Invité malgré lui (ou elle, sinon Schiappa va nous faire un ippon) c’est la nouvelle rubrique d’E&R qui permet d’inviter qui on veut. Les personnalités autorisées à s’exprimer dans les médias correspondent à un camp bien défini, et comme elles refusent de répondre à nos questions, à nos demandes d’invitation à débattre, eh bien on les invite de force. Parfois, il faut trancher le nœud gordien à la manière d’un Alexandre. Aujourdhui, nous recevons Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro et lieutenant d’Éric Zemmour dans la guerre contre le « pouvoir » islamiste [1].
Salut Ivan, comment va ? On va commencer direct avec l’affaire Mila. C’est quoi ton analyse ? Rapidement, hein.
Les propos de Mila, tenus sur les réseaux sociaux, étaient vulgaires (« Votre religion, c’est de la merde. Votre Dieu je lui mets un doigt dans le trou du cul »). Ils répliquaient aux insultes de jeunes musulmans critiquant son orientation sexuelle. Reste que le blasphème n’est plus un délit en France. Or Nicole Belloubet, garde des Sceaux, l’oublie quand elle tweete : « On peut critiquer les religions. Pas inciter à la haine. » La haine, que veut sanctionner la proposition de loi Avia, est le nouveau prétexte pour faire taire.
Sans déconner, ça se voit que tu bosses pas chez E&R ! Nous, on nous attaque du matin au soir pour blasphème contre le pouvoir profond ou le lobby sioniste ! Alors quand tu dis que « le blasphème n’est plus un délit en France », t’évacues 50 % du problème ! Les islamistes n’ont pas le droit de menacer Mila, OK, mais nous, qui protège notre liberté d’expression ?
La victimisation, dont abuse l’islamisme quand il se déguise en agneau, est encouragée par Macron. La semaine dernière, il a dit ne pas regretter d’avoir qualifié la colonisation en Algérie de « crime contre l’humanité ». Surtout, il a annoncé vouloir mener sur cette époque et sur la guerre d’Algérie un « travail mémoriel » qu’il veut calquer sur celui porté par Jacques Chirac en 1995 concernant la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs. Autrement dit : alors que certains musulmans comparent outrageusement leur sort en France à celui des Juifs sous l’Occupation, le président conforte cette odieuse symétrie, dans un relativisme qui banalise la Shoah.
OK, on a compris. Le truc intouchable, c’est la Shoah, c’est ça ? Les souffrances ne se valent pas, il y a une souffrance supérieure, et des souffrances inférieures, d’après toi. Les Palestiniens, c’est de la souffrance inférieure ?
À Jérusalem, le « Go outside ! » (« Sortez ! ») lancé théâtralement par Macron à un agent de sécurité israélien lors de sa visite de l’église Sainte-Anne, sous administration française, a été bien compris des Palestiniens soumis à l’expansionnisme de l’État hébreu. Les banlieues françaises n’ont pu que se réjouir de ce rappel à l’ordre humiliant. Lorsque le chef de l’État, visitant peu après Yad Vashem, l’institut international pour la mémoire de la Shoah, a déclaré : « Nul n’a le droit de convoquer ses morts pour justifier quelque division ou quelque haine contemporaines », il a alimenté également le procès fait par les ennemis d’Israël, accusé d’instrumentaliser la Shoah à des fins politiques, notamment face à l’Iran. Ce jeu est dangereux.
Attends, pas besoin d’être un « ennemi d’Israël » pour savoir que le pouvoir sioniste instrumentalise la Shoah ! Le lobby sioniste s’en sert comme d’un bouclier et d’un marteau, un marteau pour cogner ceux qui entravent son pouvoir, un bouclier dès qu’il est ou se sent attaqué. Tu vois, nous on est pour la liberté d’expression, mais pas que pour le camp sioniste. Liberté d’expression totale pour les uns, sanctions pour les autres, t’as vu où ça nous mène, ton truc ? Les sionistes ultra qui insultent et menacent tout le monde dans les médias mainstream ou sur Twitter, avec des comptes jamais fermés, t’en penses quoi ? C’est pas de la haine, ça ?
Le Président est sincère quand il s’alarme du retour de la haine antijuive en France. Lundi, commémorant à Paris le 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, il a admis l’existence d’un « nouvel antisémitisme » : « Qui ne voit ce mal souterrain progresser, qu’il porte son visage de toujours ou qu’il emprunte les masques nouveaux de la haine islamiste, de l’antisionisme ? » Toutefois, il se garde de dire plus nettement que l’antisémitisme a muté. Il est surtout porté par l’islam suprémaciste, qui trouve dans certaines sourates le droit de tuer les Juifs et les mécréants.
T’as déjà lu le Talmud ? Nous on l’a lu, enfin pas les 6000 pages, mais on a trouvé de quoi alimenter tranquillement la version d’un texte dangereux, raciste et cruel. Dans l’Islam aussi on trouve des propos guerriers, mais on te voit jamais critiquer les agressions israéliennes ou américaines, ce camp du Bien. Pourtant, là, c’est pas que des mots, c’est des morts, et par centaines de milliers ! BHL et Badinter disent que « les mots tuent », mais ce sont les armes israélo-américaines qui tuent ! Tu crois que les Américains bombardent les pays opposés à son impérialisme avec des mots ? L’Islam est visé au premier chef, car il s’oppose au sionisme, voilà tout.
La menace est la première arme de l’islam susceptible. Quand, l’autre jour, un comique maison a chanté sur France Inter : « Jésus est pédé (…) pourquoi l’avoir pas enculé », c’est à la communauté homosexuelle que sont allées ses excuses. Les catholiques ont laissé dire. En revanche, le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, commentant les appels au meurtre dont Mila est la cible, a déclaré : « Elle doit assumer les conséquences de ce qu’elle a dit. » Réflexion désavouée par le président du Conseil, Mohammed Moussaoui. Reste que Zekri est celui qui avait lancé il y a peu : « Je demande à certains hommes politiques qui ont fait leur commerce sur l’islam et les musulmans de fermer leur gueule. » Le plus souvent, c’est hélas ce qu’ils font. De fait, l’islam a imposé son statut d’intouchable par la brutalité. Ce n’est pas le pouvoir actuel, en quête d’un nouvel électorat, qui relèvera la tête.
OK, mettons que l’Islam a un statut d’intouchable, mais alors, comment tu expliques que la Badinter, le Bercoff, le Goldnadel, le Zemmour, la Zineb et toi aussi par la même occasion, vous pouvez taper sur l’Islam sans craindre les fourches non seulement du système médiatico-politique, mais aussi juridique ? Quelle est la vraie religion intouchable, franchement ? Sois honnête, gros !
Voyez Emmanuel Macron : il ne fera rien qui pourrait contrarier la « diversité », qu’il compte solliciter à la présidentielle… Dès à présent, le chef de l’État a assumé son renoncement à faire obstacle à la libanisation de la société... Ces abandons sont des reculs face à l’islam impérieux. Ils s’ajoutent aux effets produits par l’accusation en « islamophobie », qui voit de la haine et du racisme dans le refus de cette idéologie. Il est devenu impensable de caricaturer Mahomet, tandis que tout reste permis pour le Christ.
Et Yahvé ? On peut caricaturer, critiquer ou déconstruire Yahvé ? Pourquoi vous les nationaux-sionistes l’oubliez toujours dans vos démonstrations ? Ivan ? Ouh ouh ? Ivan ?