La courte séquence climatique de ces dernières décennies a vu la température mondiale monter quelque peu, à partir de la fin des années 1970, et ce, jusqu’à la fin des années 1990. Depuis, la variation à la hausse est faible. De telles embellies thermiques ont par le passé été appelées optimums. Le climat y est plus favorable aux sociétés humaines et la Nature s’en accommode fort bien. C’est d’ailleurs à elle que l’on doit le phénomène.
Madame Monique Pinçon-Charlot, sociologue de son état, et monsieur Rudy Reichstadt, qui dénonce les complotistes avec l’argent du contribuable, sont d’accord sur un point : le réchauffement climatique est évidemment anthropique et catastrophique. Rudy s’en tient à ce qui est officiel, il est là pour ça : il suffit d’écouter le GIEC, en somme ; Monique, elle, va plus loin : le réchauffement n’est pas simplement dû à l’Homme, mais à certains hommes, car il y a une intentionnalité. Pour Monique, le réchauffement est le résultat d’une guerre de classes, et plus précisément de celle déclarée par la caste au pouvoir contre tous les autres, qui ne sont pas au courant.
Deux points de vue à côté de la plaque, qui ne vous laissent comme alternative que de croire à la réalité du réchauffement anthropique, ou d’y croire quand même.
« L’objectif conscient et déterminé [des capitalistes, dont le grand chef est à l’Élysée en ce qui concerne la France,] de cette classe, de cette caste, de cette mafia, de ces criminels en col blanc – on ne peut pas les appeler autrement – c’est bien d’exterminer la moitié la plus pauvre de l’humanité, avec l’arme terrible qu’est le dérèglement climatique. […] C’est un holocauste climatique. »
Cette citation semble tout droit sortie d’une vidéo YouTube d’Alain Soral ou de Dieudonné M’Bala M’Bala, deux figures tristement célèbres de la complosphère française. Il n’en est pourtant rien. Ces propos sont ceux d’une sociologue à la retraite, ancienne directrice de recherche au CNRS et chevalier de la Légion d’honneur : Monique Pinçon-Charlot. Se pourrait-il dès lors que l’idée d’un « holocauste climatique » orchestré par « l’oligarchie mondiale » ne soit pas une théorie du complot de comptoir, comme il en existe tant en circulation sur Internet, mais une thèse scientifiquement étayée ? Après tout, Monique Pinçon-Charlot est une spécialiste reconnue de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie françaises – les membres de « cette mafia » qu’elle accuse d’intentions génocidaires.
[…]
L’idée défendue par la sociologue dans plusieurs interviews est que le dérèglement climatique ne serait pas la conséquence involontaire de l’industrialisation de nos sociétés, mais une « arme terrible » développée par les « dominants » – quelques milliers d’ultra-riches dans le monde – en vue de gagner la « guerre de classe » qui les oppose aux « dominés », à savoir le restant de la population humaine. L’objectif secret poursuivi par les premiers serait « d’exterminer la moitié la plus pauvre de l’humanité » au moyen des effets catastrophiques induits par le dérèglement climatique : tempêtes, montée des eaux, mais aussi apparition de nouvelles maladies, telle que la Covid-19 (un « test » pour s’assurer « de la capacité de courber l’échine, de la servitude volontaire » des populations). Les médias seraient bien entendu complices de l’« holocauste climatique » en cours.
La question demeure de savoir ce que les ultra-riches auraient à gagner de ce « crime contre l’humanité ». Selon Monique Pinçon-Charlot, le développement de l’intelligence artificielle et de la robotisation de nombreuses tâches permettrait aux « capitalistes » de se passer d’une part importante de leur main d’œuvre. Toute une partie de la population mondiale serait dès lors devenue inutile à leurs yeux. Demeurant « des bouches qui ont faim, des bouches qui ont soif », ces personnes constitueraient une charge pour les « dominants », qui auraient donc décidé de les éliminer.
En dégradant volontairement les conditions de vie sur Terre pour atteindre leur funeste objectif, les « capitalistes » ne courent-ils pas le risque de se mettre eux-mêmes dans une situation délicate ? Ce serait les sous-estimer ! Selon Monique Pinçon-Charlot, en effet, ils ont pensé à tout : « 13 000 milliardaires » auraient déjà fait construire des bunkers et acheté des îles « pour se préserver du dérèglement climatique » […].
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[…] [Cette théorie du complot] lui sert d’outil de mobilisation politique. Cette thèse ne peut en effet que susciter la plus profonde indignation chez celles et ceux qui lui accordent du crédit. Imaginez donc : les « dominants » projetteraient ni plus ni moins d’exterminer la moitié de l’humanité !
C’est sur cette indignation que cherche à capitaliser Monique Pinçon-Charlot. En effet, dans ses interviews, elle appelle à renverser le gouvernement français et le « système » dans son ensemble. Cet appel à la révolution n’a de chance de trouver un écho que si une partie de la population française a le sentiment qu’il en va de sa survie. La thèse de l’« holocauste climatique » vise à mettre en scène cette alternative radicale : se soulever ou mourir.
Instrumentaliser de la sorte la crise climatique et les peurs de nos concitoyens pour servir son propre agenda politique constitue évidemment une stratégie moralement discutable. Mais il ne faut pas oublier que, pour les idéologues radicaux, la fin justifie toujours les moyens. Y compris, bien entendu, le fait de jouer de son statut académique pour propager des thèses anxiogènes absurdes et infondées.
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