Trois ans après le coup de tonnerre populiste en Italie (2019), qui avait vu la coalition du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue (Lega) ravir le pouvoir aux néolibéraux de Draghi, la Meloni, plus euro-présentable et surtout moins russophile que Salvini, qui a été un temps co-Premier ministre en charge de l’Intérieur (afin de limiter l’immigration massive qui touchait les côtes italiennes), fait revenir Salvini dans son premier gouvernement, mais au poste obscur des Infrastructures, c’est-à-dire rien.
Comme dirait un homme politique célèbre, ses ennemis, mieux vaut les avoir tout près de soi. C’est pourquoi François Hollande avait refilé un maroquin à Arnaud Montebourg, qui le détestait cordialement.
Un avant-goût de Marine 2027 ?
Cependant, Matteo n’a pas tout perdu puisqu’il a été nommé vice-Premier ministre. Pour bien montrer la tendance générale européiste de ce gouvernement prétendument d’extrême droite (selon la presse mainstream française), c’est le très europhile Antonio Tajani qui hérite des Affaires étrangères. C’est à ça qu’on reconnaît la limite du changement.
Le Monde parle de « dédiabolisation » du parti d’extrême droite (ED) Fratelli d’Italia, « exactement un siècle après Mussolini ». Mais la ressemblance s’arrête là, n’en déplaise aux antifascistes de la Pravda française : à part le discours sur l’immigration, comme chez nous celui de Marine Le Pen, l’ED de 2022 n’a rien à voir avec le fascisme de 1922. La marche sur Rome, elle repassera. Un jour, peut-être...
Pour savoir la composition de ce gouvernement d’extrême droite non fasciste (EDNF), donc de droite libérale classique, on s’en remet au Monde, dont les agents euro-otanesques devraient se sentir rassurés : Salvini a un hochet honorifique, mais il a perdu l’Intérieur – qu’il convoitait – au profit d’un haut fonctionnaire, un gars typique du Système.
C’est un technocrate qui prend le portefeuille de l’Intérieur, dans ce gouvernement nationaliste arc-bouté sur les questions de sécurité et d’immigration. Matteo Piantedosi, 59 ans, a fait carrière dans la préfectorale et la haute fonction publique, en grande partie au ministère de l’Intérieur, où il a été chef de cabinet de M. Salvini.
La suite est sans ambiguïté et décevra les partisans français et italiens d’une droite bien nationale et bien sociale :
Eurosceptique elle-même, Mme Meloni a choisi pour diriger la diplomatie un Européen convaincu, l’ex-président du Parlement de Strasbourg Antonio Tajani. Il coche toutes les cases pour rassurer Bruxelles et les capitales européennes : ancien commissaire européen et vice-président du Parti populaire européen (PPE, droite), ce Romain de 69 ans dispose d’un réseau qui se révélera très utile.
Un « réseau qui se révélera très utile » à qui ? Aux Italiens ou à Bruxelles ?
Et la cerise confite sur le panettone, c’est le ministre de l’Économie, qui dit comment rouler l’électorat populiste italien. Là encore, même si c’est mal, on reprend un paragraphe du Monde, mais c’est pour bien montrer la national-traîtrise :
Giancarlo Giorgetti, 55 ans et pareillement pro-européen, a été nommé à l’Économie. Cette figure discrète mais puissante de la Ligue était déjà ministre dans le gouvernement sortant de Mario Draghi, au développement économique. Aux antipodes de Matteo Salvini, il fut jusqu’au bout un fidèle soutien de M. Draghi.
Le type était assis sur deux chaises, et faisait peut-être le lien entre elles...
Voilà pourquoi, après la social-traîtrise de la gauche de gouvernement en France, on peut parler de national-traîtrise de la droite de gouvernement en Italie. Tous les cris et allusions au fascisme mussolinien de nos médias serviles sont donc nuls et non avenus, les agents de la bien-pensance se sont fait peur pour rien, ou alors ils savaient, ce qui en fait des malhonnêtes. Mais on n’est plus à une désinformation près...
Nous, eh bien, on reste campés sur notre ligne nationale et sociale, la seule qui ne trahit pas le peuple. C’est un chemin de crête, certes, mais c’est l’unique salut du peuple de France, et du peuple d’Italie, qui sont pris entre les feux de la social-traîtrise de gauche et de la national-traîtrise de droite.
Le mélonisme est donc juste un lifting (féminin) du draghisme avec une touche de nationalisme honorifique, ce qui ne changera rien à l’orientation générale de l’Italie, prisonnière elle aussi de Bruxelles et de l’OTAN : pro-Ukraine, anti-Poutine, donc mécaniquement entraînable dans une guerre contre la Russie, surtout avec des têtes nucléaires américaines sur son sol (entre 20 et 40 B61 selon les estimations). Ce qui veut dire, en cas de conflit nucléaire, que l’Italie serait rayée de la carte au même titre que la France. Ce n’est pas de la lâcheté, c’est de la realpolitik.
La bombe B61 en Italie par Manlio Dinucci
Meloni, qui avait un discours quasi E&R il y a trois ans, est aujourd’hui, dette italienne oblige, alignée sur les directives de la BCE, cette espèce d’euro-FMI, mieux, de FME. Meloni attend ses 200 milliards de Lagarde & Leyen pour faire redémarrer son pays, et ce gouvernement de national-traîtrise, c’est le prix à payer pour cet argent sale.