6e arrondissement de Paris. Il tentait d’échapper à la police alors qu’il participait à une manifestation « contre l’impérialisme américain » qui avait été interdite par la préfecture.
Bien que l’on puisse tiquer sur les goûts vestimentaires des manifestants ou trouver à redire sur le manque d’inclusivité ou de diversité du cortège, force est de constater qu’il n’y eut aucun débordement et que le service d’ordre fut aussi poli qu’efficace (quel antifa ou autre gauchiste aurait osé mal s’adresser aux masses testostéronées qui assuraient la sécurité ?).
Cela n’empêcha pas le ministre de l’intérieur de profiter de l’occasion pour demander aux préfets l’interdiction de toute demande de manifestation d’ultradroite (terme vague permettant d’y inclure probablement de plus en plus de monde, du néo-nazi à l’antivax). Rappelons que dans notre pays « démocratique », le principe n’est pas l’autorisation mais la déclaration. Nous aurions dès lors à faire avec une énième – et une des dernières – restriction de la liberté d’expression en France.
"Vous avez raison, ce qui s'est passé dans les rues de Paris pour cette manifestation est évidemment inacceptable", déclare @GDarmanin. Le ministre de l'intérieur explique avoir donné comme instruction aux préfets d'interdire toute manifestation d'extrême droite.#DirectAN #QAG pic.twitter.com/YtQtplgP1C
— LCP (@LCP) May 9, 2023
Pourtant la manifestation, dument déclarée, n’avait pas été interdite. Mieux, le tribunal administratif avait suspendu l’arrêté préféctoral d’interdiction. Parfois, la justice fonctionne, c’est admirable.
En France, une manifestation ne peut être interdite qu’en cas de risque avéré de troubles à l’ordre public.
En janvier dernier, l’arrêté interdisant une manifestation de l’ultra droite à Paris avait été suspendu par le juge administratif. pic.twitter.com/GFu1B1ZFfG— Préfecture de Police (@prefpolice) May 8, 2023
Invité de Franceinfo, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez « assume évidemment totalement » la décision de ne pas interdire ce cortège. « Pour interdire une manifestation déclarée, il faut que je sois en capacité de justifier qu’elle risque d’entraîner des troubles à l’ordre public ». Or, « les précédentes marches similaires s’étaient déroulées sans incident ». Laurent Nuñez assure cependant qu’il a déjà « saisi l’autorité judiciaire pour les individus qui avaient le visage dissimulé », ce qui est interdit par la loi.
La préfecture de Police de Paris a estimé le nombre de participants à 550, quand le Comité du 9 mai en revendique 700, contre plus de 400 en 2022. Le préfet de police de Paris précisant qu’il s’agissait « de militants qui sont probablement venus de toute la France ».
Quand le pouvoir a verbalisé ou suspendus les anti-vaccins, je n’ai rien dit, j’avais un faux pass.
Quand il a dissous des associations nationalistes, je n’ai rien dit, je n’en étais pas membre.
Quand le pouvoir a enfermé un pauvre bougre en légitime défense agressé par un antifa fragile puis mort, je n’ai rien dit, les antifas ne m’agressaient pas.
Quand il a poursuivi l’ultradroite, je n’ai rien dit, je n’étais pas d’ultradroite.
Quand le pouvoir est venu me chercher, il ne restait plus personne pour protester.