Deux manifestants qui étaient à Sainte-Soline samedi 25 mars 2023 sont entre la vie et la mort. Face aux milliers d’écolos et d’agriculteurs qui refusent l’établissement de mégabassines, Darmanin avait dépêché 3 200 policiers et gendarmes. Selon France 24, parmi les 10 000 manifestants – 30 000 selon les organisateurs – se trouvaient un millier de militants radicaux.
Ces « radicaux » (il n’est de vraie lutte que radicale), taxés de militants d’extrême gauche et même de « fichés S », sont la bête noire de Gilles-William Goldnadel, qui n’est pourtant pas très qualifié pour parler d’écologie. Lui, ce qui l’intéresse, c’est d’abattre le danger populiste de gauche. Il ne montre aucune pitié pour les blessés :
« Quand on voit la tête des blessés en question, qui sont fichés S, de l’ultragauche, et qui utilisent des cocktails Molotov, comme je dis mon stock compassionnel est trop limité pour les plaindre. »
Gilles-William Goldnadel : « Quand on voit les blessés en question, fichés S, de l’ultragauche et qui utilisent des cocktails molotov, mon stock compassionnel est trop limité pour les plaindre » dans #HDPros2 pic.twitter.com/ZdUWIfwP5q
— CNEWS (@CNEWS) March 27, 2023
Son « stock compassionnel » s’arrête à sa communauté ? Rien d’étonnant pour ceux qui lisent Causeur, le journal de l’extrême droite netanyahiste, où Goldnadel a son rond de serviette : dans un article intitulé « La gauche totalitaire », on apprend que les « manifestations n’ont presque rien à voir, désormais, avec la réforme des retraites : elles ne sont plus que des actions contre – émaillées d’une brutalité de “fachos” ». Joli retournement !
À voir, depuis maintenant plusieurs jours et presque chaque soir, les images apocalyptiques des rues de Paris, où, entre deux monceaux d’ordures, des militants radicalisés agressent des policiers cependant que leurs amis casseurs s’en prennent gratuitement au mobilier urbain, on se dit qu’il est loin le temps de la Manif pour tous, où près d’un million de personnes défilaient pacifiquement dans la capitale pour faire entendre leurs voix à un président dur d’oreille. L’opposition qui a l’esprit démocratique, celle qui n’est pas totalitaire, celle qui réfléchit parce qu’elle a lu des livres, et qui se veut force de propositions, est devenue marginale : elle a été remplacée par cet extrémisme de comptoir que l’on retrouve d’habitude aux marges, porté par des individus violents à la pensée violente, qui, par frustration d’enfant gâté à qui l’on n’a jamais rien refusé, ne rêvent que de la dictature du parti unique. Loin de vouloir débattre et discuter – ignorants –, ils préfèrent tout détruire pour tout obtenir.
Ah, les éboueurs, ces « enfants gâtés »... Oublié, le travail, oubliés, les salaires, oubliée, la retraite repoussée de deux ans après 42 ans de labeur, oublié, le social !
Dans la même veine, l’activiste de droite dure Lydia Guirous, adoubée par Goldnadel, veut nous faire croire que Mélenchon, cet « ennemi de la République », cherche à « faire péter la République » – et Macron, il fout quoi en ce moment ? – en lançant ses troupes d’assaut contre elle, alors que l’ex-sénateur a fait voter Macron par deux fois, de manière directe puis indirecte. On est loin de Gracchus Babeuf [1] !
Pour ce qui concerne le mobilier urbain, que Causeur se rassure : à Paris, tout le monde, touristes compris, le trouve moche, à l’image de ces pissotières pour exhibitionnistes. Et chez Causeur, on n’est pas les derniers à taper sur Hidalgo et sa politique culturelle !
Quant à Mélenchon, c’est un faux danger : le danger pour notre République, ce sont bien les lois d’exception votées par la Macronie, c’est-à-dire la Banque, depuis 6 ans.
La chronique de Lydia Guirous sur Sud Radio (retirée prestement de Twitter)
Guirous : Jean-Luc Mélenchon le bourgeois boomer qui ne craint rien, même pas de faire péter la République, Jean-Luc Mélenchon qui déclare d’ailleurs « la République c’est moi », et qui est devenu au fil des mois un véritable ennemi de la République, cet ancien trotskiste qui est devenu le zadiste en col Mao immaculé, bien sûr, de nos institutions, un chef de clan entouré d’une jeune garde de petits bourgeois prêts à en découdre avec la France, avec la Ve République, un jeu malsain, une attitude malsaine, un cynisme qui me donne la nausée, et cette politique politicienne froide, de mépris de l’intelligence du peuple, de cynisme pur, ne fait que le jeu du Rassemblement national et détruit petit à petit notre pacte républicain.
Patrick : Oui, mais, Lydia Guirous, il fait de la politique, Jean-Luc Mélenchon, c’est un républicain d’extrême gauche.
Guirous : Alors tout dépend de ce que l’on qualifie de républicain. Le concernant, permettez-moi, Patrick, d’avoir quelques doutes ; d‘ailleurs comment qualifier une personne de républicaine quand elle défile avec les islamistes et notamment le CCIF ? Comment peut-on être qualifié de républicain quand on ne condamne pas les agressions et saccages de permanences d’élus sans « oui mais », et comment être qualifié de républicain quand on affirme que « la police tue », et qu’ils doivent, je cite Jean-Luc Mélenchon, « se faire soigner » ?
Patrick : Alors vous estimez que le tribun Jean-Luc Mélenchon a quitté la République pour la révolution et l’anarchie ?
Guirous : Eh oui, dès 2012, dans une vidéo que vous pouvez retrouver notamment sur YouTube, Jean-Luc Mélenchon explique que le préalable à l’hégémonie politique c’est la transformation d’un peuple en colère, d’un peuple révolté en peuple révolutionnaire, car c’est seulement à cette condition, pense-t-il, qu’il pourra accéder à sa victoire politique, et là aussi il se trompe, Jean-Luc Mélenchon, car il n’en tirera que de l’indignité, les Français n’aiment pas ce désordre qu’il tente d’exploiter politiquement, Sainte-Soline ou les retraites ou même peut-être le poids d’une barre de chocolat. Qu’importe le sujet, Jean-Luc Mélenchon et ses troupes sont là pour souffler sur les braises, créer du conflit, créer du chaos, l’objectif est seulement de pouvoir générer de la violence pour atteindre ce chaos dont il souhaite profiter. Alors attention, cynisme, instrumentalisation de la colère d’une partie des Français à des fins politiques, Mélenchon n’est plus un républicain mais un ennemi de la République, un serviteur de son ego, de son ambition, un soldat de son narcissisme.
Remarque : si on remplace « Mélenchon » par « Macron » dans cette diatribe, ça marche encore mieux.
Goldnadel et Guirous désignent donc le faux danger mélenchoniste (qui serait lié à l’islamisme et à l’antisionisme), qui cache la peur réelle d’une gauche sociale pour le pouvoir profond, pouvoir dont ils sont les défenseurs acharnés.