Le Menhir accorde aujourd’hui, au lendemain de la mort de Jacques Chirac, son pardon à l’adversaire qui l’a battu, pas vraiment à la loyale, le 7 mai 2002 – et en refusant le débat d’entre deux tours, au mépris des traditions démocratiques et des 5 millions d’électeurs de son adversaire. Le vainqueur promettait alors de « restaurer les valeurs de la République », sur lesquelles il finira par s’asseoir. Les élections se suivent et se ressemblent pour les Français qui croient toujours voter pour le moins pire. Et le pays s’enfonce, s’enfonce...
Mort, même l'ennemi a droit au respect. #JacquesChirac
— Jean-Marie Le Pen (@lepenjm) September 26, 2019
Face à un Le Pen surprise qualifié pour le second tour, Chirac s’opposera au nationalisme français. Sa campagne dès lors sera celle d’un presque socialiste :
Chirac, qui était cramé de chez cramé un an avant l’élection, après un septennat médiocre marqué par le soulèvement social de 1995, notamment à cause d’une politique de surplace complet, resurgira tel un phénix dans le ciel des étoiles éternelles.
En vérité, élu à 82 %, il sera très mal élu ou élu par défaut, et n’aura pas la force de composer un gouvernement d’union nationale, laissant la clique du RPR (re)mettre la main sur tous les fromages de la République. Cinq ans de paumés pour le pays, et la suite ne sera pas de meilleure facture, puisque Chirac léguera ou larguera un certain Sarkozy à la France.
On connaît la suite : arrimage du canot français au cul du paquebot israélo-américain, avec en prime les déjections de fioul sur la gueule, élimination définitive de toute souveraineté par le traîtrissime traité de Lisbonne...
Retour sur le premier tour de l’élection présidentielle de 2002 :
Comment a réagi Jacques Chirac en apprenant qu'il serait face à Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles de 2002 ?
Patrick Stefanini, son ancien directeur de campagne, raconte ⤵ pic.twitter.com/6seRzSmfO0
— BFMTV (@BFMTV) September 27, 2019
En 2014, Le Pen remettra en cause le score de basket de 82 à 18 :
« N’ayant aucun contrôle sur les bureaux de vote (...) il est bien évident que le chiffre réel des votes n’a pas été celui-là. Le trucage se pratique malheureusement en temps ordinaire sous l’œil des différents partis. C’était plutôt de l’ordre 65/35, plutôt que 82/18. »
Vrai ou pas vrai, il restera de l’entre-deux tours d’avril-mai 2002 un avant-goût du totalitarisme actuel, les forces médiatiques mainstream et la « canaille politicienne », pour reprendre l’expression de JMLP, manipulant l’opinion et une jeunesse qui avaient cru à un possible retour du fascisme... Un épisode historique grotesque, gommé heureusement 16 ans plus tard (2002-2018) par la saine révolte des Gilets jaunes, qui ont été plus loin que les grèves de 1995.
Chirac n’est qu’une étape dans l’étrange descente aux enfers – on peut dire aujourd’hui avec le recul et sans risque de se tromper qu’il s’agit d’un programme du pouvoir profond – de la médiocre classe politique française et de ses « grands » représentants. Ce Système qui ne porte au pouvoir que les obligés de la finance, de la banque, des lobbies, des réseaux et du CAC40 est bien pourri, et il a pourri par la tête, comme disait Mao.
La France doit se réveiller de ce long sommeil, et la révolte des Gilets jaunes n’est qu’une première étape dans ce processus. Le réveil complet sera évidemment brutal.
D’hier à aujourd’hui
1958, le général de Gaulle prend le pouvoir et change les institutions de la République. Il met un terme au « régime des partis » et crée un pouvoir présidentiel fort. Ce sera bon pour la France pendant 10 ans, car de Gaulle était à la fois un homme de trempe et un visionnaire. Mais le général ignorait ce que pouvait donner ce pouvoir présidentiel entre les mains d’hommes plus élastiques et à vue de moins en moins haute... 60 ans plus tard, il n’y a plus de régime des partis car il n’y a plus de partis. Ils ont été remplacés par des... lobbies ! Et nous assistons, avec Macron, à une lutte sourde entre le pouvoir présidentiel et le régime des lobbies.