L’ancien champion de boxe, qui connaît bien les États-Unis, dénonce ceux qui comparent les situations américaine et française.
À la suite de l’affaire de George Floyd, mort entre les mains de la police à Minneapolis, on entend des voix s’élever comparant la situation aux États-Unis à celle de la France dans certains quartiers. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Marc Mormeck : Les sociétés françaises et américaines sont complètement différentes. Les États-Unis sont un État fédéral et la police dépend directement des villes, ce sont les maires qui décident, et, évidemment, la situation varie d’une ville à l’autre. Mon parcours de boxeur m’a amené à vivre quelques années là-bas. C’est une société plus violente avec la libre circulation des armes, et les rapports entre les populations y sont plus marqués par la discrimination. Certains quartiers sont complètement blancs, noirs ou latinos.
Je ne nie pas les problèmes dans notre pays, les discriminations existent, mais ce n’est pas comparable. Je suis très gêné d’entendre des généralités, en parlant de violences policières. Non, en France, tous les policiers ne sont pas violents ni racistes. Il y a, en effet, des policiers violents. Dans ces cas précis, on peut parler de violences policières, et il faut les dénoncer. On ne peut pas tous les mettre dans le même sac en affirmant qu’ils sont tous violents ou racistes. Certains des amis avec qui j’ai grandi dans mon quartier sont aujourd’hui devenus policiers. Ils sont d’origines diverses, ils connaissent la banlieue et font bien leur travail, même si ce n’est pas toujours facile pour eux.
Comment expliquez-vous l’ampleur de ce mouvement et des manifestations dans les rues de Paris et ailleurs ces derniers jours ?
Ces gens manifestent pour soutenir la famille d’Adama Traoré. Ce jeune homme est mort, mais on ne connaît pas vraiment les faits. La famille assure que trois ou quatre policiers se sont mis sur lui et l’ont étouffé. Il est essentiel, dans ce cas, d’établir la vérité. Mais, dans ces manifestations, certains en profitent pour faire le buzz et attiser les tensions. On se retrouve face à une surenchère de propos choc, pour ainsi être repris et suivis dans les médias ou invités sur les plateaux télé et se faire connaître en avançant des thèses et des théories vides de véritable fond.
Bien sûr, on peut affirmer qu’il y a parfois des dérives policières. Mais il y a aussi des gens de banlieue qui ne se comportent pas bien. Je ne comprends pas pourquoi, par exemple, certains s’en prennent aux pompiers qui viennent éteindre des incendies ou aider la population de ces quartiers ? Pourquoi, à l’inverse, on ne pourrait pas dire que ceux agissant ainsi ne sont pas des gens bien ? Pourquoi, concernant les cités, se retiendrait-on de dénoncer des comportements inacceptables et négatifs ? Il faut faire la part des choses. Bien sûr, il y a des dérives policières. Bien sûr, il y a du racisme et des policiers racistes au même titre que, dans les banlieues, il y a des fouteurs de merde et des gens sans moralité... C’est aussi un problème.
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