DON
Il y avait la beauté de ce visage qui me scrutait, une beauté éprouvante. Et puis, au centre, ses yeux grands et magnifiques de noblesse, ses yeux merveilleux de forme, mais froids, glacés. Comme un blizzard en Toscane. Un visage à butiner des yeux, avec un lac gelé de nectar au milieu, comme un abîme qui puise et aspire la lumière pour s’en repaître avidement, sans paraître, sans que cille d’un iota l’agencement de la beauté, comme une corolle parfaitement élégante que rien ne ferait tressaillir.
Il est des insectes mellifères qui parviennent à lire cette immensité sombre et qui en perçoivent la souffrance cachée derrière les lances fichées des souffrances subies. Ce sont des êtres nés de l’azur qui, sans savoir pourquoi, se meuvent dans un élément qui traverse toute réalité, toute matière, et qui peuvent presque à volonté surgir dans le quotidien en donnant toujours l’impression d’atterrir à ses prisonniers, de venir d’ailleurs, de percer la cellule de leur convention sociale, pour nous électriser le regard, afin de le relier à la profondeur de ce que nous regardons, de nous décoller de sa surface. Parfois en s’arrêtant là où d’habitude on passe, et, dans cette pause, nous faire subtilement pivoter et nous montrer dans une suggestion légère, vaporeuse, la beauté exquise que notre empressement négligeait, tout ce que les formateurs arachnéens de notre cécité nous cachaient, nous volaient.
Alors, de rares fois, au coin des grands cénotes de ses yeux de banquise, une larme se forme et glisse le long de la paupière inférieure, s’arrête au bord comme en équilibre instable, perle et grossit, puis déferle le long de sa soyeuse joue comme un wasserfall échevelé.
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