L’Allemagne renoue avec ses prétentions hégémoniques et impériales sur l’Europe, comme cela a été périodiquement le cas à travers l’histoire. C’est la seule raison pour laquelle elle ne sort pas de l’euro et qu’elle ne le fera jamais... parce que l’euro, c’est le mark. La question de la monnaie a été le seul point "sine qua non" lors des négociations des traités avec Mitterrand... qui a fini par céder sur le terrain économique pour accomplir le grand rêve européen obsédant de nos chères élites françaises. Les Allemands, eux, ont abordé la construction européenne de manière beaucoup plus prudente et pragmatique, sans effusion, et en se concentrant sur les aspects économiques afin de favoriser leur formidable outil industriel, tandis que la diplomatie française gérait la communication, la politique étrangère (villepinades) et la branlette institutionnelle. Avec le recul on voit à quel point on se l’est fait mettre.
Merkel est aujourd’hui de fait la dirigeante de l’Europe... ceux qui parlent de "couple" franco-allemand n’ont rien compris à mon avis. Cela s’est très bien ressenti d’ailleurs dans la vidéo où Farrage l’interpelle et où il résume les enjeux européens à un dialogue entre l’Angleterre (qui incarne le "marché libre" et la finance) et l’Allemagne (qui incarne l’industrie et le pouvoir bruxellois) ce qui correspond par ailleurs à la conception traditionnelle de la diplomatie anglaise depuis le XIXème siècle. La France, elle, apparaît totalement hors jeu, ridiculisée d’un côté par les dirigeants anglais et traitée de l’autre comme un "pays du club med" par les Allemands, croulant sous la dette et incapable de se "réformer".
L’irritation et la condescendance que les dirigeants allemands affichent de plus en plus ostensiblement à l’égard de leurs homologues français est d’ailleurs très révélatrice.
En schématisant le deal qui a été passé avec les Américains et les Anglais est le suivant : "on vous laisse le monde, l’organisation des affaires internationales, etc., mais vous nous laissez l’Europe". C’est déjà ce que Bismark avait demandé aux Anglais...