Selon un journal israélien, l’armée israélienne envisage de fournir des grenades de gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes aux colons juifs en Cisjordanie occupée. Ceux-ci ont été formés pour repousser les possibles manifestations au moment où les Palestiniens chercheront à obtenir la reconnaissance d’un Etat aux Nations Unies le mois prochain.
Selon Haaretz, l’armée israélienne a également préparé une stratégie pour déterminer une « ligne rouge » pour chaque colonie en Cisjordanie, ce qui permettra de déterminer quand les soldats seront autorisés à tirer sur les Palestiniens s’ils franchissent cette ligne.
Interrogée pour confirmer l’information, l’armée a publié une déclaration écrite ce mardi, disant qu’elle était en train de former et d’entraîner des équipes dans les colonies, chargées de répondre « pour faire face à tout possible scénario ».
Le communiqué indique que « la formation de la majorité des équipes de première intervention était achevée » et que les exercices étaient en cours.
L’Autorité palestinienne [de Ramallah] envisage de demander la reconnaissance d’un Etat à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies qui se réunira le mois prochain, une initiative susceptible de renforcer le statut diplomatique des Palestiniens.
Les responsables israéliens craignent qu’à l’occasion du vote, des manifestations aient lieu dans les territoires palestiniens sous occupation.
« Scénario catastrophe »
Chaim Levinson, le journaliste d’Haaretz qui a livré l’information, a déclaré à Al Jazeera : « Une partie de l’entraînement est de former les colons afin qu’ils soient préparés pour le pire scénario, c’est-à-dire que des centaines, voire des milliers de Palestiniens sortent des villes palestiniennes pour protester contre les colonies ».
« Les forces de défense israéliennes [troupes d’occupation] forment les colons, les arment avec des grenades de gaz lacrymogène et assourdissantes », a ajouté Levinson.
L’armée veut s’assurer que toutes les manifestations seront réprimées et elle veut pouvoir compter si nécessaire sur l’assistance de supplétifs dans les colonies.
L’armée a fixé deux lignes virtuelles pour chacune des implantations coloniales situées près d’un village palestinien. La première ligne, si elle est traversée par des manifestants palestiniens, sera protégée avec des gaz lacrymogènes et d’autres moyens pour disperser les foules.
La deuxième ligne est une « ligne rouge », et si celle-ci est franchie, les soldats seront autorisés à tirer sur les manifestants.
Rien qu’en juin 2011, ont été répertoriées 139 attaques de colons juifs contre les habitants palestiniens.
Plus de 300 000 colons israéliens occupent la Cisjordanie et la construction des colonies est un obstacle majeur à la reprise de négociations.
Un rapport publié par l’Autorité palestinienne [de Ramallah] a révélé que la violence des colons a augmenté « considérablement » en juin 2011, rapportant de façon détaillée 139 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie et la destruction de plus de 3600 oliviers et de plusieurs vignobles.
Les bilans annuels réalisés par le groupe israélien des droits de Yesh Din ont montré à maintes reprises que dans neuf cas sur 10, les soit-disant enquêtes policières sur les crimes des colons ne débouchent sur aucune poursuite.